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New York de Will Eisner

Réalisés au début des années 1980, les travaux de Will Eisner, réédités ici par Delcourt, mettent en avant l’un des principaux talents de cet immense créateur de bande dessinée : l’observation. Plus que de New York, c’est de la grande ville en général qu’Eisner tire le portrait. Un portrait subjectif, profondément humain : «La grande ville telle qu’elle est vue par ses propres habitants constitue le véritable reflet de cette réalité», explique-t-il dans la préface. Alors Eisner choisit des formats courts, des histoires de quelques planches, parfois un simple gag, d’autres fois juste un moment, une bribe de vie dont il ne nous reste qu’à imaginer les causes et les conséquences. Un réverbère, une grille d’égout, un mur, une rame de métro: voici les personnages principaux de ce «New York». Autour, devant, dedans, au-dessus, s’agitent les habitants de cette ville tentaculaire. Avec une acuité et un sens de l’instant sans pareil, l’auteur new-yorkais va au-delà des rues pour entrer dans les appartements, capturer l’essence de cette cité gigantesque. Et si l’humour semble être son premier outil, il pointe derrière une noirceur et une violence palpables. Un prisonnier libéré qui retourne dans son logis encore plus étroit que ne l’était sa cellule, une jeune femme qui se fait violer sous les railleries des voisins lâches et bien-pensants, de jeunes Hispaniques qui brûlent dans leur immeuble, une mère noire qui n’a pas d’eau potable pour son bébé : New York ressemble parfois à un Moloch impitoyable, que le trait léger d’Eisner parvient tout de même à contenir. Par ces petits échos morcelés, Eisner décrit la ville avec une profusion de points de vue rare, et en dessine sans doute l’un des portraits les plus complets.

New York de Will Eisner
Edition Delcourt, 2008



Calvaire conjugal

«j’ai vécu tant d’injustices véhiculées par cette Moudawana dépassée qu’il serait sage et rationnel dans un Etat démocratique de porter plainte contre le législateur qui a conçu ces textes contre natures et qui a causé ma perte et celle de milliers de Marocains, femmes et enfants. Code archaïque nous condamnant à la marginalisation et à la décadence. Iniquité oblige. C’est une flétrissure ô combien déshonorante dans les annales de notre Histoire ! je suis châtiée par mon bourreau, encouragée par les failles canoniques. En vertu du passe droit, je suis punie par la loi de mon pays au nom d’une justice qui est loin d’être juste, rien que parce que je suis née femme dans un état où le non-droit est ostensiblement affiché. Il reste une dernière solution : dénoncer, briser le mur du silence et aller à contre courant ! Je dois affirmer mes droits en dénonçant  les abus, en criant fort à l’injustice, quitte à y laisser ma peau et à payer le prix le plus onéreux. Qu’importe le coût de mes convictions du moment que je refuse de vivre à genoux et choisis de mourir debout ! Toujours d’aplomb et profondément convaincue, je relance ma plainte et je requiers mes droits à cor et à cri »   

Calvaire Conjugal de Jamila Abid-Ismaïl
Edition Wallada, 2008          


L’œil du voyageur

En 1953, Nicolas Bouvier part pour un long voyage sans retour,  destination Ceylan. Accompagné d’un ami, il s’embarque dans une Fiat Topolino. Dans le coffre de la minuscule voiture : un magnétophone, les « Essais » de Montaigne, une machine à écrire et un appareil photo. De ce voyage, il ramène « L’ usage du monde ». Un livre culte qui a conduit plus d’un lecteur au coeur d’une dérive personnelle autant qu’au centre des pays parcourus. Nicolas Bouvier fait ses débuts de photographe dans ce voyage et confirme sa maîtrise, au fur et à mesure de sa progression. C’est l’ensemble de ses photographies prises durant ce voyage, dont les négatifs ont été retrouvés récemment, qui constitue cet album. Des images qui répondent au besoin de l’écrivain de ramener des traces de « là-bas ».

L’œil du voyageur de Nicolas Bouvier
Edité chez Hoëbeke, 2008

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