Culture

«Le regard» de Nourredine Lakhmari

© D.R

ALM : Les cinéphiles qui vous suivent ont l’habitude de vous voir dans des courts-métrages. Mais aujourd’hui, vous vous lancez pour la première fois dans le long-métrage avec le «regard». Comment s’est déroulée cette expérience ?
Noureddine Lakhmari : Cette expérience fut assez spéciale. Au début je croyais que j’étais en train de réaliser un petit film, mais au fur et à mesure du temps j’ai pris l’habitude. La technique du long-métrage nécessite beaucoup d’effort que ce soit matériel ou humains. Dans un court-métrage 3 semaines de tournages suffisent, tandis que le long-métrage demande au minimum 6 semaines. Il faut donc doubler les efforts, sur tous les plans. Aussi, concernant la technique cinématographique, le long-métrage fait appel à une machinerie plus grande et même les plans diffèrent. Mais cette expérience a été très enrichissante pour moi. J’ai trouvé cela très intéressant.
Pour ceux qui aimeraient avoir un avant-goût du film, quel est le fil conducteur du «Le regard» ?
Le film raconte l’histoire d’un Français Albert Tuef qui revient au Maroc 50 ans après la colonisation du Maroc. Il est venu se racheter auprès des Marocains, car il maltraitait à l’époque de la colonisation, les prisonniers marocains. Il avait pendant cette période pris des photos de ces mêmes prisonniers et il ne les a jamais publiés. Après 50 ans, il décide de revenir au Maroc. Il avait des remords et décide de se faire pardonner. Ce film est une métaphore qui fait allusion au phénomène de la rédemption. Ce qui m’a intéressé au fond dans cette histoire c’est de pouvoir dire à tout le monde, qu’il faut demander pardon. Peu importe les erreurs qu’on a pu commettre, il suffit de demander pardon.
Quels sont les personnages principaux du film ?
Côté français, il y a les acteurs Jacques Zabor et Florient Cadiou qui incarnent tous les deux le militaire français qui revient au Maroc. Côté marocain, je peux citer Khalid Benchegra. Celui-ci joue le rôle du prisonnier berbère car pour l’information, le film met en scène trois prisonniers, l’un berbère, un deuxième juif marocain et le dernier un campagnard. Ce même rôle est campé par Abdellah Didane. Enfin, le rôle du prisonnier juif marocain est incarné par Rafik Bikr. Je peux citer aussi d’autres acteurs comme Keltoum Hajjani, ainsi que Driss Roukh.
Comment s’est déroulé le casting du film ?
En ce qui me concerne je n’aime pas effectuer des castings classiques qui consistent en une simple prise de vue des acteurs pressentis. Je suis quelqu’un qui prend le temps de connaître les acteurs. Je dois les rencontrer dans leurs milieux extérieurs, boire un café avec eux, question de mieux les connaître. Aussi, je suis quelqu’un qui donne beaucoup d’importance aux visages des acteurs. Un acteur doit pour moi être photogénique. Mais je peux dire que je suis très content de ce casting. Ce film va prouver que les Marocains ont beaucoup de potentialités. Il faudrait juste que nos réalisateurs marocains sachent les exploiter.
Vous avez tourné votre film au Maroc. Quels sont les difficultés que vous avez affrontées ?
La totalité des séquences du film ont été tournées au Maroc et plus précisément à Safi, ma ville natale. Le tournage s’est déroulé dans de très bonnes conditions. Cependant, il est vrai que j’ai dû affronter beaucoup de difficultés. Ce film devait être prêt au bout d’un an et demi de travail, mais compte tenu de mon accident de circulation en Norvège, j’ai finalement pris trois ans pour réaliser le film. Mais je dois dire que j’ai été beaucoup encouragé ici au Maroc et plus particulièrement de la part du directeur du Centre cinématographique marocain, M. Nourredine Sail et aussi, par le directeur de la TVM, Fayçal Laraichi. C’est un peu grâce à eux que ce film a pu voir le jour.
«Le regard» est une coproduction maroco-norvégienne, quel regard portez-vous sur la coproduction ?
Je pense que le phénomène de la coproduction mérite d’être traité en profondeur. C’est un phénomène complexe. La co-production est bénéfique, mais elle possède ses points négatifs, car le producteur étranger se considère propriétaire du film et que dans certains cas, le réalisateur peut être carrément effacé. En finançant la plus grande partie du film, le producteur devient majoritaire. Le réalisateur devient à la merci des coproducteurs et cela entrave le bon déroulement du film.

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