Culture

Les petits commerces de la corniche de Nador

© D.R

D’un espace infecté par les eaux usées de la ville et qui représentait un point noir qui entravait toute approche d’exploitation touristique, la corniche de Nador est devenue un agréable espace de vie. Son aménagement a été favorablement accueilli par les Nadoris qui ont vu leurs habitudes de flânerie et de promenades nocturnes changées. D’une population à vocation intime et solitaire au tempérament clos sur des soirées limitées à la famille et aux proches, son ouverture sur les promenades en milieu animé a été accomplie en douceur.
«Marcher le long de cette corniche me procure une tranquillité particulière après une journée rude et bouillonnante au souk», souligne à ALM Haj Hemmadi. Et d’ajouter : «il y a à peine trois ans, il n’était pas possible de faire cette promenade vu l’odeur infecte qui étouffait les lieux». De son côté, la jeune Halima, une lycéenne, s’enthousiasme en parlant de cette corniche : «Avec la mise à niveau de cette corniche, Nador n’a rien à envier aux villes côtières. En plus, nous avons maintenant un espace où passer des après-midi ou des soirées entre amis dans la détente sans être dérangés».
Seulement comme tous lieux appréciés et à grandes affluences, des commerces prennent place au plaisir des visiteurs. La corniche est devenue par la force des choses «un fond de commerce» pour une quarantaine de petits et jeunes commerçants longeant la côte avec leurs carrosses ou debout à côté de leurs friandises. Ils exposent sans fanfare leurs attelages de maïs cuits à l’eau salée (2,5 ou 3 DH l’unité), des escargots assaisonnés à base de plantes médicinales locales dont l’odeur attire de loin (5 DH le bol), des différentes marques de pépites et cacahouètes bien présentées pour attirer les plus réticents (de 1 à 10 DH), des ballons gonflés ou cerfs-volants (entre 15 et 25 DH), des boissons gazeuses ou eau minérale à 6 DH, des sandwichs à partir de 10 DH, des glaces de 5 à 20 DH, des tatouages à base de henné de 10 à 140 DH, ainsi que des promenades à bord d’une embarcation à l’intérieur de la Marchica (5 ou 10 DH) pour apprécier la beauté naturelle des espaces avoisinant la lagune. Ceci dit, chaque médaille a son revers puisque les déchets laissés ont sali les parterres et modifié leur couleur d’origine. D’autant plus que le visiteur est frappé par l’absence de corbeilles spécifiques à ce type d’espaces : aucune corbeille sur 1,8 km. Ceci dit, Hamid, vendeur des friandises, a expliqué à ALM qu’il se lève le matin vers 9 heures pour s’approvisionner et garnir son carrosse en produits alléchants. «Il arrive que le grossiste me fasse confiance et me donne ce que je veux pour qu’il soit payé le lendemain, par la suite je dois bien arranger mes produits, bien les exposer et surtout les garder propres. Ce qui m’enchante c’est que les habitués de la corniche ont déjà spécifié la personne à qui ils doivent s’adresser pour acheter leurs amuse-gueules. Cela me réconforte. Mais il y a quelques clients qui oublient de me payer. Grâce à mon carnet, je ne n’oublie personne», raconte, en toute aisance et fierté, ce jeune de 17 ans. De son côté, Issam, un lycéen qui travaille l’été pour se procurer son argent de poche, fait ses achats au marché de légumes tôt le matin. «Je dois d’abord choisir le maïs et ne prendre que les bonnes. J’achète entre 120 et 150 unités. C’est ma mère qui les fait cuire. Et le soir je dois être prêt et sur place à partir de 16 h. Souvent, je termine vers 23h et cela me donne un bénéfice qui varie entre 120 et 150 DH». Quant à Saïda, une fonctionnaire de banque, elle pense que ce commerce nuit beaucoup à la propreté de la corniche et qu’il faut l’organiser et le contrôler. «La preuve est que plusieurs personnes ne trouvent où s’asseoir à cause des rejets de toutes sortes», a-t-elle estimé. Elle propose que des cafés ou espaces spécifiques soient bâtis à l’intérieur de la Marchica à l’instar du café des œuvres sociales des fonctionnaires de la municipalité et qu’ils soient équipés pour contenir tous les restes de ces commerces, sinon c’est la mer qui en souffrirait.
Le même son de cloche est relevé chez un MRE qui s’insurge contre le fait que les eaux de la Marchica soient transformées en dépotoir de bouteilles en plastique, canettes, mégots de cigarette et restes de pépites. Ce projet n’aurait pu être réalisé s’il n’a pas été précédé d’un programme d’assainissement et de dépollution liquide des effluents du grand Nador.
L’objectif de cette action qui a nécessité une enveloppe de 600 MDH est d’assurer une protection durable à la lagune par la réalisation d’une station d’épuration de type boue activée, d’une station d’épuration de type lagunage naturel pour Kariat Arkmane, de cinq stations de pompage, ainsi que la pose de 158 km de réseaux de collecte et de 46 km de grands collecteurs. La corniche de Nador, vitrine de tous les projets d’aménagement que connaît la Marchica, sera reconstituée d’un front de mer attractif et moderne qui servira de référence en termes d’attractivité architecturale et touristique.

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