Culture

Le réquisitoire de Boccara

© D.R

«Le plumier» de Henri Michel Boccara est de ces romans qu’on lit d’une seule traite. Le dernier récit de ce médecin, exerçant à quelques mètres de la mythique place Jemaâ El Fna, à Marrakech, est un fragment de la vie mouvementée et tourmentée d’un certain «Idder». Un personnage saisissant et captivant, représentant un jeune homme de ce Maroc d’en-bas, qui aspire à un avenir meilleur, promis là-bas, en Europe.
Connu pour ses écrits pour le théâtre, Henri Michel Boccara n’a pas dérogé, dans «Le plumier», à sa règle : ses héros partagent le même destin et ont presque le même tempérament. «Mes personnages étaient souvent des exilés, des métisses, des personnages déplacés…Toujours d’origine extrêmement modeste», avait-il déclaré lors de cette rencontre-signature, vendredi dernier, au Carrefour des Livres, à Casablanca. Devant un parterre d’amateurs de ces romans écrits scalpel à la main, l’auteur a parlé, en long et en large, de ses rapports avec la langue de Molière : «À la maison, à Tunis où j’ai grandi, on parlait trois langues : le Français, l’Arabe et l’Italien». Une diversité culturelle qui renforce ses livres et ses pièces théâtrales.
«Itinerrances» (1994), «L’ombre et autres balivernes» (1994), «Traversées» (1996), «Pièces claires » (1998), «Pièces fauves» (1998) et «La corde d’Anamer» (1999) sont ses principaux ouvrages. Son dernier roman, «Un détour», est apparu en 2002. Trois années plus tard, Henri Michel Boccara revient sur la scène littéraire avec son dernier nouveau-né, «Le plumier». D’Azilal à Marrakech, «Idder», le personnage central, débarque dans une ville qu’il ne connaît pas, arrive chez son oncle et entame sa première quête : celle du savoir.
Des aventures, «Idder» en a vu des vertes et des pas mûres, lui qui n’a ménagé aucun effort pour troquer son accent paysan contre celui d’un citadin. Avec «Idder» comme fil d’Ariane, «Le plumier» relate, avec finesse, bien d’autres histoires aussi diverses que piquantes. La société marocaine y est passée au peigne fin par ce médecin habitué à l’observation et à la palpitation. Henri Michel Boccara a tâté le pouls de chaque coin et recoin de certaines grandes villes marocaines. Des artères chaudes aux quartiers oubliés, en passant par la célèbre corniche de Casablanca, Henri Michel Boccara est un fin connaisseur des lieux et des milieux. L’errance, son thème de prédilection, a atteint son apogée dans «Le plumier». Un récit, agrémenté d’une fine étude sociologique, que l’auteur a pris soin de le diviser en seize chapitres.
Du «La sauterelle» au «Elle est douce en cette saison», le roman de Henri Michel Boccara respire le pays : on finit par connaître des personnages, ou carrément s’y reconnaître, soi-même, dans d’autres. «Le plumier» brosse le tableau du Maroc que nous vivons, tantôt d’une manière drôle, tantôt d’une façon tragique. Une suite d’événements qui prend fin par un coup de théâtre : le décès d’«Idder» et l’atterrissage, in fine, de son plumier dans les mains de la police de Tarifa. Une fin prévisible qui rappelle, affreusement, celle des centaines et des centaines de jeunes Marocains hantés par le démon de la clandestinité. «Le plumier» est un plaidoyer contre cette ruée fatale vers le Nord, une histoire d’une simplicité extraordinaire et un récit bouleversant.

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