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Rachid Oudghiri: «Une chorale d’enfants pour la musique arabo-andalouse»

© D.R

Entretien avec Rachid Oudghiri, professeur de musique

ALM : Comment vous présenterez-vous aux lecteurs ?

Rachid Oudghiri : J’ai étudié la musique au conservatoire de Fès et appris celle arabo-andalouse chez les vétérans de ce patrimoine. J’ai approfondi mes connaissances en madih et samaâ dans les zaouias. J’ai obtenu des certificats et prix en Inchad et participé en tant que chanteur du palais dans la série syrienne «Rabie Kortoba». Pour l’heure, je suis professeur de chorale en patrimoine marocain. L’an dernier, j’ai monté la plus grande chorale au Maroc composée de 600 enfants dont l’âge va de 6 à 12 ans. Cette année, j’ai reproduit la même expérience avec des enfants plutôt âgés entre 4 et 6 ans. J’ai fait ce choix parce que les enfants n’ont aucune connaissance de leur patrimoine. Cette initiative permettra de créer une génération intéressée par cet art tout en ayant un goût artistique noble et en faisant la différence entre les musiques et les paroles qui y sont véhiculées. Cela permettra aussi à ces enfants de mieux connaître la langue arabe.

Pourquoi avoir consacré cette expérience aux seuls enfants ?

C’est parce que je me souviens de moi-même quand, à l’âge de sept ans à peu près, ma mère m’a emmené au conservatoire. Quand j’ai appris la musique arabo-andalouse, je l’ai appréciée. Alors, je me suis dit que si j’apprenais à ces enfants ce patrimoine dans un style développé par rapport à celui que j’ai reçu au conservatoire, ils auront le même sentiment et apprécieraient davantage cette musique. En même temps, ils ont appris la poésie, les compositions et les paroles de valeur parce que la musique arabo-andalouse est un art spirituel qui développe le goût artistique. Et comme vous le remarquez, les enfants sont, de nos jours, crispés. Or, ceux qui ont appris cette musique, qui comprend également des paroles divines, la fredonnent tout en ayant l’âme paisible. 

A quand une promotion de cette chorale?

Déjà, au Maroc, aucun intérêt n’est hélas accordé à la musique de l’enfant. Normalement, celui-ci a un esprit ouvert capable de tout capter y compris la musique arabo-andalouse dont la poésie et les mesures sont très difficiles.

D’ailleurs, les parents des enfants que j’enseigne sont émerveillés parce que ceux-ci interprètent des chansons faites par des vétérans. Et pour répondre à votre question, dans ce projet de chorale, je n’ai eu que le seul soutien de Mounia Skalli, directrice d’une école privée à Casablanca. J’avais déjà cette idée quand j’étais au conservatoire qui ne me permettait pas d’avoir une immense chorale d’enfants. C’est pourquoi j’ai eu recours aux écoles dont celle de Mme Skalli qui a vivement apprécié cette idée. De plus, j’ai frappé à plusieurs portes, mais je n’ai eu aucune réponse par rapport à ce projet destiné aux enfants qui interprètent du patrimoine.

Qu’en est-il des festivals ? Vous n’y avez pas postulé ?

En fait, le projet a démarré en 2016. Pour l’instant, je travaille aux côtés des enfants et Mme Skalli sur des spectacles que nous faisons découvrir. En même temps, nous y invitons des responsables et pourtant personne ne répond à notre invitation sous prétexte que le concert n’est donné que par des enfants !

Quelles seraient, selon vous, les démarches adéquates pour promouvoir la chanson dédiée à l’enfant ?    

Si les médias y accordent un intérêt et sont ouverts à des propositions à propos de la chanson de l’enfant, ce sera un acquis.

Comment gérez-vous une chorale grandiose ?

D’abord, quand on amadoue un enfant, on se l’approprie et il partage le même sentiment. Par la suite, je travaille selon un programme dont chaque séance est dédiée à une mélodie déterminée et appropriée à l’enfant. Chose qui l’encourage à se mettre en symbiose avec cette mélodie enseignée. Par exemple, l’an dernier, j’ai opté pour la mesure «Al Insiraf». Cette année, j’apprends aux enfants les «sanâa» des vétérans qu’ils interpréteront lors d’un concert organisé par l’école où ils étudient. Quant à la manière de procéder, je travaille par groupes. Chacun ayant sa séance. Il est impossible d’enseigner à 600 enfants à la fois. Quand le cours est assimilé par ces enfants, je les rassemble en chorale.

Que pensez-vous de la formation musicale dispensée dans les conservatoires du Maroc ?

Il y a une évolution en enseignement dans les conservatoires où de jeunes professeurs dispensent des cours avec un nouvel encadrement. Ces professeurs ont, à leur tour, reçu une formation développée. Par contre, la musique de patrimoine n’occupe pas une place importante dans les conservatoires. A propos de cette musique, la formation qui y est offerte aux enfants en musique arabo-andalouse ne leur est pas adaptée. Il serait préférable que ce programme soit allégé pour que l’enfant les assimile et apprécie.

Quelles sont vos ambitions par rapport à ce projet de chorale ?

Je voudrais battre un record mondial par une chorale composée d’un grand nombre d’enfants de bas âge qui n’ont aucune idée du patrimoine musical marocain. Dans ce sens, j’aspire aussi à être inscrit au Guinness. Ce sera un honneur pour moi et mon pays. J’espère aussi que ce projet trouvera de bons échos auprès des responsables.

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