Culture

Le Salon de Madame de Pontcharra

Les organisateurs du SILT ont tout compris. Au lieu d’organiser un salon du livre, au sens classique du mot, avec des stands, des maisons d’édition, ils préparent une grande messe d’intellectuels. Un rassemblement d’écrivains, de poètes et d’intellectuels qui débattent d’un thème. Dans tous les salons du monde, les tables rondes et débats accompagnent l’exposition des livres, à Tanger ils s’y substituent.
L’année dernière, le petit chapiteau qui a été dressé pour accueillir les stands des exposants a été majoritairement visité par ceux-là mêmes qui tenaient des conférences. Le public du salon, ce sont les invités. C’est probablement un concept d’organisation unique dans le monde. L’initiatrice de cette nouvelle façon d’organiser un salon du livre s’appelle Nicole de Pontcharra. En tant que commissaire de la manifestation, elle donne une acception au mot salon qui rappelle celles du XVIIe et XVIIIe siècle. Oui, ces maisons où l’on reçoit régulièrement ce que compte la société de brillants en matière de mondains, d’artistes et d’écrivains. Les habitués à coter ces salons sont des salonnards. Et de même qu’il y avait un salon de Mme de Maintenon, il existe à Tanger un salon de Mme de Pontcharra. Cette année, elle a choisi comme thème à la manifestation : « Ecrire l’avenir à la lumière de l’histoire ». Il ne s’agit pas de critiquer le bien-fondé du concept de cette manifestation, mais de s’étonner qu’elle garde l’appellation salon du livre, alors que c’est un lieu de rencontre entre les écrivains du monde.
Cette année encore, de grands noms ont été invités : Andreï Makine, Mohamed Arkoun, Haïm Zafrani, George Steiner et Kiflé Sélassié animent une table ronde autour du thème de la construction d’un avenir de paix transcendant les violences de l’Histoire des peuples.
Les interventions de Ahmed Toufiq, Mohammed Ennaji, Pierre Vermeren, Abdallah Ben Mlih, Aziz el Ouadie, Fatna El Bouih s’articulent autour des ruptures politiques dans une société en évolution. Mohammed Tozy, Daniel Rivet, Zakia Daoud, Mehdi Bennouna et Elias Sanbar débattent, quant à eux, de l’éveil du nationalisme, de la décolonisation et de l’évolution des idéologies. Trois grands moments du SILT sont dédiés à Edmond Amran El Maleh, Mohammed Choukri et Driss Chraïbi.
La poésie est également à l’honneur avec le poète marocain Mostafa Nissabouri, l’Espagnol Andres Sanchez Robayna et le Français Serge Pey. Personne ne peut nier la qualité des intervenants. Mais on peut déplorer l’absence de jeunes écrivains marocains. « Je suis choqué que l’on ne fasse pas davantage appel à nos jeunes écrivains », dit dans ce sens Jean-Pierre Koffel. Il est vrai que ce salon, grand rendez-vous des écrivains, peut les aider dans l’exercice de leur métier. Tanger, qui a toujours exercé un attrait sur les écrivains, est une ville toute indiquée pour faire un accueil chaleureux aux auteurs de livres. Mais le livre, comme dans tous les salons du monde, n’est pas la star incontestée du SILT. Lorsqu’on constate le petit nombre de visiteurs qui se sont déplacés au salon de Casablanca, on ne va pas reprocher aux organisateurs du salon de Tanger de lui assurer un public de choix en la personne des invités.

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