Le ministre iranien de la Culture a engagé, lundi, les écrivains et éditeurs à s’autocensurer pour obtenir l’autorisation de paraître dans la République islamique qui a durci sa politique dans ce domaine. «Vous êtes conscients des règles pour la parution, alors censurez les pages susceptibles de créer un problème», a dit Mohammad Hossein Safar-Harandi lors d’une conférence de presse. Il a expliqué ensuite que les œuvres devaient se conformer aux sensibilités «religieuse, morale et nationale» du régime, en pointant du doigt des interdits comme la description de scènes de sexe ou l’irrévérence envers la religion. Toutes les publications doivent avoir l’accord d’une commission du ministère de la Culture et de la Guidance islamique. Le gouvernement du président ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad a durci cette disposition qui s’appliquait auparavant uniquement aux nouveaux ouvrages, en la rendant obligatoire pour toute réédition d’un ouvrage précédemment autorisé. Le ministre répondait à une plainte écrite de l’Association des éditeurs de Téhéran contre la lenteur et l’arbitraire du processus de contrôle des livres. Ces éditeurs regrettent notamment «l’absence d’une loi identifiant clairement les «lignes rouges» (à ne pas franchir, ndlr), la révocation de permis de publication et la perte des manuscrits soumis à autorisation», a dit l’agence Isna. La lettre a souligné par exemple qu’«un point relevé isolément dans une œuvre et ayant justifié son interdiction, se retrouve abondamment dans une autre qui a été autorisée». De nombreux ouvrages ont été interdits de publication ou de réédition depuis l’élection du président Ahmadinejad en juin 2005, y compris des auteurs iraniens célèbres du 20e siècle comme Sadegh Hedayat, avec «La chouette aveugle».