Culture

Leila Alaoui : «Mon travail s’inspire des témoignages de migrants subsahariens»

© D.R
ALM : Vous participez à l’exposition collective «Traces of the Future» au Musée de la photographie et des arts visuels de Marrakech, qu’est-ce qui distingue vos œuvres ? 
 
Leila Alaoui : L’exposition «Traces of the Future» est une exposition collective qui réunit 7 artistes contemporains marocains. J’expose aux côtés de Younes Baba-Ali, Amina Benbouchta, Mounir Fatmi, Ahmed Hajoubi, Jamila Lamrani et Abdelaziz Zerrou. L’exposition est une initiative du Musée de la photographie et des arts visuels de Marrakech. Pour cette exposition je présente l’installation vidéo «Crossings». Elle explore l’expérience de migrants subsahariens et le traumatisme collectif provoqué par la traversée des frontières. Après des semaines de travail sur le terrain au sein de communautés de migrants au Maroc, j’ai nourri l’idée d’une installation audiovisuelle pour partager et recréer les sensations de leurs trajectoires. En tant que photographe, j’étais intéressée par la vidéo pour aller au-delà d’une approche documentaire en adoptant de nouvelles formes d’expression pour recréer les récits des migrants avec force et honnêteté. Ainsi «Crossings» utilise des fragments de réalité et des images de fiction reconstruites inspirées des témoignages de migrants. L’installation vidéo en triptyque combine des voix de migrants, des portraits statiques et des paysages vidéo abstraits. 
 
Quels sont les points de convergence et de divergence entre vous et les autres artistes participants à cette exposition?
 
Nous présentons des travaux avec des expressions et des langages très différents mais il est clair que cette exposition évoque des thématiques communes avec un engagement sur des questions sociales et politiques. «Traces of the Future» se fonde sur des propositions d’artistes alliant la critique sociale et le parti pris sur des questions qui constitueront des enjeux majeurs de la société de demain. Les thèmes de l’exposition englobent la remise en cause des barrières physiques ou mentales, par le récit d’expériences migratoires, par le dévoilement des contradictions de notre époque, ou encore par l’invention de langages militants et poétiques à la fois… 
 
Comment est née l’idée de ce projet ? Et pourquoi avez-vous choisi de vous focaliser sur les migrants subsahariens?
 
Je travaille depuis de nombreuses années sur le thème de la migration. Je pense que cette thématique est une réalité contemporaine très importante que nous ne devons pas négliger. D’ailleurs nous voyons bien que la situation de migrants ne s’améliore pas et beaucoup de personnes continuent de périr en Méditerranée. J’ai créé ce projet après de longs mois de recherche et d’engagement auprès de communautés de migrants. Le Maroc est devenu une terre d’accueil et non plus un pays de transit. Nous devons accepter que des migrants subsahariens tentent une vie meilleure au Maroc et devons faire en sorte que leurs droits humains et leur dignité soient respectés. 
 
Vous participez également avec «Carrefour» à IFA gallery de Berlin et Stuttgart, parlez-nous de ce projet… 
 
L’exposition «Carrefour/Meeting Point» est une initiative du commissaire de l’exposition Alya Sebti. Le titre de l’exposition voit Marrakech et la biennale comme un centre métaphorique où les chemins se croisent. La capitale du Maroc et de la biennale étaient et sont toujours le point entre l’Afrique subsaharienne et le Maghreb. Ils forment un lien vers l’Europe, une plaque tournante entre le nord et le sud et à l’est et à l’ouest. L’exposition présente des œuvres de la Biennale de Marrakech 2014 et des projets qui ont été nouvellement développés pour l’exposition. Dans cette exposition, les artistes créent un autre nouvel espace de rencontre, d’échange et de collaboration.
 
Quels sont vos projets ?
 
Dans la continuité de mon travail sur la migration, je ressens aujourd’hui une grande responsabilité de témoigner de la réalité contemporaine de l’immigration en France. Je construis actuellement un projet qui reflète la relation entre les mémoires individuelles et l’histoire collective des premières générations d’immigrés venus d’Afrique du Nord pour mieux comprendre les luttes des générations nées en France. Le projet explore aussi les conséquences d’un passé colonial fragile, les notions de reconstruction identitaire et d’appartenance dans une société qui fait face à un replis communautaire et une peur de l’autre de plus en plus marqués. Le projet est une expérience visuelle qui comprend principalement des photographies mais aussi des montages de documents d’archives et des installations vidéo. En ce qui concerne mes prochaines expositions, je présente aussi ma série de portraits «Les Marocains» au pavillon du Maroc de l’exposition universelle à Milan.
 

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