ALM : Dans vos peintures, le motif de la vague revient de manière récurrente. Seriez-vous obsédé par la mer ?
Mohamed Melehi : La vague dans le travail artistique est un motif très plastique. C’est le symbole du rythme par excellence. C’est un signe porteur d’une grande force plastique, parce que ce n’est pas la ligne droite, c’est le premier graphisme qui exprime une activité. Si on cherche dans l’histoire de l’Homme, on constate que l’Homme a toujours été frappé par des éléments qu’on trouve dans la nature, telle l’eau. Dans les premiers dessins de la tradition africaine, on trouve également que c’est une image de prédilection pour les créateurs qui voulaient exprimer quelque chose en mouvement.
Dans votre nouvelle cuvée, la vague prend la forme d’une femme. Quel lien trouvez-vous entre la femme et la vague ?
Dans un premier sens, les ondulations de la vague évoquent le mouvement féminin. Il y a une grande sensualité qui se dégage à travers ce mouvement. En ayant recours à cette métaphore, je voulais également toucher à un tabou qui a toujours été présent dans l’imaginaire arabo-musulman. Et puis, la vague signifie, dans notre jargon contemporain, tout ce qui renvoie à la mode. Or là, on constate que la femme est devenue un support de persuasion mercantile. On la trouve à côté de tout objet de consommation.
A travers vos toiles, on constate une forte présence des couleurs. Peut-on considérer que vous êtes un coloriste ?
Je suis coloriste dans la mesure où je suis inspiré par la grande tradition coloriste marocaine : artisanat, arts populaires, etc.
Né et élevé à Assilah, vous êtes aujourd’hui installé à Marrakech. Pourquoi avez-vous changé de cap ?
Marrakech me remet dans le parcours historique du Maroc. Etre voisin de l’Atlas, c’est une chose qui m’a toujours attiré. Marrakech reste un réservoir de la civilisation marocaine, que l’on peut vivre aujourd’hui à travers ses monuments, son tissu urbain. Quand je me rends à Assilah, c’est toujours pour renouer avec l’enfance et l’adolescence.