Culture

Meryem Boussikouk : On peut montrer la sensualité du corps de la femme sans la dénuder

© D.R

ALM : C’est votre troisième participation à Caftan. Pouvez-vous nous parler de vos précédentes créations ?
Meryem Boussikouk : La première fois où j’ai pris part à Caftan date de 2011. Le thème choisi était le « Vogue Zaman ». C’était très intéressant, riche et inspirant. J’avais travaillé sur le vogue et le zaman et en même temps en utilisant des matières à l’ancienne avec des coupes très vogue. J’ai également utilisé les ceintures en corsé avec des tissus anciens sur une coupe contemporaine.  Pour ce qui est de l’année dernière,  le thème était fabuleux (« Le voyage d’Ibn Battuta », ndlr, ). J’avais  choisi quatre stations de son voyage dont l’Egypte. C’était donc une collection riche en ornement. J’ai également utilisé des ceintures et médaillons d’Egypte en y plantant des pierres semi-précieuses.  C’est un travail qui demande énormément de recherche sur l’époque sur laquelle on travaille, la culture et la civilisation de chacune des escales et voir comment on pourrait les mettre dans un moule plus contemporain.

Pensez-vous qu’à travers le temps, les Marocains apprécient mieux le côté artistique de vos créations ?
Les gens ont de plus en plus conscience de l’effort artistique, culturel et créatif que nous, stylistes, fournissons. Nous ne sommes plus de simples artisans à leurs yeux. La nouvelle génération aujourd’hui  assimile et adopte parfaitement l’idée de se confier à un styliste pour une commande à leur goût. L’ancienne génération, quant à elle, est beaucoup plus réticente, elle tient à ses tissus et caftans classiques. Ceci se respecte parfaitement parce que c’est vraiment grâce à eux qu’on en est là aujourd’hui. C’est eux qui ont conservé l’authenticité de ce caftan marocain dont l’écho  est devenu mondial.  Si l’on parvient à trouver un juste milieu sans effacer l’âme classique du caftan, ces gens là n’auront aucun mal à admettre cette évolution dans laquelle le caftan marocain s’est inscrit. Une chose est sûre, le beau et l’élégant ne peuvent qu’être appréciés.

Ces gens-là n’ont-ils pas raison dans la mesure où il y a un grand risque de dénaturer le caftan marocain ?
Les gens ont surtout peu du nu. Si l’on arrive à avoir quelque chose de libéré mais pas dénudé ça passe sans soucis.

Où se situent les frontières entre libéré et dénudés selon vous ?
(Rires), Ecoutez, elles sont très rapprochées.  Le rôle de l’artiste est de pouvoir passer sur ce fil –là sans tomber dans l’extravagance et la nudité qui sont à la fois contre nos principes religieux et traditionnels.  De toutes les manières, les gens apprécient quand c’est sobre et bien coupé. On peut montrer la sensualité du corps de la femme sans la dénuder.

Pourriez-vous nous parler de votre collection pour Caftan 2013 ?
C’est une collection qui correspond au thème. Ce sont des caftans très légers, fluides et bien travaillés. Il faut valoriser le travail des petites mains marocaines, nos artisans ont un savoir-faire exceptionnel et l’on doit leur rendre hommage.  Le travail des Mâalem est très présent dans nos créations, il en est de même pour les broderies et perlages.  Ce que je peux vous dire c’est que  ma création cette année s’inscrit dans le sensuel et le glamour. Après tout, une femme comme Oum Kalthoum, par exemple était très sensuelle et glamour sans pour autant être dénudée. C’était la belle époque, pourtant les robes étaient longues et les femmes étaient vêtues. Un vêtement, c’est d’abord fait pour vêtir.

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