Culture

Najia Bennis : un retour qui annonce la couleur

© D.R

ALM : Qui est Najia Bennis?
Najia Bennis : Je fais partie de la première génération des artistes-peintres femmes. J’ai côtoyé la regrettée Chaïbia Talal, Fatéma Hassan El Ferrouj, Meryem Ameziane … Née à Meknès, d’un père artisan, d’une mère couturière, j’aimais tout ce que l’on peut créer avec les mains. Après une naissance dans la capitale ismaïlie, j’ai fait un détour par Casablanca. Mon mariage précoce ne m’a pas empêchée de poursuivre mes études dans la mégalopole, au collège « Lahlou ». Après avoir obtenu mon baccalauréat, je suis partie à Marseille.
En 1978, j’ai obtenu le diplôme supérieur d’expression plastique de l’Ecole d’Art et d’Architecture de Marseille-Luminy. Après l’étape de Marseille, qui fut très fructueuse, je suis retournée au Maroc pour une période d’à peine un an, avant de mettre le cap sur Djibouti où je suis restée trois ans.

Considérez-vous comme une artiste-peintre amatrice ou professionnelle ?
Après avoir obtenu mon diplôme de l’Ecole d’Art et d’Architecture de Marseille-Luminy, j’ai été fort sollicitée par les ministère de la Culture pour exposer dans mon pays. J’ai alors répondu à ces offres, en proposant mes tableaux dans plusieurs galeries de la capitale : Bab Rouah, Allal El Fassi, Bab El Kébir… C’était à l’époque du ministre Bahnini.

Comment le public avait alors réagi à vos travaux ?
Au début, le public, qui était habitué à la peinture figurative, avait été surpris par l’abstrait caractérisant mon travail mais aussi par mon style personnel plutôt gestuel, sachant que le mouvement est le dénominateur commun de mes créations.

Avoir vos tableaux, on est frappé de constater que les couleurs sont utilisées à fond. Etes-vous une coloriste ?
J’ai étudié la lumière à travers les couleurs primaires : rouge, bleu et jaune.

Quelle est votre couleur préférée ?
Le rouge.

Pourquoi utilisez-vous des tons agressifs ?
Ces couleurs violentes sont le reflet d’un sentiment de révolte contre l’état disastreux dans lequel notre époque se trouve, tellement l’intolérance sévit.

Parmi les tableaux que vous avez récemment exposés, il y a eu un qui a été inspiré des attentats terroristes du 16 mai ayant visé Casablanca. Que vous a justement inspiré ces attentats ?
Au début, c’était le choc. Et puis, l’indignation. Comme tous les Marocains, je n’ai jamais imaginé que de telles horreurs puissent atteindre un pays de paix et de rencontre comme le nôtre.
Comme la peinture est pour moi un moyen d’expression adéquat, j’ai voulu dénoncer, à mon petit niveau, ces actes barbares qui nous ont touchés.

Pour vous, l’art peut-il changer le monde ?
A travers mes tableaux (rires…) peut-être, en me contentant de changer leur forme en carré ou bien en rectangle.

Pour vous, faut-il avoir au départ une idée pour entamer votre création ?
Je n’ai pas de sujet au préalable. Ce n’est qu’après avoir commencé à poser mes couleurs primaires que le sujet s’impose.

Quel est l’aspect de l’actualité qui vous passionne, vous préoccupe ou vous inquiète le plus ?
Ce qui me passionne dans l’actualité de mon pays, c’est la réhabilitation de la femme dans notre société. Hors de mon pays, ce qui m’inquiète le plus, c’est la poursuite des violences en Irak.

Etes-vous contente de l’état de l’art au Maroc ?
On a commencé à voir de belles choses et à traiter des sujets restés tabous, ce qui est déjà un grand pas.

Quels sont vos artistes préférés ?
J’apprécie Michel Ange, Leonardo Da Vinci, Matisse, Picasso et Pollock.

Quels sont vos tableaux-modèles ?
La Guernica et les Demoiselles d’Avignon de Picasso.

Quel est l’état actuel de votre état d’esprit ?
J’ai envie de communiquer un peu plus avec mon public.

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