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Le charme de partager sa passion pour la musique avec les Rbatis : Un trio joue dans la rue

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«Entre ceux qui se contentent de toiser le trio et ceux qui applaudissent les musiciens après leur show sur l’avenue Mohammed V, les réactions ne manquent pas. «J’espère que les badauds ne prendront plus le street art pour une mendicité parce que par là nous évitons l’idée de tendre la main…»

Trio-rbatis-musique-rueIl est inhabituel de voir à Rabat, connue pour le sérieux de ses habitants dont certains sont monotones, des musiciens jouer dans la rue contrairement à d’autres villes à l’instar de Marrakech et Meknès connues pour l’art de la «halqua». Pourtant trois jeunes, entre autres groupes, ont choisi de le faire dans la capitale après avoir sillonné un certain nombre de villes de par le Royaume. La passion étant leur point commun bien que chaque membre du trio qu’ALM a rencontré ait une histoire différente. Echange avec les musiciens qui se sont prononcés sur l’idée de jouer de la musique sur l’avenue Mohammed V et le quartier Agdal dans la capitale administrative, les raisons qui les ont incités à procéder ainsi, voire les gênes qu’ils subissent pendant leur show dans la rue.

Fernando, Jimmy et les autres

«L’idée est née quand je me déplaçais avec des amis pour avoir de l’argent en jouant de la musique dans les artères d’autres villes», révèle à ALM Hamza Lamrani, guitariste dans le groupe, en précisant que le premier à jouer dans la capitale il y a un an s’appelle Fernando. Au fil du temps, celui-ci, issu d’Amérique Latine, s’est entouré de jeunes pour jouer ensemble sur les avenues rbaties. «A voir cette expérience, je me suis dit pourquoi ne pas faire pareil au lieu de chômer !», détaille Hamza, alias Jimmy, âgé de 21 ans, en rappelant avoir grandi dans un entourage artistique puisque son père était musicien et son oncle l’est toujours. «Ainsi j’ai appris à jouer de la guitare pour finir par apprendre la musique en tant que moyen me permettant de vivre», enchaîne Hamza qui habite Salé et dit avoir une prédilection pour la musique au détriment des études qu’il a décidé d’abandonner après l’année du baccalauréat. «Je ne me concentrais pas sur les cours de par mes voyages fréquents», ajoute le jeune musicien. Anass Chaâra, également guitariste dans le groupe, lui a emboîté le pas. «Après avoir eu mon diplôme en gestion, je me suis inscrit à la faculté. Par contre, je me concentre, pour l’heure, sur la musique car je me retrouve dedans», indique Anass, également guitariste dans le groupe. Quant à l’instrument qu’il joue, il l’a appris au conservatoire national de musique à l’Agdal. Par contre, Anass, âgé de 24 ans et habitant à Rabat, était le dernier à rejoindre le groupe. Entre-temps, l’idée de jouer de la musique dans la rue a germé davantage.
Chapeau magique

Avant qu’Anass ne rejoigne Hamza, un jeune appelé Adam Ziani, âgé de 22 ans, l’a fait. «J’ai rencontré Jimmy par le biais d’un ami à Salé. Celui-ci m’a proposé de rejoindre un groupe auquel il ne manquait qu’un violoniste !», se souvient Adam qui apprécie à son tour l’idée de jouer dans la rue et qui dit avoir de bons échos à propos de l’alliage des cordes du violon à celles de la guitare. «Le jour où j’ai rencontré Hamza, j’ai appris que je n’ai pas validé toutes les matières du 5ème semestre en droit public. Alors j’ai culpabilisé parce que c’est mon père qui me donnait de l’argent pour le transport pour aller à la fac. Le seul projet en vue était, après avoir tenté de chercher un job, de faire un chapeau magique en concertation avec Jimmy», précise Adam en rappelant que l’idée du chapeau magique, apparue en Californie, lui a également été soufflée par Hamza après avoir vu des jeunes faire pareil sur une avenue rbatie.

De l’argent et de l’admiration mais des gênes aussi  

Avant de commencer à jouer, les jeunes déposent une housse de manière à ce qu’un badaud s’arrête pour écouter la musique qu’ils jouent au cas où celui-ci est intéressé. Tel est le cas des citadins aperçus par ALM lors de l’échange avec le groupe qui joue de l’occidental, de l’oriental et du marocain à sa manière en changeant de style et en l’adaptant à ses instruments.

Entre ceux qui se contentent de toiser le trio et ceux qui applaudissent les musiciens après leur show sur l’avenue Mohammed V, les réactions ne manquent pas. «J’espère que les badauds ne prendront plus le street art pour une mendicité parce que par là nous évitons l’idée de tendre la main. Nous posons notre housse par terre en laissant le choix aux citadins entre la monnaie et le simple plaisir à nous écouter», estime Jimmy en précisant que le budget récolté va de 50 à 60 DH pour chacun.

Une somme qui est susceptible de s’élever à l’Agdal. Les propos autour des embarras sont partagés par Anass et Adam qui précisent que les gênes émanent également des propriétaires de magasins qui les chassent quand ils s’arrêtent devant l’un d’eux.
«Les agents de sécurité nous recommandent de cesser de jouer pendant les manifestations», enchaîne Hamza. Quoi qu’il en soit, le  chapeau magique est une bonne idée, voire une solution pour ces jeunes.
Au-delà de l’argent…

«Pour ma part, cette expérience m’a permis d’avoir des offres à l’instar de donner des cours à d’autres jeunes. Elle m’a également offert la possibilité de louer une maison à la médina de Rabat avec d’autres amis parce que j’habitais Salé. Le chapeau magique me permettra aussi d’acheter un chevalet électrique entre autres», confie Adam qui a étudié du solfège à la Base militaire contrairement aux conservatoires dont certains n’assurent pas, à ses yeux, une formation de qualité. A son tour, Jimmy, qui joue également de la basse, veut acheter du matériel à partir du budget récolté pendant la journée.
Dans l’ensemble, le trio désire gagner en maturité musicale pour lancer des morceaux. Pourquoi pas !

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