Culture

Les livres de la semaine

Le dernier ami
Deux narrateurs se succèdent pour raconter – chacun à sa façon- la même histoire, la leur, celle d’une amitié d’enfance, approfondie durant l’adolescence et qui, au bout du compte, paraît se dissoudre peu à peu dans la rivalité conjugale et déboucher sur une surprenante trahison. Du moins est-ce la certitude vécue douloureusement par le premier narrateur.
Avec le récit du second, et jusqu’au coup de théâtre final, on comprendra que cette « trahison » n’en était peut-être pas une. Les ressorts de l’amitié – ici admirablement analysés- sont au moins aussi complexes que ceux de l’amour. Une dureté affichée peut dissimuler une forme presque délirante de délicatesse amicale.
Le Dernier ami est peut-être le plus étrange des romans de Tahar Ben Jelloun. Sa brièveté, volontaire, induit une écriture épurée, précise et limpide à la fois. Plus étrange encore: ce texte commence dans le ton de ce qu’on pourrait appeler une littérature d’aveu, mais qui se trouvera ici subverti. En effet c’est d’un double aveu qu’il s’agit, d’un aveu « croisé » pourrait-on dire de sorte que chacun de ces aveux jette un trouble sur la véracité de l’autre. Roman cruel et dérangeant sur l’amitié, c’est aussi un livre sur la sincérité, sur l’impossible et périlleuse sincérité. Enraciné dans la réalité marocaine des cinquante dernières années, très concret dans ses péripéties, ce roman atteint cependant à l’universel. À travers le témoignage contradictoire de deux hommes, qui furent longtemps amis, un court roman sur l’amitié et la trahison.
L’Histoire commence dans le Maroc des années 50 et 60. Il s’achève dans la mélancolie tangéroise de la fin du siècle, dans une société marocaine à la fois moderne et toujours archaïque. Avec une incroyable constance, suivi de livre en livre par un public considérable, Tahar Ben Jelloun approfondit ici les thèmes qui hantent tous ses livres : amitié, amour, plaisir, oppression, difficulté des rapports entre hommes et femmes, etc. Il les approfondit en ce sens qu’il s’approche sans cesse davantage du feu.
On verra que ce roman-là brûle pour de bon…
De Gaulle, mon père, Philippe de Gaulle-Michel Tauriac
Quel portrait plus fidèle que celui qu’un fils peut faire de son père, surtout lorsqu’il a été le moissonneur de ses pensées et le spectateur attentif du moindre de ses gestes ? Et quelle curiosité suscitée quand l’envergure du personnage exploré avec tant de minutie atteint celle des « monuments » de l’histoire du monde ! Voici donc la suite des entretiens que Philippe De Gaulle a accordés à Michel Tauriac. Au moment où s’ouvre ce second tome, le Général vient d’entrer à l’Elysée et déjà couve, à Alger, le feu de la tragédie. Dix années vont suivre, magnifiques ou terribles, à travers lesquelles nous suivrons Charles De Gaulle pas à pas et au plus près. Rien ne nous échappera jamais. Nous vivons avec lui en famille, l’entendons deviser avec ses proches, assistons au cheminement de ses idées, prenons part à ses réflexions intimes. Nous sommes à ses côtés quand les généraux se révoltent, quand on tire sur sa voiture au Petit-Clamart, quand il nomme Pompidou Premier ministre puis se fâche avec lui, quand éclate la chienlit, quand il atterrit à Baden-Baden, quand il perd le référendum et se retire dans son village. Et, loin des affabulations et des légendes trompeuses, s’éclaire la vérité dans toute sa rigueur. Mais cette biographie définitive veut également corriger les coups de ciseau défigurants donnés à la statue de l’homme De Gaulle par négligence ou malfaisance. Dans la bouche du fils apparaît alors à nu, près d’une mère assez inattendue, un père insoupçonné avec les multiples secrets de son caractère. Apparaît aussi, jusqu’à ses derniers jours dont les mystères sont levés, l’amour inouï d’une femme qui se serait fait tuer pour son mari. Philippe De Gaulle est le premier fils du Général De Gaulle Gaulle. Officier de Marine, sénateur depuis 18 ans, il est également auteur de Mémoires accessoires (2 tomes). Ecrivain et journaliste, Michel Tauriac est l’auteur de nombreux romans et documents. Membre de l’Institut Charles De Gaulle, il a réalisé de multiples reportages sur l’ancien chef de la France libre dans la presse écrite et audiovisuelle, dont certains avec la collaboration de P. de Gaulle.
Et si c’était vrai…
L’histoire de Lauren et Arthur défie la raison. Cette jeune femme blottie dans le placard d’Arthur l’architecte n’est pas vraiment là. Ou plutôt elle est là, mais seul Arthur peut la voir ; pourtant elle n’est ni un esprit ni un fantôme, et si elle semble joliment réelle, parle, râle et sourit, son véritable corps est au cinquième étage de l’hôpital de San Francisco, en état de coma dépassé. Un accident de voiture, six mois auparavant. Dure journée pour Arthur.
D’autant qu’on commence à le prendre pour un fou : il ouvre galamment la portière passager de sa voiture… à personne, parle tout seul dans l’ascenseur qui le mène à son bureau, tient des propos abracadabrants à son meilleur ami et associé, lequel, très inquiet, lui ordonne de se reposer quelques jours. Ces vacances tombent bien pour Arthur parce que cette femme, cette entité, bref, Lauren, l’intéresse vivement.
Depuis qu’elle est dans le coma, elle qui se passionnait pour son métier d’interne en médecine, elle qui avait voué sa vie aux autres, a vécu dans une liberté mais aussi une solitude absolues, parlant sans qu’on l’entende, regardant sans qu’on la voie, touchant sans qu’on la sente. Jusqu’à ce qu’Arthur emménage dans l’appartement qu’elle occupait avant l’accident, et où elle a fini par se réfugier.
Arthur veut comprendre comment l’esprit et le corps de Lauren peuvent s’être ainsi séparés. Il s’attelle à réunir les témoignages, études, recherches disponibles sur le coma dépassé, et aidé des connaissances médicales de Lauren, tente d’imaginer une issue à cette situation pour le moins étrange.
En vain bien sûr : comment pourraient-ils résoudre un des plus grands mystères de la médecine ? Mais une amitié se noue, faite de piques (Lauren a un humour cinglant), de fous rires et des récits de leur enfance. En trois semaines de ce bonheur paisible, ça y est, ils sont amoureux. C’est alors qu’à l’autre bout de la ville, les médecins convainquent la mère de Lauren que celle-ci ne se réveillera jamais, et qu’il vaudrait mieux pour elles deux pratiquer une euthanasie. Comment s’aimer quand un des deux amants risque de disparaître dès qu’on décidera de débrancher le corps qui gît à l’hôpital ? Il faut y croire. Il faut refuser l’inéluctable. Il faut bouger, rire, inventer. Et ils s’y emploient tous les deux avec une énergie et un enthousiasme magnifiques. Ce texte se rapporte à une édition épuisée ou indisponible de ce titre.
L’inéluctable faillite de l’économie américaine
L’économie américaine devient-elle japonaise ? Suit-elle le chemin qui a conduit le Japon dans cette  » dépression douce  » où il reste englué depuis dix ans ? Et va-t-elle vers un inéluctable effondrement ? Pour répondre à cette question, William Bonner analyse sous l’angle de l’histoire et de la philosophie morale, mais sans négliger l’aspect économique, plusieurs étapes cruciales du développement du monde industriel et explique notamment :
– Pourquoi a éclaté la bulle boursière de  » l’âge de l’information « , en examinant la réalité d’entreprises telles qu’Amazon.com, Cisco systems ou Global crossings
– Pourquoi la consommation galopante des ménages américains, fondée sur le crédit et non sur l’épargne, a  » surchauffé  » l’économie US, en l’amenant au bord de l’explosion
– Pourquoi le  » miracle économique  » japonais s’est soudain écroulé, et ne s’est pas relevé malgré une politique monétaire censée y remédier
– Pourquoi la Guerre de Sécession – comme toute guerre en général – a conduit à la création d’un système de banque centrale
– Pourquoi les aventures financières de John Law, au XVIIIe siècle, annonçaient la spéculation autour des  » dot com  » à la fin du XXe siècle – Pourquoi le vieillissement de l’Occident menace plus notre économie que les politiques gouvernementales
Tirant les leçons trop négligées des événements passés, William Bonner propose en conclusion des solutions originales et argumentées pour permettre au lecteur de survivre financièrement face à la crise qui s’annonce.

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