Culture

Mohamed Kabbaj, un homme au grand coeur

© D.R

D’apparence, c’est un petit bout d’homme. Petit de taille donc, mais massif et trapu. C’est le genre d’hommes qui pèsent, au propre comme au figuré. Homme d’affaires, il compte à son actif une dizaine d’usines de textile : « Soft Groupe ». Un groupe qui cristallise à lui seul le gros des exportations de textile vers l’Europe, mais aussi vers le Moyen-Orient. Pas de miracle, le sérieux finit par payer. Le travail aussi. En dépit de la crise qui frappe son secteur, attribuée au « tsunami » chinois, Haj Kabbaj est resté heureux.
Il fait contre mauvaise fortune bon cœur. Or, du cœur, Haj Mohamed Kabbaj en a. A revendre. Homme d’affaires, il est aussi et surtout un homme de partage. Son nom est associé au principal des actions caritatives dans le pays.
La dernière en date : la construction du pôle des maladies cardio-vasculaires au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd de Casablanca, inauguré, mardi dernier, par Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Un geste royal accueilli par Haj Mohamed Kabbaj avec beaucoup de fierté. «Nous sommes heureux que Sa Majesté le Roi donne de la valeur et encourage l’esprit de civisme », se réjouit-il. Autre motif de joie, et pas des moindres : «Un médecin-chef au CHU m’a dit qu’ils ont déjà réalisé, dans le bloc fraîchement inauguré, des opérations chirurgicales très importantes qui ont sauvé des vies », se félicite-t-il.
Pour ce bienfaiteur, la vie d’un être humain n’a pas de prix. Peu importe les 15 millions de dirhams qu’il a déboursés pour la construction du pôle des maladies cardio-vasculaires, ce qui compte, c’est la vie des compatriotes. Peu importe, également, les efforts qu’il a fournis pour suivre de près les travaux de construction, un an de travail patient, il s’agit avant et après tout de sauver des âmes. C’est ce qui explique l’intérêt que Haj M. Kabbaj porte particulièrement à l’action médicale.
Outre le pôle des maladies cardio-vasculaires du CHU de Casablanca, ce bâtisseur a construit, il y a déjà six ans, un hôpital à Sidi Bernoussi. Ce fut au temps où Abderrahim Harouchi, l’oncle de Haj M. Kabbaj, était ministre de la Santé. Pour cette œuvre, plus de huit millions de dirhams avaient été octroyés par le mécène. Et ce n’est pas fini… A la question de savoir quels seront ses prochaines actions de mécénat, Haj M. Kabbaj répond: « Nous avons l’intention de construire un service de psychiatrie et de neurologie au CHU de Casablanca », annonce-t-il. Remarquons que le principal des actions caritatives de Haj M. Kabbaj porte sur les services médicaux. Pourquoi alors tout cet intérêt? «Je veux soulager, du mieux que je peux, les douleurs de mes compatriotes », répond-il, altruiste, en souhaitant que ses enfants, au nombre de quatre, «suivent le même chemin pour donner l’exemple ». « Dans la vie, ajoute-t-il, il faut laisser des traces». Haj M. Kabbaj a creusé son sillon, il compte maintenant semer la bonne graine.
Préparer la relève, comme on dit. Au-delà des enfants de Haj M. Kabbaj, ce sont tous les Marocains aisés qui devront prendre l’exemple. Pour le bien du pays. «Tout ce qui est bien pour le pays est bien pour nous », a-t-il clarifié. «Que l’on cesse de se rejeter la balle, le bien du pays est la responsabilité de tout le monde », a-t-il précisé. L’Etat ne peut à lui seul investir dans la santé des compatriotes, tout le monde est également concerné. Mais voilà, plusieurs hommes d’affaires de chez nous rechignent encore à investir dans les œuvres de charité.
Ce qui nous édifie sur un manque notable de civisme. Il y a au Maroc des gens qui ont beaucoup de moyens, mais trop peu de qualités citoyennes. Un comportement qui ne correspond pourtant pas à la culture de générosité, d’entraide et autres valeurs sur lesquelles notre pays a établi une réputation ancestrale. Quand on constate que, aux Etats-Unis par exemple, il y a des centaines de milliers d’associations qui se bagarrent pour faire du bien, qu’en Europe également, la vie d’un animal vaut de l’or ; de ce côté, on a de la peine à imaginer que l’avarice continue d’avoir la peau dure.
Peut-être cela est-il dû, sauf ignorance totale, à un déficit de culture. Interrogé sur ce point, Haj M. Kabbaj nous a dit qu’il ne suffit pas d’avoir de l’argent pour devenir mécène.
«Le mécénat, c’est comme un sport. Une fois on s’y habitue, on ne peut plus lâcher».
Né en 1943, à Fès, dans une famille de huit enfants (trois sœurs et quatre frères), Haj M. Kabbaj dit avoir été beaucoup influencé par son père Haj Abdellatif Kabbaj, qui fut lui aussi un mécène connu et reconnu. Pour la famille Kabbaj, le mécénat est devenu une culture qui se transmet de père en fils. Pourvu que d’autres prennent l’exemple…

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