Culture

Le nom d’un artiste ,El Amine Demnati

Un peintre meurt en 1971 à Skhirat, un autre peintre découvre la joie du dessin et des couleurs la même année à Meknès. Le premier s’appelle Amine Demnati, le second El Amine Demnati. Le mort de Skhirat emporte avec lui le nom d’Amine Demnati comme peintre. Le très vivant natif de Meknès ajoute à son prénom l’article « El » pour se distinguer du mort tout en se définissant comme peintre. En vain : la menace d’un linceul pèsera toujours sur ses tableaux.El Amine Demnati souffrira de la confusion entre son nom et celui du peintre mort à Skhirat. Imaginons un peintre prometteur ou un jeune musicien talentueux. Ils commencent tous deux à exercer leur art tout en s’appelant Pablo Picasso ou Wolfgang-Amadeus Mozart. Qui va les prendre au sérieux ? Il leur faut soit changer de nom, soit de métier. Heureusement pour El Amine Demnati qu’Amine Demnati ne fait pas peser le génie d’un Picasso ou d’un Mozart sur son art. Mais il n’en demeure pas moins que cette coïncidence de noms le portera vers d’autres modes d’expression, et tout particulièrement vers l’architecture. El Amine Demnati est architecte-urbaniste. Il a aménagé plusieurs places en France : la place de Saint Germain en Laye, la place de Mantes La Jolie, la place Casablanca à Bordeaux. Il a aménagé la ville de Moulay Driss Zerhoune. Il a également dessiné les plans de plusieurs bâtiments, dont le siège du Crédit agricole à Rabat. Ses réalisations en tant qu’architecte-urbaniste sont impressionnantes. Il existe une base commune au peintre et à l’architecte : la maîtrise du dessin. Bon nombre des peintures de Demnati portent la marque d’un trait à la pointe libre et sûre. Le dessin précède la peinture, et les couleurs arrivent rarement à effacer les lignes. Demnati est venu peut-être à l’architecture pour fuir la peinture, et sa familiarité avec les crayons se voit dans les tableaux qu’il fera par la suite. Au bout du compte, Amine Demnati n’a porté qu’un préjudice provisoire à El Amine Demnati. Il lui a donné en quelque sorte un métier où il innove encore : l’architecture. Mais il l’a surtout porté à une peinture qui décompose non seulement l’homonymie, mais distingue la facture d’El Amine de celle des autres peintres aussi. Une peinture aux lignes à la fois légères et aiguës. Une peinture reconnaissable par tous. Quelle meilleure preuve d’originalité peut espérer un peintre. Cette originalité enterre à jamais l’imbroglio relatif à l’identité de la peinture d’El Amine Demnati. Que peut espérer de mieux un vivant d’un mort ?

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