Culture

Mustafa Ziraoui : «Il faut dédramatiser»

© D.R

ALM : Vous venez de réaliser vos trois courts-métrages réglementaires. Vous voilà donc officiellement réalisateur ?
Mustafa Ziraoui : Non, pas encore officiellement parce que je n’ai pas demandé ma carte au CCM. Pour la simple raison que ça n’est pas mon souci premier.

Quel est donc votre souci premier ?
C’est de faire tourner ma maison de production, «Taj Intaj». Concrètement, cela passe par la concrétisation des projets de films déposés à la RTM et à 2M. Il y a aussi et surtout ce projet de premier long-métrage qui sera écrit et réalisé par moi-même.

Racontez-nous !
En fait, l’histoire que je me préparais à écrire était celle d’une jeune fille issue d’un milieu défavorisé et qui se découvrait un don extraordinaire pour la danse. Mais la famille de la jeune fille n’aurait pas approuvé qu’elle en fasse son métier et la jeune fille aurait persisté dans sa volonté, au point que son frère aurait fini par la tuer ; une sorte de crime d’honneur au nom de la bonne réputation. Mais des amis que j’ai consultés m’ont fait observer que le contexte social était déjà assez extrémiste en matière de mœurs, qu’il valait mieux éviter de jeter de l’huile sur le feu et encore moins paraître légitimer, par la réaction excessive d’un personnage de fiction, de déplorables comportements extrémistes.

Vous avez donc changé votre fusil d’épaule ?
Oui, j’ai estimé que mes amis avaient raison, que le cinéaste est un médiateur responsable des images qu’il injecte dans l’imaginaire collectif et j’ai fini par opter pour une comédie; sachant à quel point le public marocain a besoin de rire et de dédramatiser. D’autant que, pendant 18 ans, au sein de la troupe Badaoui, j’ai pratiqué l’art de la comédie et que c’est au fond le genre que je préfère. Mon prochain film sera donc un «road movie» humoristique, l’histoire de deux jeunes femmes, une auto-stoppeuse et une automobiliste qui font route vers Agadir, ce qui rime parfaitement avec rire… Le principe sera celui des comédies de situation et j’emploierai donc toutes les ressources de ce genre-là : quiproquos, enchaînement rapide de gags, etc. Et je peux même vous annoncer un « happy end », dans la grande tradition de ce cinéma populaire qui fait le bonheur des spectateurs.

Y retrouvera-t-on ce réalisme particulièrement maîtrisé qui caractérisait déjà vos courts-métrages ?
On m’a dit un jour que mes acteurs ne donnaient pas l’impression de jouer, mais je ne vois rien d’extraordinaire là-dedans : c’est précisément ça, le cinéma. C’est vrai, j’accorde beaucoup d’importance à la direction d’acteurs, c’est un acquis de ma longue pratique du théâtre. Mais il y a autre chose sur laquelle je continuerai à m’appuyer. Le réalisateur français Jean Delannoy, avec qui j’ai eu le privilège de travailler sur «Marie de Nazareth» en 1992, m’avait donné un jour ce conseil : «Si tu veux que le public croit en ton film, ne prends pas d’acteurs connus». J’ai eu beaucoup de satisfaction en effet à travailler avec, disons, des débutants, des gens qui s’offrent à vous pour que vous les formiez et que vous en tiriez le meilleur d’eux-mêmes.  Vive donc les débutants, quitte à ne les faire travailler qu’une fois sachant qu’une fois révélés, ils feront facilement leur chemin dans la profession.

Il a aussi cette équipe de proches collaborateurs à laquelle vous êtes fidèle ?
Mon prochain long-métrage sera écrit en tandem avec mon ami et co-scénariste, Mohamed Maghraoui Tziri. Comme chef opérateurs, j’aurai hélas l’embarras du choix entre deux autres amis dont j’apprécie particulièrement les qualités: il s’agit de Larbi Sami et Mohamed Bougrine. Leur talent doit beaucoup au fait qu’ils se cherchent et que cela accentue leur créativité, sans parler de leur ambition de produire des images de qualité. Avec une mention spéciale pour le réalisateur Mohamed Mouftakir, qui se joindra peut-être à nous pour nous conseiller dans l’écriture du scénario.

Un dernier mot ?
J’aimerais tellement contribuer à donner envie aux gens de retourner au cinéma ! Pour ça il faut dédramatiser la vie, il faut des films qui soulagent, un nouveau souffle, en résumé.

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