Culture

Le public boude le festival du cinéma

© D.R

Mercredi matin à Oujda, Un taxi-driver s’étonne très sincèrement de l’organisation d’un festival de cinéma national dans sa ville. « Oujda est une ville tellement délaissée par ce genre d’activité que l’on se pose des questions sur le mystère de son choix », dit-il. L’intéressé ajoute qu’il n’a jamais vu une telle densité d’artistes, et que les Oujdis sont fiers que leur ville accueille des « stars » marocaines. Quels films marocains a-t-il vu jusque-là ? Aucun ! Et il ne faudrait pas croire que ce sont les contraintes de son métier qui le privent du temps de se rendre dans les salles. La majorité des habitants de la ville fait la sourde oreille à la fête du cinéma national. Et pour preuve, trois personnes seulement ont assisté à la projection de « Cheval de vent » de Daoud Oulad Sayed, mercredi 11 juin pendant la séance de 17 heures, au cinéma Vox. Le film de Mustapha Derkaoui n’a pas fait un meilleur score. Il a attiré deux spectateurs lors de sa projection au cinéma Royal. La tendance est générale, et à l’exception de la salle Le Paris où les films sont montrés pour la première fois, en présence des réalisateurs et comédiens, il n’y a pas un chat dans les autres cinémas participant au festival. Une manifestation culturelle qui attire peu de public échoue dans sa principale mission. Une manifestation culturelle qui n’en attire pas du tout existe seulement pour ceux qui l’organisent ! Les organisateurs de la manifestation ont pourtant décoré la ville d’affiches et de banderoles. Les invités du festival se promènent dans les rues. Les badges qu’ils portent autour du cou ne laissent aucun doute sur leur identité. Les habitants d’Oujda savent donc qu’une grande manifestation de cinéma se tient chez eux. Personne ne peut dire que le public ne se déplace pas dans les salles parce qu’il n’est pas au courant de l’événement. Il doit par conséquent exister d’autres raisons à la désertion des salles. Les prix des billets varient, dans les trois salles, entre 6 et 10 DH. Ils ne sont pas franchement dissuasifs. Mais ils n’encouragent pas pour autant un public pour qui ces tarifs ne sont pas aussi réduits qu’on ne le croit. Et puis, du moment que les organisateurs ne comptent pas sur les recettes des salles pour renflouer les caisses, à quoi bon imposer un prix d’entrée à des spectateurs, vraisemblablement, très peu intéressés par le cinéma national ? Les salles vides surprennent d’autant plus qu’il existe à Oujda une faculté des lettres et une autre de droit. Les étudiants qu’on pourrait croire intéressés, plus que tout autre public, par les films marocains ne se sentent pas concernés par l’événement. Selon toute vraissemblance, aucune action n’a été initiée par les organisateurs pour les attirer dans les salles. Pareil pour le public tout désigné des lycéens, collégiens et écoliers qui n’a pas été non plus sensibilisé à l’événement. C’est parmi ce public de jeunes que l’on cultive pourtant l’amour du cinéma marocain. Pour trouver le public du 7ème festival national du film, il faut le chercher à Dar Sebti où se tiennent les débats. La salle où les réalisateurs et comédiens viennent débattre est très honorablement remplie. Une foule de curieux les attend à la sortie. Les « locaux » sont plus intéressés par les photographies avec les actrices et acteurs que par leurs films. De ce point de vue-là, les photographes de la ville doivent se réjouir de la manne du festival. Chaque matin à Dar Sebti, ils changent plusieurs fois de pellicules pour répondre aux nombreuses demandes relatives aux photographies avec des « stars ». Quant au vrai public du festival, celui qui se rend à la salle Le Paris pour assister aux premières des films en compétition, il est très largement composé de ceux que l’on appelle les « festivaliers ».

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