Culture

Les voitures d’occasion ont le vent en poupe

© D.R

Certes le parc automobile neuf est en nette progression avec la pulvérisation du record de100.000 voitures vendues en 2007 mais en parallèle, la vente des voitures seconde main n’a pas fléchi pour autant. A lui seul, l’Oriental enregistre des opérations de vente qui frôlent les 45.000 véhicules par an. L’adage marocain qui concilie le neuf et l’ancien prête encore à se répercuter. Et les adeptes de l’ancien n’ont pas encore changé leurs mœurs. Les raisons avancées se rapportent aux prix et à la robustesse de l’ancienne mécanique. Entre le neuf et l’occasion, le choix est varié avec une panoplie d’automobiles qui répondent à toutes les bourses. Garages spécialisés, marchés hebdomadaires, annonces dans les journaux, exploitation de la toile informatique ; tous les moyens sont bons pour faire écouler les voitures d’occasion.
Oujda en tant que plaque tournante de ce commerce est connue par son marché hebdomadaire. Chaque dimanche, des centaines d’acheteurs potentiels, dans leurs quêtes de la bonne affaire, se rendent directement au marché municipal des voitures d’occasion qui longe l’ancienne gare de la ville. La filière des marchés des voitures d’occasion étant bien connue, les clients peuvent y recourir directement et éviter des frais d’intermédiaires qui sont pourtant légion. Les importateurs de véhicules à dédouaner sont aussi connus.
Dès le matin de bonne heure, les revendeurs novices s’empressent à occuper les meilleures places après avoir lavé leurs voitures la veille dans une station de lavage de voitures à 50 DH. Par contre, les chevronnés excellent dans le lexique de la qualité et de l’état de leurs voitures. «Soyons sérieux ! Voulez-vous une voiture robuste qui vous évitera les tracas des mécaniciens, ou une voiture qui semble neuve mais qui ne l’est pas» avance un courtier qui s’occupe de la vente d’une berline modèle 2004.
Certains vendeurs font plusieurs déplacements en Europe pour dénicher la voiture prisée. «Pour gagner ma vie, je suis obligé à faire entre huit et dix voyages par an. La fourchette de gain peut varier entre 2.000 et 30.000 dhs. Cela dépend essentiellement de la marque de la voiture et la date d’immatriculation. Ce sont les Mercedes qui ont encore la cote ascendante. Les plus chères sont achetées par des personnes aisées alors que les normales font l’affaire des taximen et des agriculteurs», rapporte Ahmed B, un habitué à ce type de business. Ainsi chaque dimanche matin plus de deux cents voitures prennent place dans un parking loué à 320.000 DH l’an , mais qui ressemble plus à un terrain vague puisqu’il n’est pas clôturé. Côté organisation, l’anarchie prend de l’ampleur au fils du temps. Tout est organisé le matin. Places numérotées, barrières, cordes et gardiens pour réglementer le stationnement mais vers dix heures, c’est le désordre total. «Aucune règle d’organisation n’est respectée du moment que les places de l’entrée sont prisées», souligne Sellame Hanine le gérant de cet espace. Les véhicules sont alors garés n’importe comment malgré la persuasion des trois gardiens des lieux. Pis encore, toutes les routes avoisinantes sont submergées de voitures dans un chamboulement parfait. Chose qui nuit à la circulation et provoque des accidents.
Les acheteurs sont d’horizons différents. Il y a les connaisseurs habitués aux marques connues et à la qualité mécanique. Cette catégorie opte le plus souvent pour les voitures à dédouaner ou les «nationales» qui ont moins de deux ans. Il y a aussi ceux qui veulent apprendre à bien conduire et qui préfèrent s’entraîner dans des anciennes voitures. La troisième catégorie est constituée de fonctionnaires ou de commerçants aux revenus moyens. Le dédouanement des voitures obéit à une grille élaborée par les services de douane. A titre d’exemple, une Renault 19 huit chevaux en vogue dans l’Oriental se dédouane à 41.500 DH et se vend à 65.000 DH, alors qu’une Golf série 5 est dédouanée à 81.000 DH et vendue à 120.000 DH. Par contre, une Mercedes haute gamme est dédouanée à 330.000 DH et vendue à plus de 700.000 DH.
De son côté, Arbaoui El Aide, un conseiller en vente de voitures d’occasion et cheville ouvrière de ce souk, n’a pas manqué de souligner à ALM que «les voitures locales bénéficient aussi de l’engouement des acheteurs mais fléchissent vite en valeur pécuniaire. Elles peuvent facilement perdre plus de 40.000 dhs en deux années d’utilisation». L’implication des loueurs de voitures qui changent leurs parcs presque tous les trois ans a affligé un coup de massue aux prix des voitures locales et a instauré un doute quant à leur état mécanique. C’est le cas contraire pour les voitures immatriculées à l’étranger qui maintiennent leurs prix et peuvent même être revendues plus cher que leur prix d’achat. M. Arbaoui ajoute que «le commerce des voitures étrangères stagne par moment avant de reprendre de plus belle lors des vacances estivales, du ramadan et des deux Aïds. Le plus souvent, ce sont des voitures presque neuves qui datent de 2006. En moyenne quinze voitures sont dédouanées par jour au niveau de l’Oriental alors que la moyenne des opérations de vente est de cent cinquante voitures par jour. Je préfère acheter une voiture étrangère car je peux la vendre après une année avec le même prix; mieux encore une 504 que j’ai achetée il y a trois ans à 60.000 DH, je l’ai vendu à 100.000 DH», rapporte Ahmed Ramdani un habitué de ce type de négoce. Quant aux acheteurs qui viennent des autres villes, ils formulent le souhait de réaliser les visites techniques le jour de la vente à l’instar de ce qui se fait par le service des égalisations. «Je viens d’Errachidia et je dois attendre jusqu’au lundi pour que je puisse conduire ma nouvelle voiture et rentrer chez moi», renchérit Moulay Laarbi sur un ton de colère.

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