Musique

Quatre jours dans le monde de la transe et de l’irréel

© D.R
A Essaouira, il y a un mystique naturel qui souffle dans l’air, comme dirait Bob Marley. Que ce soit sur les deux grandes scènes du festival, dans les zaouias qui ont accueilli des concerts intimistes, ou même dans les rues et ruelles de la ville, l’atmosphère porte les visiteurs dans un univers spirituel, marqué par le rythme des krakeb et des guembris, chanté par des voix venues des quatre coins du globe. La 18ème édition du Festival gnaoua et des musiques du monde d’Essaouira qui a animé la ville depuis le 14 mai s’est clôturée en apothéose hier soir, avec une collaboration exceptionnelle entre le Maâlem Guinea et le batteur Karim Ziad. Récit d’une aventure musicale irréelle.
 
«C’est notre deuxième nuit à la belle étoile, nous sommes venus de Casablanca pour la musique, pour les rencontres et pour l’ambiance», nous racontait Mehdi vendredi soir, un jeune hippie de 22ans qui a quitté le quartier de Sidi Moumen à la recherche d’une expérience unique. «C’est la quatrième fois que je viens au festival, je connais les rues d’Essaouira par cœur», a-t-il ajouté en installant son sac de couchage près de la scène de la place Moulay El Hassan. Mehdi, n’était évidemment pas seul. Le nombre de jeunes qui ont fait du festival un rendez-vous annuel ne cesse d’augmenter. «C’est le plus grand rassemblement de Rastamans au Maroc depuis le concert de Ziggy Marley à Mawazine en 2008», nous assure Mehdi tout sourire.     
 
Jeudi, dans une ambiance festive et une météo clémente, la ville se préparait à accueillir les festivaliers. Les scènes déjà en place, la traditionnelle parade des groupes gnaoua a sillonné les artères de la ville des alizés, tandis que le Maâlem, aujourd’hui mondialement connu, Hamid El Kasri, préparait une fusion inédite avec l’une des icônes de la musique classique indienne, Humayun Khan. Pour le public, qui s’est formé petit à petit sur la place Moulay El Hassan, cette collaboration a dépassé toutes les espérances. Si le disciple du célébrissime Fateh Ali Khan mêle poésie perse et raga classique indien sur un fond d’harmonium et de cithare, les chants spirituels et l’accompagnement du guembri de Hamid El Kasri ont pu réellement transporter l’assistance.
 
Ce concert n’était que le début. Interrogé sur le moment fort de cette édition, Meredith, une cinquantenaire américaine venue de Chicago en compagnie de son mari, nous répond que «Hindi Zahra était LA révélation de cette édition». L’artiste amazighe a enchaîné certains de ses classiques tels qu’Imik Simik ou Beautiful Tango, et des chansons de son nouvel album comme «Any Story» dont le clip a été tourné à Essaouira. Son premier concert dans la ville a été marqué par une surprise inattendue, la montée sur scène du jeune Mehdi Nassouli, l’un des prodiges de la fusion Marocaine. «She rocks!», nous assure l’Américaine. «Nous avons aussi assisté au concert du Maâlem Abdenbi Gueddari à Dar Souiri, je n’ai jamais autant été subjuguée par une musique», continue Meredith, nous expliquant que c’est sa première visite à Essaouira et qu’elle compte absolument revenir lors des prochaines éditions.
 
L’engouement pour le festival d’Essaouira à l’étranger ne date pas d’aujourd’hui. «Chaque année, nous avons de plus en plus de personnes de partout dans le monde qui nous appellent des semaines à l’avance pour réserver leurs places», assure Hicham El Kabbaj, coordinateur artistique du festival. Une promenade dans les rues de la ville peut, à elle seule, témoigner du brassage des langues et des cultures que vit la ville pendant cette période. En quittant la ville d’Essaouira, celle-ci semble déjà vous donner rendez-vous pour une prochaine édition avec la promesse de quatre jours de musique, de création et de mysticisme.
 

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