Culture

Les poissons-médecins, la cure miraculeuse

© D.R

Quelque part au centre de la Turquie, en plein cœur de l’Anatolie et à près de 900 kilomètres d’Istanbul, Kangal, un tout petit village de la région de Sivas, est devenu une destination thermale de prédilection pour des visiteurs, Turcs et étrangers, en quête de guérison du psoriasis, une maladie de peau chronique et extrêmement désagréable. Il ne dispose pas d’un CHU avant-gardiste, ni de cliniques spécialisées, encore moins de guérisseurs traditionnels. Ce qui fait la renommée «médicale» de Kangal, ce sont des tout petits poissons qui s’affairent à longueurs de journée à soigner les personnes atteintes du psoriasis dans de grands bassins aménagés spécialement pour ces séances de cure. Les «poissons-médecins» de Kangal se sont imposés, à travers les décennies, en maîtres guérisseurs inégalés. Ils se sont spécialisés dans une infection cutanée des plus chroniques et contre laquelle, du moins jusqu’à présent, la médecine moderne n’a trouvé aucune parade définitive. Maladie chronique de la peau, généralement héréditaire, le psoriasis qui tire ses origines du mot de l’ancien Grec signifiant démanger, se manifeste sous forme d’éruptions cutanées rouges apparaissant sur la surface de la peau et provoquant des fortes démangeaisons. Sur ces lésions rouges se forment des plaques qui comportent plusieurs couches d’écailles de peau. Le psoriasis peut varier d’intensité et ne concerner que quelques endroits spécifiques ou bien couvrir le corps tout entier, ce qui nécessite une hospitalisation. Devant une telle infection que pourrait bien faire un poisson aussi petit que celui de Kangal? La réponse n’est pas encore scientifiquement déterminée, mais le résultat est là. Le miracle des «poissons-médecins» est bien concret et la forte affluence des personnes atteintes ainsi que la reconnaissance de cette technique de soin naturelle n’est plus soumise à épreuve. Les sources thermales de Kangal contiennent trois types de poissons miraculeux qu’on ne trouve, selon les spécialistes, nulle part ailleurs dans le monde et qui vivent dans ces eaux à 37°C.
C’est par l’effet combiné de ces «poissons-médecins» et des eaux thermales riches en sélénium que l’on soigne efficacement le psoriasis. Dans les quatre grands bassins aménagés en 1967 dans le site et alimentés par quatre sources d’eau sulfureuse, les patients du monde entier attirés par la réputation guérisseuse des lieux, suivent un «traitement» des plus naturels: se baigner quotidiennement pendant au moins deux heures et sur une durée de 21 jours. Une cure thermale des plus banales si dans l’eau ne grouillaient des petits poissons de 2 à 9 cm, répartis en véritables équipes d’intervention chirurgicale, en trois groupes occupés à jouer les guérisseurs. Les plus petits poissons, que l’on peut qualifier de «déchireurs», repèrent les plaies des malades, les mordillent et en quelque sorte préparent le champ opératoire. Interviennent alors les «perceurs», aux mâchoires plus puissantes, qui creusent la peau ramollie et gonflée par l’eau tiède, et enfin, les «polisseurs» qui nettoient tout en avalant les tissus morts. Parfaitement indolore, l’«acte médical» procure, loin de là, une sensation agréable de relaxation et de bien-être.Outre le fait guérisseur de ce traitement naturel, le miracle des poissons de Kangal est encore plus incompréhensible qu’on est incapable de déterminer d’où ils viennent, alors que la plus proche rivière est à 5 km à vol d’oiseau et qu’elle n’abrite aucun poisson de la même espèce. L’historique de ces étangs aux poissons mystérieux remonte à 1917. Selon «la légende» locale, un berger qui avait une légère blessure au pied, remarqua que sa plaie guérissait une fois qu’il avait les pieds dans l’eau de l’étang situé dans un marais d’une vallée verte. La guérison miraculeuse de la blessure du berger fera rapidement le tour du village, de la région puis du pays pour, finalement, rendre Kangal et ses poissons aussi célèbres qu’ils le sont aujourd’hui. Des bassins ont été ensuite aménagés artisanalement dans les lieux avant la construction, plus tard et à partir des années 50, des piscines en pisé, des motels ainsi que d’autres équipements et infrastructures à même de faire face à la forte affluence que connaît désormais le site aux poissons-médecins.

Hassan Aourach
(MAP)

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