Culture

L’ex-chauffeur de Ben Laden au centre d’un film documentaire

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Salim Hamdam, l’ancien chauffeur d’Oussama ben Laden, qui a passé près de sept ans dans la prison de Guantanamo, est au centre d’un documentaire présenté au Festival de Sundance, avec son beau-frère Abu Jandal, qui l’avait entraîné dans la «guerre sainte». Deuxième volet d’une trilogie de Laura Poitras sur l’Amérique de l’après 11 septembre commencée avec «My Country, my country» (2006, nommé à l’Oscar), «The Oath» («Le serment») est en compétition au Festival de cinéma américain, qui se tient jusqu’à dimanche à Park City (Utah, ouest des Etats-Unis). «En tant que cinéaste, la sortie de ce film me rend très nerveuse, car je vois bien qu’il peut être interprété de différentes façons», déclare Laura Poitras dans un entretien à l’AFP. «Mais je le savais depuis le début. C’est tellement politiquement incorrect de faire un film sur le terrorisme», ajoute-t-elle. «The Oath» suit en parallèle la vie quotidienne d’Abu Jandal, ancien garde du corps d’Oussama ben Laden aujourd’hui chauffeur de taxi à Sanâa au Yémen, et celle de son beau-frère Salim Hamdam, condamné par un tribunal militaire à Guantanamo, où il a passé près de sept ans avant d’être libéré fin 2008. Abu Jandal, personnage «brillant et charismatique», longuement interrogé par les autorités américaines après les attentats du 11 septembre, prend un malin plaisir à souffler le chaud et le froid, en défendant la guerre sainte et des positions anti-occidentales, tout en condamnant les attentats terroristes. Mais sa fragilité affleure également quand il fait part de son sentiment de culpabilité et de ses regrets d’avoir été à l’origine de l’engagement de Salim. «C’est clairement un narrateur difficile à croire et je sais que cela peut énerver certaines personnes. Mais dans ce film, nous voulions vraiment que le public soit confronté à cela», déclare Laura Poitras. «C’est l’archétype de l’anti-héros, qui est je pense beaucoup plus facile à faire passer en fiction. Je crois qu’on est habitué à ce que les documentaires mettent en scène des gens sympathiques ou héroïques», dit-elle. En contrepoint à Abu Jandal, le documentaire retrace la détention de Salim Hamdam à Guantanamo à travers ses lettres et des entretiens avec ses avocats américains – des «héros» selon Laura Poitras. Quand la cinéaste a commencé à tourner, Salim Hamdam était encore en prison et elle a construit son personnage comme «un fantôme» venant «hanter le film». «Je voulais avoir ce disparu, manquant à sa famille et, je l’espère, au public. Car aux États-Unis, peu de gens réalisent que des gens ont passé huit ans à Guantanamo sans aucun contact avec leur famille, sans accusation ni procès, dans une sorte de purgatoire», dit-elle. «Guantanamo concentre toutes les erreurs des Etats-Unis (face à Al Qaïda). Et cette prison est toujours ouverte, comment est-ce possible ? En tant qu’Américaine, je trouve choquant qu’aucun sénateur ou membre du Congrès n’ait jamais démissionné à cause de Guantanamo», affirme-t-elle. La «fantastique et heureuse surprise» de la libération de Salim Hamdam est intervenue en plein tournage. Mais il n’a pas souhaité participer au film, de même qu’il a refusé toutes les interviews à ce jour.

  Romain Raynaldy (AFP)

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