Il fit un rêve où il se trouva maître
du fil du couteau –
il glissait dessus le premier vers
ce désert où stationnent tes reîtres
son chemin m’éclaboussait
et sa tête geignait – ruineuse
de soi comme des lames marines –
son corps tombait en multiples copeaux
j’étais couché dans le cambouis
mangeur des anciens panicauts
son oeil crevait les chromosomes
qui gigotaient dans ton désert
un peu de sang mon dieu un peu d’urine
nous ne pouvons boire autre chose
si le lait des mères le rend lugubre
donne-lui le ciel qui te sclérose
il n’y avait même plus de larmes
dans la cave de ses désirs
il n’y avait que ce couteau
cette fausse route pour l’occire
chantre charmeur de vieux babouins
ton anneau délicat se rompt
sur les carcans et sur les clous
que ma tête abrupte fêle
je sais l’histoire de l’orphelin
qui but la rivière boueuse –
il germera dans les prisons
et les pierres de tes palais
il marchera sur tes vieilles rides
lorsqu’à travers lui tu verras
l’homme qui glisse sur l’éclair
le rémouleur et le couteau.
Mohammed Khaïr-Eddine