Culture

Mendil, chef-d’oeuvre du tissage dans la région des Jbala

© D.R

Dans la province de Fahs-Anjra, le mendil est toujours porté par la femme tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de chez elle. Considéré comme un chef-d’œuvre du tissage rural, ce produit de l’artisanat traditionnel, qui a connu des améliorations au cours de ces dernières années continue de faire la réputation des huit communes rurales que compte cette province. «Le lancement de grands projets dans cette province dont le complexe portuaire Tanger- Med a réussi à mieux faire connaître le mendil de ces communes rurales. La vente de ce produit demeure leur seule source de revenus», explique Mohamed Hamami, vice-président de la Chambre d’artisanat de la wilaya  de Tanger. Et d’ajouter que «Les habitants de ces communes rurales ont choisi de faire du mendil l’unique logo de leur province».
La majorité des habitants de la province Fahs-Anjra pratiquent le tissage du mendil. «Ce produit est considéré comme un patrimoine artisanal et traditionnel de cette province. La plupart des maisons y disposent d’une mrama pour le tissage du mendil. Et les hommes comme les femmes de cette province sont passionnés par cette activité. Ils la pratiquent presque chaque jour après avoir terminé leur travail aux champs. Le souk de Khemiss- Anjras qui se tient une fois par semaine, tous les jeudis, est devenu un lieu privilégié pour l’exposition et la vente de mendil», témoigne Jamila Iarbitin, membre de l’Union nationale des femmes du Maroc (UNFM) à Khemiss- Anjra, (l’une des huit communes relevant de la province Fahs- Anjra). Et de poursuivre que grâce au mendil, «le souk hebdomadaire de la commune rurale de Khemiss-Anjra a acquis une grande notoriété. Ce qui a amené particulièrement les femmes et les jeunes filles des différentes localités de cette commune à apporter beaucoup d’améliorations à ce produit d’artisanat rural». Avec ses rayures en rouge et blanc, le mendil complète la tenue vestimentaire traditionnelle de la femme dans la province de Fahs-Anjra. «La tenue féminine est constituée, dans les huit communes rurales, d’une fouta (grande serviette généralement de couleur banche), une chachia (chapeau) en paille et ornée de boules en laine rouge et verte ainsi qu’un mendil», dit Mme Iarbitin. Par ailleurs, le mendil est généralement porté autour de la taille de la femme. «C’est une tradition vestimentaire que gardent toujours les femmes dans la province rurale de Fahs- Anjra. Même les jeunes filles, qui poursuivent leurs études dans les grandes villes marocaines ou à l’étranger, tiennent à porter le mendil lorsqu’elles viennent passer leurs vacances dans leurs villages», indique Mme Iarbitin. Et de préciser que «le mendil des communes rurales de Fahs- Anjjra se distingue de celui des autres régions montagneuses au Maroc. Le mendil est fabriqué dans ces communes en coton et se distingue par ses grandes rayures. Tandis que celui des autres régions, dont la province de Chefchaouen, est réalisé en laine grenue (mharbel) et ses rayures sont plus fines». Avec le soutien de la Chambre de d’artisanat de la wilaya de Tanger et des ONG dont l’UNFM, les femmes et les jeunes filles de ces communes rurales ont participé à des stages de formation. Ces rencontres organisées notamment dans le cadre l’Initiative nationale pour le développement humain, (INDH) leur ont permis de perfectionner et échanger leurs savoir-faire. «La femme rurale est consciente de la grande valeur historique et artistique du mendil. Elle a ainsi contribué au développement de ce produit. Lequel est devenu multicolore mais garde toujours ses rayures rouges et blanches. Les femmes en ont réduit la taille pour en faire des serviettes de table. Ce produit de tissage est utilisé maintenant comme nappes, couvre-lits, etc», affirme Mme Iarbitin. Pour professionnaliser ce secteur, des femmes et des jeunes filles de cette province rurale ont créé des coopératives. «Les femmes mariées pratiquent cette activité dans dès premières heures du matin particulièrement après la prière du Fajr. Ce qui leur permet ensuite de travailler dans les champs, de s’occuper de ses enfants et de faire les autres travaux domestiques. Elles peuvent ainsi reprendre cette activité le soir», révèle Mme Iarbitin. La production du mendil ne nécessite que quatre heures de travail. «C’est pourquoi il ne coûte que 40 DH. Mais les mendils portés lors des fêtes et des grandes cérémonies de mariage, de baptême, etc, exigent beaucoup de temps et de travail. Ils coûtent plus de 150 DH», tient à rappeler Mme Iarbitin, avant de poursuivre qu’en plus de «sa valeur culturelle et traditionnelle, le mendil témoigne de la créativité de la femme dans ces communes rurales». Des localités rurales de Khemiss- Anjra sont réputées pour la production de ce type de mendil, porté lors des grandes fêtes telles Tafza, Mingrala, Béni Hlou ou Kalaâ. «Les mendils portés pour ces occasions sont toujours rayés. Mais ils sont fabriqués en laine fine. Et ils se distinguent par certains motifs brodés à la main en fils de soie», précise Mme Iarbitin. Et de faire remarquer que «Khassa demeure depuis toujours la broderie de prédilection pour ce type d’occasions. Il s’agit d’une autre technique de broderie réalisée aussi à la main, mais avec des fils dorés ou argentés et des fils de soie». Selon des membres d’une coopération de tissage à Khemiss- Anjra, le mendil est très prisé par les bazaristes et les vendeurs de produits d’artisanat. Il est beaucoup plus acheté par les touristes qu’auparavant. «Les communes rurales de Fahs- Anjra souffrent encore de problème de commercialisation de ce produit. Car les bazaristes et les vendeurs de produits d’artisanat s’en approvisionnent à bas prix dans des souks dont celui de Khemiss- Anjra. Nous appelons les responsables à intervenir pour faciliter la commercialisation de ce produit et lui donner sa juste valeur», conclut Mme Iarbitin.

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