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Le malhoune, un art qui ne veut pas se transformer en nostalgie

© D.R

Son champ d’exercice et de diffusion est un peu réduit

Le malhoune est un art ancestral marocain par excellence. Un patrimoine d’une valeur inestimable. C’est un fils du désert, étant donné que ses racines se trouvent au Sahara marocain et qui a plus de quatre siècles d’existence.  Définie comme étant de la poésie populaire illustrant le don et la grande inspiration chez des poètes marocains, avec des paroles dialectales bédouines, la «qcida» est souvent composée de mots en musique et en lettres. Cela va sans dire que  le malhoune fut à l’origine de la création d’un vaste mouvement intellectuel fondé sur la liberté de la pensée et du propos à travers lesquelles des sujets divers et tabous étaient traités sur la base du verbe anodin.  Mais de nos jours, il semblerait que l’on ne s’y intéresse plus comme avant. Son champ d’exercice et de diffusion est un peu réduit.

Un avenir incertain ?

Saïd El Meftahi, une des figures de proue du malhoune et élève de Feu  Haj Houcine Toulali, installé depuis quelques années en France, se montre plutôt sceptique à l’égard de l’avenir de cette musique.  «Le malhoune n’a pas  la  place qu’il mérite. Les médias, les intellectuels, les chercheurs semblent ne plus s’occuper de cet art. Il n’existe pas  d’émissions dédiées à ce genre musical. De même, on constate que  les festivals et les manifestations qui lui sont consacrés deviennent  de plus en plus rares», regrette-t-il. Outre son absence des médias, le malhoune connaît un ensemble de contraintes. «Ce patrimoine est délaissé par le ministère de la culture. Il ne lui accorde pas d’importance. D’ailleurs, aucune subvention ne lui est réservée». Pour sa part, Sanaa Marahati,  jeune chanteuse du malhoune, est également inquiète de l’avenir de ce genre musical. «Je peux dire que le malhoune est encore vivant grâce à ses mélomanes». De plus, les citateurs de Malhoun sont très peu sollicités par les producteurs de spectacles, ou les festivals. «Aujourd’hui, les organisateurs des festivals cherchent uniquement les voix qui peuvent attirer un grand nombre de publics et qui peuvent créer le buzz», déplore-t-elle. De plus, il est une vérité que les artistes ne peuvent pas vivre uniquement du  Malhoune. Ils sont obligés d’exercer un autre métier.

Qui assure  la  relève ?

Le déclin qui se pressent à cet égard s’est accentué par la disparition de grands noms qui l’ont porté très  haut et qui ont  pu conduire le malhoune jusqu’aux grandes scènes internationales. A l’instar  de Touhami Lharouchi, Haj Bouzoubaâ, Benghanem, Guennoun, Boucetta, Ghazali  ou El Houcine Toulali… des artistes  irremplaçables. Cependant, il faut reconnaître qu’il existe des jeunes artistes qui ont réussi à ressusciter le malhoune avec leur propre style. «Le malhoune est un genre littéraire et toujours objet de régénération sauf qu’il faut respecter les règles basiques établies par les chyoukh de malhoune», explique M. Meftahi. Parmi ces jeunes artistes ayant choisi de renouveler le malhoune avec leur propre style. On retrouve  Radouane Al Asmar. Celui-ci a pu  avoir un succès avec la chanson «Naker Lehssan».  Outre ce chanteur, il y a lieu de citer le groupe H-Kayn.  Cette formation de rap a pu fusionner le rap avec  le malhoune, par l’adaptation de la «qasida Naker Lehssane».

D’autres nostalgiques  sont également attachés à la sauvegarde de ce patrimoine. Citons comme exemple le travail de Fouad Guessous. Cet écrivain et poète qui est le premier à avoir traduit en français un recueil de Qaçaied intitulé «Le malhoune dans la langue de Molière». Il y a moins de dix ans, il s’est attaché avec passion à la traduction d’une centaine de Qaçaied. Outre ce chercheur, on retrouve des thèses de doctorat menées sur le malhoune. C’est le cas de la jeune Fellahi Salma. Celle-ci a pu effectuer une thèse sous le thème  «La poétique du malhoune marocain». Cette recherche met l’accent sur l’origine du malhoune, ses influences et  ses particularités poétiques.

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