Culture

M’hamed Bhiri dans tous ses états

Le 15 juillet 1972, à l’âge de 20 ans le jeune Tadlaoui (il est né à Tadla) M’hamed Bhiri (et pas Mohamed, il insiste) fait ses premiers pas timides à la RTM. Avec un ton mi-fier mi-nostalgique , il évoque cette époque et en conclut simplement «Eh oui, je vais bientôt fêter mes 30 ans de carrière.». En effet, M. Bhiri a bien marqué toutes les générations. Témoignage d’Abderrahmane Achour, directeur de la radio à la RTM : « C’est un éternel jeune, doublé d’un artiste-journaliste. Le plus étonnant, c’est qu’à chaque fois que je rencontre des personnes, toute génération confondue, je les entends dire : Bhiri ! Je l’écoute depuis que je suis tout jeune.». Après des milliers d’heures d’antennes, après avoir rencontré tant de personnalités d’ici et d’ailleurs, aujourd’hui encore, à la radio, M’hamed Bhiri, notre Michel Drucker national n’est pas en reste et continue de nous surprendre et de nous réveiller tout en douceur… Rétrospective. 1972, Bhiri déma-rre en lançant les premières émissions de variétés au Maroc. La radio est une vielle dame, elle existe déjà au Maroc depuis 1928. Pour M’hamed Bhiri, «il y a 30 ans, c’était tout un art de réveiller les gens en musique. Il fallait faire un choix judicieux avec une sensibilité particulière pour accrocher le public. Et dans les années 70, on était déjà très à la page au niveau musical.». A l’époque, le jeune Tadlaoui avait introduit un style inédit à la radio mêlé d’impertinence avec déjà le timbre de voix charmeur que l’on connaît… Et aujourd’hui encore quand on écoute Intermatin du lundi au vendredi de 7h10 à 8h30, M’hamed Bhiri dénote. Proximité, convivialité sont les maîtres mots de son émission radiophonique. «J’essaie de mettre les bouchées doubles pour que les gens se sentent concernés par ce qui se passe et démarrent leur journée en douceur. Et j’essaie surtout de faire de la radio non rigide.». En pratique, ça se traduit par un côté bien zen, sans contrainte de timing, sans coupure publicité. Juste un moment info-rmel, non académique où les auditeurs peuvent se détendre tout en puisant dans la mine d’informations de l’émission, celles qui les intéressent pour rester à la pointe de l’actualité. Pour son émission, 5 à 8 intervenants par matinée prennent la parole de manière fluide. Ces interventions sont ponctuées par des coupures sketches en arabe ou en français mais aussi par des chansons dont le choix est aussi surprenant qu’agréable (M. Bhiri puise dans tous les répertoires : bulgare, arabe, ouzbék…). L’auditoire d’Intermatin est d’ailleurs très hétéroclite : toutes les nationalités mais aussi toutes les classes sociales, du diplomate à l’ouvrier en passant par les grands décideurs… Bhiri a même fait des fans hors de nos frontières dans le cadre d’un échange d’animateurs entre l’Algérie et le Maroc en 1973. Dans son émission, il y en a pour tous les goûts : de la variété à la culture en passant par le sens étymologique des mots… Cette dernière rubrique a d’ailleurs eu un succès phénoménal. Et enfin, une revue de presse matinale internationale. Actualité oblige. Ainsi, pendant la guerre en Afghanistan, l’émission a été mise au goût du jour : liaisons directes avec la rédaction francophone télévisée, avis des spécialistes et des observateurs mis en avant…
Pour la petite histoire M’hamed Bhiri joue tellement la carte de la proximité qu’il l’a poussée à l’extrême en habitant à moins d’une minute de son lieu de travail qui se situe au, 1 rue Brihi à Rabat, une rue que l’on a tendance à appeler rue Bhiri. Mais pour M’hamed la radio avant d’être un don, c’est aussi et surtout « le résultat d’un travail de longue haleine qui s’apprend au quotidien et qui se cultive.». Et la radio, ça le connaît ! Une expression qu’il aime répéter: «Je suis passé par tous les tons de l’arc en ciel en radio du noir et blanc à la couleur.». En tout cas un chouette arc-en-ciel bien de chez nous qui n’a sûrement pas fini de nous surprendre.

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