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Abdelmajid Benjelloun : «Je fais mon aphorisme poétique en 4 ou 5 mots»

© D.R

Entretien avec Abdelmajid Benjelloun, écrivain

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Dès l’âge de 12 ans, j’ai commencé à écrire. A 15 ans, je me suis mis à rédiger  des aphorismes qui se taillent jusqu’à maintenant la part du lion dans mes écrits parce que je préfère la vérité à la beauté.

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ALM : Vous avez une énorme carrière, en littérature et en histoire, qui n’est cependant pas fort connue du grand public. Quelles sont alors les raisons de ce manque de notoriété ?

Abdelmajid Benjelloun : Déjà, je suis un poète d’expression francophone alors que la majorité des poètes au Maroc écrit en arabe. Le fait que je publie en français est une raison pour que je ne sois pas connu du grand public. Et ce n’est pas tout. On me confond assez souvent avec un autre Abdelmajid Benjelloun, décédé en 1981. Ces deux raisons principales font que je ne gagne pas en notoriété après 60 ans de travail. Je ne vous cache pas que cela ne m’a pas fait du mal.

Vous éditez et écrivez constamment des livres au point que les lecteurs n’arrivent pas à avoir idée de vos dernières publications. Vous confirmez ?

Il est vrai que j’ai assez de livres publiés par des maisons d’édition. J’ai aussi des livres édités à l’étranger, notamment aux Etats-Unis et en Espagne. D’autres sont auto-édités pour la plupart au Maroc. De son côté, la maison de la poésie, dont je suis membre créateur, et le ministère de la culture m’ont publié un livre l’an dernier. Et dans les six dernières années, je pratique beaucoup de livres électroniques avec quelques exemplaires. Pour l’heure, je suis plutôt dans l’attente des livres publiés que dans la rédaction de grands projets littéraires que je fais quand même. Entre-temps, j’ai aussi un livre d’aphorismes en espagnol qui est sorti récemment à Madrid.

Puisque vous parlez d’aphorisme. En quoi vous vous y distinguez ?

Tout d’abord, je tiens à préciser que l’aphorisme c’est le plus difficile en écriture. De plus, la difficulté réside dans le fait de tomber dans la banalité. Pour ma part, mon aphorisme poétique, je le fais en 4 ou 5 mots et en quelques secondes. Depuis environ 40 ans, je ne publie pratiquement que de l’aphorisme. Au fond, une fois qu’on rassemble 200 aphorismes, on peut en faire un livre. Avec le livre électronique, c’est plus facile d’en collectionner et éditer. Dès que c’est fait, j’ai le livre chez moi en 48 heures avec 3 ou 4 exemplaires et que personne ne verra peut-être qu’après ma mort. Encore faut-il qu’on y jette un coup d’œil. En tout, j’ai plein d’aphorismes. Les derniers ont été publiés chez « Diwan », une maison d’édition en Espagne.

Et comment vous vous êtes lancé en aphorisme ?

Dès l’âge de 12 ans, j’ai commencé à écrire. A 15 ans, je me suis mis à rédiger  des aphorismes qui se taillent jusqu’à maintenant la part du lion dans mes écrits parce que je préfère la vérité à la beauté. En 1984, l’ambassadeur du Liban au Maroc, Salah Stétié, également poète, m’avait proposé de lui soumettre mes écrits. Il m’a conseillé de me consacrer uniquement à l’aphorisme en y ajoutant le qualificatif poétique. Chose que j’ai faite bien que la «sagesse poétique» soit encore plus difficile. Ma première collection y était dédiée en 1989. Je l’ai faite à compte d’auteur. Pour l’heure, cette collection est rééditée, par la maison de la poésie et le ministère, dans mon recueil «Seuls comptent pour moi les êtres qui font preuve d’intempérance avec le ciel». De plus, mes aphorismes ont été traduits même par des Italiens.

Parlons un peu de poésie. Quel regard y portez-vous ?

J’ai une attitude très particulière vis-à-vis de la poésie puisque, bien que je l’aime et la pratique, je déteste qu’on la sacralise et je lui préfère de très loin la musique. Je ne peux pas concevoir la poésie si elle n’est pas imbibée des problèmes d’existence dont la mort, l’âme, l’amour, l’univers et la vie. Il y a même de l’astrophysique dans mon aphorisme. Pour moi, le miracle divin de la vie doit transparaître dans la poésie. A mon sens, l’Islam est la chose la plus importante qui soit. Pour ne pas vous cacher, j’ai payé le prix de mon attitude auprès de revues et maisons d’édition en France notamment. 

Le célébrissime poète mystique Rumi figure dans un tas de vos livres. Pourquoi un si grand intérêt à lui ?

Rumi m’intéresse parce que c’est un mystique absolu. Il m’intéresse aussi parce que dans sa poésie il y a la substance. Par exemple, dans mon livre « Rumi ou une saveur à sauver du savoir», ce sont des notes parfois aphoristiques. Ce livre en particulier est un ensemble de notes où il y a des écritures aphoristiques qui n’ont aucun rapport chacun avec l’autre. Outre Rumi, j’ai réalisé un livre qui s’appelle «Dieu est grand», édité au Liban. C’est un ensemble d’aphorismes dont l’extrême majorité fait la gloire de notre Créateur. Et ce n’est pas tout. J’ai d’autres fichiers inédits sur Rumi avec des annotations. Je n’ai, pour l’heure, aucun éditeur qui pourrait les prendre en charge.

Un dernier mot ?

Pour répondre à cette question, je vous donne un exemple sur moi-même. Je suis en train de prendre des notes pour un livre où je m’autoproclame critique de moi-même. Je ne sais pas s’il verra le jour ou non. C’est un travail auquel se consacrent normalement les critiques et hommes de lettres. Mais moi je m’arroge le droit de critiquer au sens scientifique du mot ma manière d’écrire qui est très particulière.

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Le rêve d’Abdelmajid Benjelloun

Après plusieurs publications et en pleine écriture, l’auteur n’a qu’un seul rêve : «faire éditer l’ensemble de mes livres», confie-t-il. Pour l’heure, son livre «Seuls comptent pour moi les êtres qui font preuve d’intempérance avec le ciel», qui comprend 7 ensembles dont un recueil de poèmes qui est paru à Paris en 1976 et 6 recueils d’aphorisme, constitue le premier tome de ses œuvres complètes en aphorismes. Outre ce recueil, le poète, également enseignant pendant un tiers de siècle, a un autre préfacé par Feu Abdelkébir Khatibi, son grand ami. Mieux encore, M. Benjelloun, également historien de formation, a une dizaine de livres d’histoire sur le mouvement nationaliste dans la zone Nord au Maroc. «J’ai vécu la colonisation. Aussi, toute ma thèse porte sur le nationalisme. Mes livres sur ce mouvement ont pris une quarantaine d’années de travail», ajoute l’auteur dont l’œuvre, qui aborde l’Islam et la science, fait l’objet de thèses et masters.

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