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Mohamed Fariji : «Mon objectif consiste à réécrire notre histoire d’une manière artistique»

© D.R

Entretien avec Mohamed Fariji, artiste contemporain

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On va travailler pendant trois ans sur les quartiers périphériques de Casablanca comme Sidi Moumen, Douar Mkanssa ou Sidi Maârouf. Le projet propose au cours de chaque mois avec la participation des jeunes de ces quartiers des résidences d’artistes, des journaux de chaque quartier ou des bandes dessinées.

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ALM : Dans le cadre de l’événement «Dabaphoto 3», vous présentez actuellement aux côtés d’autres artistes le Musée collectif de Marrakech, qu’est-ce qui distingue ce projet artistique ?

Mohamed Fariji : «Le 18» (espace culturel à Marrakech, ndlr) m’a invité pour travailler sur le Musée collectif de Marrakech. Ce projet s’inscrit dans le prolongement de mon exploration des «espaces mémoriels» de lieux publics mythiques de Casablanca comme l’ancien Aquarium de Casablanca et le Parc Yasmina. C’est un musée citoyen de la mémoire collective des villes. Il accueille particulièrement des objets et documents sur le point de disparaître, retraçant ainsi une histoire de ce qui aurait pu ne plus être. Il consiste en une série d’actions participatives de récupérations, recherches et collecte de documents, archives, photographies, objets, films et autres mémoires et traces de la vie urbaine (gares, usines, marchés, etc.). Ce musée rassemble également de la vie intime et quotidienne des familles (fêtes, sorties, etc.), et d’anciens espaces publics de loisirs et éducation (parcs d’attraction, piscines, aquarium, écoles, cinémas, zoos, etc.), aujourd’hui oubliés, disparus, fermés, abandonnés ou risquant la démolition. Ce projet a commencé par des ateliers de sensibilisation avec les participants. Ceux-ci sont invités à amener, à partir de leurs propres archives personnelles, objets et documents (photos, cartes postales, lettres, tickets, carnets…), témoignages de la ville, de sa mémoire, de dynamiques urbaines et sociales qui l’ont caractérisée, mais qui sont en voie de disparition ou d’oubli. Suite à cette phase, une action de recherche, documentation et collecte, exploitant différents médiums (photo, vidéo, prise de son) sera développée. Les résultats des discussions, des actions de collecte, de documentation, de recherche et le travail sur les archives personnelles des participants ont composé une installation, une vitrine de la ville, qui fait partie de l’exposition Dabaphoto 3 qui s’est ouverte 16 septembre. En parallèle de ce projet et en compagnie d’autres artistes à l’instar de Jake Mc Carthy Wiener et Abdellah Hassak, nous présentons «Bekkala». C’est une épicerie de quartier, déplacée dans son intégralité (avec ses produits, son mobilier et les effets personnels de l’épicier), de Nouakchott pour rejoindre le Musée collectif. L’installation s’accompagne d’une création sonore de Abdellah Hassak et d’images tournées en super 8 par Jake Mc Carthy Wiener lors du périple, de Casablanca à Nouakchott. Ce déplacement d’une Bekkala alors même que l’importation de nourriture est interdite a fait l’objet d’une intense discussion sur la portée artistique et patrimoniale du projet Musée collectif avec les autorités aux différents postes-frontières traversés.

Vous avez investi la ville de Casablanca, puis la ville de Marrakech, pensez-vous le faire dans d’autres villes ?

Il y aura un projet culturel à Casablanca. J’ai choisi cette ville parce que je suis casablancais et cela m’a beaucoup inspiré peut-être. On va travailler pendant trois ans sur les quartiers périphériques de la ville comme Sidi Moumen, Douar Mkanssa ou Sidi Maârouf. Le projet propose au cours de chaque mois avec la participation des jeunes de ces quartiers des résidences d’artistes, des journaux de chaque quartier ou des bandes dessinées. Cela à travers l’association de chaque quartier d’une manière temporaire. On va proposer le Parc Yasmina comme lieu d’exposition.

Votre pratique artistique souvent engagée et citoyenne, quelles seront vos prochaines réflexions?

Si on réalise au cours de ces trois années prochaines ce projet que j’ai cité, on va arriver à concevoir la mémoire de chaque quartier. Mon objectif principal à travers ce projet est de négocier l’archive au Maroc ainsi que de réécrire notre histoire d’une manière artistique.

Vous avez fondé l’Atelier de l’observatoire. Quel est son rôle ?

C’est une réflexion qui est née à partir du manque des initiatives liées à l’art contemporain. Cet espace a pour rôle d’accompagner les jeunes lauréats de l’école des beaux-arts. Il s’agit d’un accompagnement à tous les niveaux. Comme ils peuvent devenir des porteurs de projets aussi et s’ouvrir sur d’autres horizons à l’échelle nationale et internationale. On travaille sur plusieurs projets dont «Madrassa» qui s’’inscrit toujours dans le cadre du Musée collectif. On a pu collecter des archives concernant l’école primaire Ibnou Abbad, sur le boulevard Ziraoui à Casablanca. On a mené une action de récupération d’objets, photographies de classe, mobilier, cartes géographiques, livres et revues scolaires et autres «souvenirs», témoins d’années de vie d’un espace public qui a vu défiler des milliers d’écoliers casablancais.

Quel regard portez-vous sur l’art contemporain au Maroc?

Je peux dire que ça bouge. Il n’y a pas mal de choses qui se réalisent au Maroc, beaucoup aussi d’initiatives pour mettre en œuvre l’art contemporain.

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