Culture

Nassim Abassi : «L’essentiel pour moi est de raconter une histoire»

© D.R

ALM : Quel est le message que véhicule «Bila Hudoud» ?
Nassim Abassi : «Bila hudoud» met en scène un héros, qui plus est une femme. Originaire du Rif, celle-ci combat des barons de la drogue. À travers ce film, j’ai aussi voulu créer une nouvelle héroïne pour le cinéma marocain et arabe. Un cinéma où il y a un manque à ce niveau. Les seuls modèles qu’on a dans la culture arabe sont des hommes. Et ceux-là représentent pour la plupart soit des figures historiques comme Khalid Ibnou l’Walid… etc, ou des anti-héros, modèles négatifs comme Ben Laden et autres. Et pour moi le cinéma et la littérature doivent contribuer à créer de bons modèles. Quand j’étais enfant, je lisais des BD et voyais des dessins animés. Et dans la plupart de ceux-là, je remarquais que les vilains avaient toujours une couleur ou une race préétablie et cela me décevait. Dès lors l’un de mes soucis premiers était devenu en quelque sorte le combat des clichés et des idées toutes faites. Il y a des gens qui ont des idées préconçues sur un sujet ou un autre. J’ai souvent entendu parler des personnes qui croient que les rifains travaillent pour la plupart dans un milieu proche de la drogue. J’ai essayé de montrer dans ce film un nouveau modèle de rifains à part celui d’un Abd el krim Khattabi ou encore d’un El Nene.

Il y a dans le film plusieurs scènes tournées à Mohammedia, pourquoi ce choix ?
Effectivement, ce film a complètement été tourné à Mohammedia. Cette ville est située dans un emplacement stratégique, entre Rabat et Casablanca. Elle est en apparence calme. Mais elle a tout de même tous les atouts pour abriter le scénario vraisemblable d’un trafic de drogue, ou celui d’un film d’action, vu ses infrastructures (ports, plages, parc, villas et immeubles somptueux). Et puis je suis un grand amoureux de ma ville. Je voulais montrer sa beauté et exploiter son potentiel dans mon film. Je ne suis pas le premier à avoir tourné un long-métrage à Mohammedia. Mais ceux qu’ils l’ont fait avant moi l’ont affiché comme une extension de Casablanca. Ils ne l’ont pas vraiment mis en relief. D’ailleurs je compte tourner mon prochain film dans cette ville.

A ce propos, parlez-nous de votre prochain film ?
Mon prochain film s’intitule «Majid». Il a bénéficié du soutien du fonds d’aide du CCM. Le tournage de ce film destiné au grand écran commencera fin 2008. Il sera complètement différent de «Bila Hudoud» dans le sens où ce ne sera pas un film d’action à 100%. C’est l’histoire d’un enfant orphelin qui vit avec son frère et qui travaille comme cireur de chaussures. Sans plonger dans le misérabilisme et l’ennui, ce film montre comment pourrait être le quotidien d’un enfant qui fait ce métier et qui essaie de vivre dignement. Le thème principal de ce film sera «l’hougra», l’oppression. Dans la société et par la même occasion dans ce film, il y a divers niveaux d’oppression, celle du riche par rapport au pauvre, celle du grand par rapport au petit. J’ai retenu comme héros, l’enfant, symbole de l’être le plus vulnérable et le plus enclin à subir l’oppression. Celui-là refusera de la subir. J’ai écrit le scénario de ce long-métrage comme étant un film destiné à être vu en famille, rassemblant dans ce sens à «Bila Hudoud». 

Nassim Abassi est-il un réalisateur ou un scénariste ?
Je fais les deux. Et pour le film «Bila Hudoud», je me suis aussi occupé du montage. L’essentiel pour moi est de raconter une histoire. Il y a des gens qui savent le faire oralement, d’autres à travers l’écriture. Pour moi, le moyen le plus approprié à mes capacités était de le faire à travers des images. J’ai commencé par faire de la BD. Puis j’ai trouvé que cela se fait dans une espèce de solitude. Alors j’ai fini par opter pour la joie de la collaboration qui existe dans le cinéma. L’important pour moi et de raconter une histoire qui va toucher un maximum de gens. Je fais le cinéma pour communiquer avec le public le plus large.


À propos de «Bila Hudoud»


Le film raconte les péripéties de Yussra, une jeune femme marocaine qui travaille comme monitrice de fitness dans un centre de sport à Mohammedia. Après beaucoup de déceptions amoureuses, elle rencontre enfin un homme, Tarik, qui lui semble sérieux et qui veut l’épouser. Elle ne sait pas que Tarik lui a caché son passé de trafiquant de drogue. Son passé le rattrape et bientôt la vie de Yussra est complètement bouleversée. Le film qui était prévu au départ pour le grand écran contient plein de scènes de lutte et d’action…. «Après l’avoir présentée pour avoir l’accord du Centre cinématographique, la requête a été rejetée en raison du fait que le film a été considéré comme étant “trop ambitieux”», explique le réalisateur. Ainsi «Bila Hudoud» a été produit par 2M. «Je peux vous dire qu’en vrai, il y a des scènes où quelques personnes ont eu de petites écorchures. Alia qui joue le rôle principal, s’est révélée être une vraie wonder woman», avait déclaré le réalisateur.

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