Il était habillé en blanc, tout en blanc, y compris sa paire d’espadrilles immaculées. Le public l’attendait. Il le connaît. Qui ne connaît pas d’ailleurs son succès « Yéké Yéké » ? Il s’agit du chanteur guinéen Mory Kante auquel le public a fait un accueil triomphal. Plusieurs personnes portaient des luminaires. La moindre des curiosités de cette soirée consistait à voir des femmes, dont certaines sexagénaires, habillées en djellaba et résolues à faire la fête. Mawâzine, c’est aussi cet air de fête dont les gens ont soif. De ce point de vue, l’on peut dire que la grande scène, celle qui attire le plus de monde, parce que les autres spectacles sont réservés aux personnes munies d’invitations, aura comblé un vide certain en matière de grands spectacles à Rabat. Ce festival aura permis de voir de près des stars qui se produisent rarement en Afrique. Kante en est une.
Equipé de sa Kora, ce mystérieux instrument à cordes traditionnel, ce chanteur n’a pas déçu les milliers de personnes qui se sont déplacées pour le voir. Sa musique basée sur le mariage du moderne et du traditionnel mêle surtout les rythmes de la percussion aux sons de l’orgue. Les percussionnistes étaient nombreux. L’un d’eux revêtait une peau de léopard. Les sons qui sortaient de son tam-tam plongeaient les spectateurs dans l’Afrique profonde. Ce public criait « Africa, Africa… » à l’adresse de Kante et son groupe.
Le chanteur lui a répondu par ce bel hommage : « Rabat, c’est formidable ! C’est magnifique ! » Le show de Kante n’aurait pu être complet sans le numéro qu’il a fait avec ses lèvres. La variété de sons qu’il produit par la seule grâce de ses lèvres ne peut être égalée par aucun instrument à percussion.