Culture

Les livres de la rentrée

Une rentrée en bannit une autre. Partout ailleurs, on célèbre les nouvelles parutions au mois de septembre. L’espoir de la découverte d’un futur grand écrivain tient les critiques et les lecteurs en haleine. Les clients prennent massivement le chemin des librairies. Dans les journaux, la radio, la télévision, on ne parle que de rentrée littéraire ! Une animation inhabituelle règne aussi dans les librairies marocaines. On y entre, et l’on est immédiatement saisi d’étonnement. Les manuels scolaires, cahiers et stylos occupent tout l’espace. C’est de rentrée scolaire qu’il est question chez nous ! A l’exception de “Carrefour des livres” à Casablanca, “Les Colonnes” à Tanger et à un moindre degré “Kalila wa Dimna” à Rabat, toutes les librairies du Royaume se transforment en lieu de vente de fournitures scolaires. Les éditeurs marocains ne jettent pas pourtant la pierre sur les libraires qui rangent les livres littéraires dans des cartons pendant le mois de septembre et parfois jusqu’à la première moitié du mois d’octobre. « C’est la loi du marché ! Les librairies font recette! L’argent qu’ils gagnent grâce aux manuels scolaires leur permet de ne pas fermer leurs portes », nous confie Bichre Bennani, directeur des éditions Tarik. La rentrée littéraire est donc ajournée, mais elle a lieu à partir du mois d’octobre. Cette année, les trois importants éditeurs francophones du pays ont innové pour séduire les lecteurs. La collection « Enjeux Planète » des éditions Tarik est particulièrement attendue. Cette collection regroupe douze éditeurs francophones, établis dans autant de pays. Ils proposent « une collection mondiale pour une autre mondialisation ». Ils s’adressent à un public de militants, d’étudiants, d’universitaires, de citoyens refusant d’assister, passifs, aux grandes évolutions du monde contemporain. Trois titres trouveront assurément des lecteurs. « Le mythe du développement » d’Oswaldo de Rivero s’attache à montrer que les peuples du tiers-monde n’ont pas profité et ne profiteront pas des projets de développement. Le deuxième livre, « Les mirages de l’aide internationale » de David Sogge est un document accablant envers le supposé humanisme de l’aide internationale. Cette aide repose sur des calculs et profite surtout aux pays donateurs. Quant au troisième livre, il est écrit par Larbi Bouguerra et porte un titre sans équivoques : « Les Batailles de l’eau ». Toutefois, le livre-événement des éditions Tarik porte sur les défunts rois Mohammed V et Hassan II. Écrit par le médecin français Dubois Roquebert, qui fut le chirurgien et confident de Mohammed V, ce livre est un témoignage posthume, « d’une extrême importance historique », selon Bichre Bennani. Intitulée « Mohammed V et Hassan II, tels que je les ai connus », cette publication est demeurée à l’état de manuscrit depuis 1971, date de la mort de son auteur pendant la tentative de putsch de Skhirat. Le manuscrit a été soumis par les fils de Dubois Roquebert à Feu Hassan II qui en a approuvé la publication par une lettre qui est insérée dans le livre. Les éditions Le Fennec vont également innover avec une collection de livres de poche. Les prix des livres de cette collection, coéditée avec le distributeur Sochepress, varieront entre 10 et 20 DH. Le premier du genre est un conte de Guy de Maupassant intitulé «La Parure». Le deuxième est «Rêves de femmes» de Fatima Mernissi. Leïla Chaouni, directrice des éditions Le Fennec, explique que les titres de cette collection sont en grande partie puisés dans les « livres qui ont eu un succès ». Elle ajoute que le prix d’une publication normale élimine de nombreux lecteurs potentiels. Avec les poches, elle espère toucher un large lectorat. Les éditions Eddif font aussi une rentrée en puissance avec des livres à caractère littéraire. Les romans occupent une large place avec des titres d’auteurs peu connus. À retenir « La dispersion» de Miloud Hafidi, un écrivain qui avait publié à compte d’auteur «La nuit africaine», un roman présentant de réelles qualités littéraires. Aux côtés de Hafidi, on trouve « Lila de Marrakech » de Abbès Fassi Fihri, «Sur les ailes du temps » d’Anne Dhobb, « L’amante du Rif » de Noufissa Sbaï ou « La diaspora » de Hammadi Bekouchi. Les éditions Eddif se démarquent aussi avec les Beaux livres. À retenir « Portes du sud marocain » de l’anthropologue Salima Naji et surtout « Sidi Ben Slimane Al Jazuli (Lumière de l’ombre) » d’Edmond Amran El Maleh. Les livres de cet écrivain sont d’une telle vigueur intellectuelle et littéraire que l’annonce de chacune de ses publications est en soi la promesse d’un enchantement.

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