Culture

Les enfants abandonnés attendent une procédure d’adoption moins compliquée

Ce Vendredi 18 janvier 2008, la ville de Mohammédia s’est réveillée sur un véritable drame ayant touché la famille Essafi, mais aussi les habitants de la ville. C’est l’histoire de l’enlèvement du bébé Yassine de l’hôpital Moulay Abdellah. Yassine a été kidnappé par une femme qui s’est fait passée pour une infirmière. Une semaine après, le bébé a été rendu à ses parents biologiques. Le nourrisson a été retrouvé par les éléments de la police judiciaire de Mohammédia au domicile de la femme, auteur de l’enlèvement, suite à d’intenses investigations. De ses aveux à la police, la jeune femme stérile a avoué avoir enlevé le nourrisson pour l’adopter et a également reconnu les faits qui lui sont reprochés et a confirmé avoir échoué pour prendre en charge un enfant du fait que la procédure est trop compliquée et c’est la raison pour laquelle elle a été obligée à enlever le bébé.
C’est donc la «procédure compliquée» qui a poussé cette femme à kidnapper Yassine, et pousse d’autres parents à renoncer à l’idée de prendre en charge des enfants abandonnés. «Ça fait plus de 6 ans que j’essaye de prendre en charge un enfant qui réside dans un orphelinat de la métropole. Malheureusement, le circuit administratif et juridique devient une requête impossible, puisqu’à chaque fois que je décide de le faire, on me demande de patienter sous prétexte que je ne répond pas aux conditions demandées, pourtant je suis marié, j’ai une maison et un bon salaire»,  nous a confié Ahmed, un jeune homme stérile qui désire prendre en charge un enfant, mais ne veut pas le faire illégalement : «un ami m’avait dit qu’il faut corrompre certains…, pour que je puisse devenir le «kafil» d’un enfant, mais ça, je ne le ferais jamais», a-t-il ajouté.
Les autorités n’ont pas permis à Ahmed de prendre en charge un enfant, parce qu’ils ont constaté qu’il ne répondait pas à certains critères lesquels sont mentionnés dans le code de la famille. Selon la loi n°15-01 relative à la prise en charge des enfants abandonnés, La «kafala» des enfants déclarés, est confiée aux époux musulmans qui remplissent certaines conditions comme l’âge de la majorité légale, être moralement et socialement aptes à assurer la «kafala » de l’enfant et doivent disposer de moyens matériels suffisants pour subvenir à ses besoins. Ces personnes ne doivent pas avoir fait l’objet de condamnation pour infraction portant atteinte à la morale ou commise à l’encontre des enfants.
La prise en charge d’un enfant abandonné demande l’engagement de prendre en charge la protection, l’éducation et l’entretien d’un enfant abandonné au même titre que le ferait un père pour son enfant. La «kafala» ne donne pas le droit à la filiation ni à la succession «l’adoption n’est pas reconnue au Maroc, puisqu’elle permet de donner un lien de filiation entre l’enfant et ses parents adoptifs et cela est interdit par la «Chariaa», c’est la «kafala » qui est régie par la loi marocaine, c’est une loi qui permet à l’enfant de bénéficier de la prise en charge des parents adoptifs en gardant son identité propre», nous a expliqué Maître Bouhmidi Abderrahim.
Au Maroc, un couple peut facilement prendre en charge un enfant s’il répond à certains critères comme la bonne conduite «Il faut juste avoir une bonne moralité, être marié et musulman pour pouvoir prendre en charge un enfant, en effet, on ne peut pas permettre à un homosexuel de le faire parce que c’est une question d’éthique, qui va nuire à la personnalité de l’enfant», a-t-il ajouté.
L’équilibre de l’enfant adopté et son bien-être sont les principales raisons qui poussent le tribunal à demander une enquête sur les parents d’accueil, laquelle est réalisée souvent par les assistantes sociales des orphelinats où résident la majorité des enfants abandonnés. «Je ne comprend pas pourquoi les gens disent que la procédure est très compliquée, pourtant parfois on a recours à la «kafala» provisoire, qui permet aux parents de garder l’enfant pour quelque temps en attendant que les papiers soient prêts et c’est une manière pour créer un lien de familiarité entre les parents et l’enfant. Si la procédure prend un peu plus de temps, c’est uniquement pour protéger l’avenir des enfants, avant de permettre à une famille de les prendre en charge, on doit s’assurer qu’ils seront entre des bonnes mains», confirme Samira Kaouachi, directrice de la Maison d’enfants Lalla Hasna.
Une assistante sociale se rend au domicile des parents d’accueil pour prendre connaissance de leurs conditions de vie. Entre temps, la procédure judiciaire peut démarrer. Le couple dépose une demande de «kafala » légalisée auprès du juge de tutelle. Le dossier complet, avec notamment l’attestation de salaire, photocopie de l’acte de mariage, extrait du casier judiciaire, et un certificat de bonne santé, sera présente au Procureur du Roi, qui ordonne, alors, une enquête de police sur les mœurs du couple. Si les résultats sont bons, le couple sera autorisé à prendre en charge l’enfant.
La maison Lalla Hasna, a reçu cette année 103 enfants dont près de 86 enfants ont été pris en charge. La directrice affirme que la majorité des enfants demandés sont des filles «pour les gens qui veulent adopter, ils cherchent pour la plupart du temps des bébés entre un jour et six mois, et de préférence des filles». Peu importe le sexe ou l’âge, ces enfants ont tous le doit d’avoir une famille d’accueil. Cette dernière confirme que le circuit administratif est trop compliqué, mais pour les responsables, il ne l’est pas. Ce qui est certain, c’est que pour la plupart des enfants, le cordon ombilical qui les reliaient à une famille s’est coupé à tout jamais.

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