Culture

Les DJ, ces maîtres de l’animation dans les «vibes» les plus branchées

© D.R

Jeunes, branchés musique, les DJ font la loi chez les fêtards. Avec du bon son ou de la bad zik, ils rythment la fête et remixent l’ambiance. «Qu’est-ce qu’il est beau derrière ses platines…», murmure Yasmine à sa copine, dans un des pubs les plus huppés de Casablanca. Le garçon en question, c’est le DJ ou le disc-jockey qui anime la soirée. Il est vrai qu’il a de l’allure avec son casque et sa casquette sur le côté. Il a 26 ans et il est autodidacte. D’ailleurs, la plupart des vétérans du métier le sont. Aujourd’hui, ce n’est plus pareil. Le DJ contemporain doit posséder des connaissances artistiques élargies aux métiers de la musique et du son. Mehdi Hantout, 17 ans, passe son Bac cette année et il sait déjà ce qu’il veut faire à l’avenir. Passionné de musique et de mixage de son, il a décidé de devenir DJ. «J’ai déjà décroché une inscription dans une école d’ingénierie du son en France. Des écoles pareilles existent au Maroc, mais elles n’ont pas la même renommée et les études y sont moins spécialisées», explique Mehdi. Lui, il veut tout savoir sur le métier et il en sait déjà assez. Il possède une table de mixage qui lui a coûté 7.850 dirhams, des haut-parleurs qui font trembler le sol et un casque de 2000 dirhams. De quoi faire des jaloux! Mais ce n’est pas suffisant, il faut encore qu’il sache s’en servir et faire sa propre musique. «Je suis fan de DJ Abdel et j’espère qu’un jour, je serais aussi remarquable que lui», confie-t-il. DJ Abdel est effectivement un grand nom et si Mehdi se compare à lui c’est qu’il y voit un jeune Marocain qui perce. Ainsi, DJ est un métier. Un métier lié dans les esprits à l’animation dans les boîtes de nuit. Cependant, leur domaine d’activité s’est élargi au Maroc. Fêtes privées, mariages, baptêmes, cérémonies de toutes sortes, les DJ font rage. «Pour la fête du mariage de ma fille, je préfère louer les services d’un DJ, c’est beaucoup moins coûteux qu’un orchestre en plus je peux avoir tous les répertoires musicaux que je veux et avec la meilleure qualité d’enregistrement», déclare Fatima, une Casablancaise de 48 ans. Une logique qui se maintient, mais question prix, tout dépend du DJ en question. Expérimenté ou novice, travail de jour ou de nuit, la nature de la fête, le matériel nécessaire, sont autant de facteurs qui régulent l’enchère. Pour Karim, gérant d’une boîte d’événementiel, la fourchette des prix pour une petite fête entre copains, dans un appartement, est de 1000 à 5000 dirhams. «Tout dépend du niveau social du client. Il y a des DJ spécialisés en soirées huppées et d’autres pour des soirées moins pincées. Mais encore, il y a le genre de musique et là aussi, ça chiffre», explique Karim. A vu d’œil, si en une soirée un DJ peut se faire 1000 dirhams, c’est que le métier paie très bien. Pourtant, tous les DJ ne sont pas riches. «Il n’y a pas des animations tous les jours, nous ne travaillons généralement que les samedis et encore. Des DJ, il y a beaucoup et les fêtes à part la saison estivale il n’y en a pas autant», constate Ahmed, un jeune DJ spécialiste de musique orientale et châabi. Autre hic, les prix exorbitants du matériel. Plus c’est cher, mieux ça swing. Et mieux ça swing, plus ça paie. Un petit cercle vicieux qui entraîne les professionnels du métier les moins ambitieux. «En Europe, les DJ font danser les gens dans les hangars, les parkings, les chantiers, les terrains vagues. Ils dominent les Tops 50 le jour et les clubs la nuit. Le métier semble plus passionnant dans une société qui est prédisposée à faire la fête même sans occasion précise», déplore Myriem, une jeune fan de rap et de house. En effet, ce métier passion a vu ses terrains d’expression se multiplier.
Des artistes en la matière ont vu le jour. Ils créent leur propre musique et leur son est écouté et reconnu. Certains ne dansent que sur les remix de DJ précis. Le métier s’institutionnalise. Mais le blocage au Maroc est toujours là. «Un DJ, pour moi, est une personne sans principe. Il utilise la musique et les œuvres des grands artistes pour servir son propre intérêt. En plus, il se dit créateur. Tout le monde pourrait faire la même chose. Demandez-lui de composer une chanson, là, il ne fera plus le malin», proteste un vieux Casablancais. Manque d’informations ou conflit de générations, le métier au Maroc n’a pas encore sa place. Ou alors, pas la bonne place. Le flambeau est dans le camp des jeunes. Le tout est de se donner les moyens de ses ambitions.

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