Culture

Nouzha Chekrouni : «L’amour est la clé du bonheur et de la continuité»

© D.R

ALM : Cela fait maintenant deux ans que vous êtes ambassadeur du Maroc au Canada. Comment vivez-vous le Ramadan loin de votre Meknès?
Nouzha Chekrouni : Le Ramadan au Canada n’a certainement pas la saveur meknassie ni l’ambiance familiale, au sens large. Bien évidemment, à petite échelle, avec mon époux et mes enfants, nous créons les conditions idoines pour vivre pleinement notre Ramadan avec sa spiritualité comme avec ses chhiouates, mais ce qui nous manque, ce sont les voix des Muezzen qui s’élèvent de tous les minarets de la ville, dans une harmonie naturelle au moment de la rupture du jeûne.

Votre famille s’est-elle habituée au Canada ?
Ma famille s’est bien adaptée à la vie au Canada avec ses différentes saisons, notamment ses hivers glacials et longs. Tout en ayant chacun(e) ses activités (professionnelles ou estudiantines…), nous aménageons des espaces communs de partage, particulièrement les week-ends où l’on se réunit pour la messe familiale, le repas du dimanche, mais aussi des sorties au bord des lacs pour faire une marche, des virées pour découvrir de nouveaux endroits dans ce vaste pays ou encore s’offrir des spectacles artistiques…

Quel est le plat que vous aimez le mieux durant le Ramadan ?
Mon plat préféré, j’avoue que je ne suis pas très originale. J’aime tout simplement le barbecue, les grillades, mais la saveur de la kefta mechouiya et du tagine aux aubergines mderbel de ma mère est unique et je ne la retrouve nulle part ailleurs!

Avez-vous commandé des plats préparés au Maroc ?
De temps à autre, je reçois des petits gâteaux marocains, mais en général tout est préparé sur place par les soins de la chef-cuisinière qui est un cordon bleu.

Comment se porte la communauté marocaine établie au Canada ?
Mon intérêt pour la communauté marocaine à l’étranger n’est pas nouveau et je me réjouis de trouver en son sein des compétences dévouées et désireuses de contribuer pleinement au développement économique et social du Maroc, tout en le représentant dignement au Canada. C’est dans ce sens que le Forum des compétences des Marocains du Canada, organisé en partenariat avec le ministère de la communauté marocaine à l’étranger en mai dernier à Rabat, a été un moment phare où la rencontre des énergies des deux côtés de l’Atlantique a donné naissance à des projets novateurs créant une valeur ajoutée dans des domaines prioritaires pour le Maroc tels que l’agriculture, l’environnement et l’énergie renouvelable, l’éducation et la recherche scientifique ainsi que l’entrepreneuriat. Par ailleurs, durant ce mois sacré de Ramadan, les Associations marocaines organisent des Iftar ainsi que des causeries religieuses en vue de perpétuer les valeurs de solidarité ainsi que les enseignements de l’Islam tolérant. Dans ce cadre-là, une murshida du ministère des habous et des affaires islamiques est accueillie à Ottawa et Montréal afin de donner une série de conférences pour les femmes marocaines et musulmanes du Canada.

Quelle est l’émission que vous suivez le plus pendant ce Ramadan ?
Mes émissions préférées ? En général, j’écoute les informations et suis quelques émissions qui traitent de sujets d’actualité telles que «Mais encore…» ou «Grand angle». Durant le mois du Ramadan, c’est surtout la légèreté de la caméra cachée qui m’amuse.

Quelle attitude doit adopter la femme ambassadeur selon vous pour s’imposer et s’affirmer parmi les hommes ?
S’imposer parmi les hommes! Je n’ai pas été éduquée dans le clivage Femme-Homme, je dirai que la mixité a été, dès mon jeune âge, mon milieu naturel, à l’école, au conservatoire de musique, en tant que scout, au syndicat Snesup et bien sûr à l’USFP. À mon avis, on ne s’impose pas par le genre mais par la pertinence des idées et la fermeté dans les positions, on s’impose aussi lorsqu’on fait avancer les choses vers des horizons nouveaux et on s’impose surtout lorsqu’on n’abandonne jamais un combat juste.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous êtes confrontée dans votre quotidien diplomatique?
Difficultés dans le quotidien diplomatique? Je dirai plutôt les défis quotidiens. Le 1er défi, c’est de faire en sorte que l’équipe travaille dans la complémentarité et l’harmonie. Au-delà de l’ambiance agréable qu’elle peut créer lorsqu’elle est soudée, sa productivité peut-être surprenante. Je ne peux qu’exprimer ma satisfaction quant à la qualité et au dévouement de l’équipe au sein de l’ambassade. La communication et la coordination sont également des défis majeurs pour nous tous, notamment entre les différentes institutions dans les pays de représentation. Cette question rejoint le débat d’actualité relatif à la bonne gouvernance.

Est-ce que le Maroc vous manque ?
Le Maroc me manque-t-il ? Bien sûr, la lumière du Maroc, l’odeur de la mer à Bouznika, la chaleur familiale et amicale, les débats constructifs du conseil national de mon parti, tout cela me manque, mais le Canada n’est qu’à 6h30mn de vol, sans parler de la proximité grâce aux nouvelles technologies de communication, le contact avec mon pays est quotidien.

Quel lecture faites-vous pour le printemps arabe dans les pays arabes et en particulier au Maroc.
La jeunesse arabe s’est révoltée pour revendiquer la démocratie, la dignité et la justice sociale. Sans nul doute, le Maroc s’est distingué par sa volonté d’aller vers des réformes démocratiques plus profondes. L’annonce par SM le Roi Mohammed VI d’une réforme constitutionnelle substantielle, l’engagement des partis politiques et des forces vives et le vote massif par le «Oui» lors du référendum ont confirmé le choix irréversible du Maroc de continuer dans la voie de la démocratie.

Loin du plateau diplomatique, comment passez-vous votre temps libre ?
Mes loisirs, la lecture, écouter de la musique et pratiquer le sport, la marche, le tennis et le golf.

Quel est la place de l’amour dans votre cœur et votre vie?
L’amour est la clé du bonheur et de la continuité. Je ne peux rien achever de beau dans ma vie sans l’amour. L’amour est toujours associé au Beau et le Beau c’est le Divin. Aimer est un acte de générosité, par conséquent aimer c’est donner sans espérer recevoir.

Quel est la place de l’homme dans votre vie?
Place de l’homme dans ma vie? Mon mari, un compagnon et un partenaire, il m’accompagne dans mon parcours politique et diplomatique de façon active, il m’enrichit de ses idées, celles d’un scientifique tranché et par ses interrogations judicieuses qui me poussent vers plus de profondeur. J’ai du mal à l’égaler en sport, il est meilleur joueur que moi au tennis et au golf. Mon 2ème homme, c’est mon fils, il a le sens de l’humour et m’apporte la joie de vivre. Ma fille, c’est mon repère, j’aime la consulter sur des sujets importants car j’ai confiance en elle et en son bon sens. Elle aime voyager et laisse un grand vide autour de moi.

Comment vous comportez-vous avec vos enfants?
Je suis toujours à l’écoute de mes enfants, je suis aussi exigeante comme mère et proche d’eux comme amie et confidente.

Suivez-vous les matches de l’équipe nationale de football pour le compte des éliminatoires de la CAN-2012?
Les matchs de l’équipe nationale sont des événements nationaux de 1ère importance, ils mobilisent les marocain(e)s au Maroc comme à l’extérieur. Je fais partie de ces millions de spectateurs qui vibrent chaque fois qu’un joueur de l’équipe nationale place le ballon dans les filets de l’adversaire. J’ai été fière de la performance de haut niveau à Marrakech et j’ai suivi le rendez-vous de Dakar dans lequel l’équipe nous a offert un beau match. Les mois à venir seront pleins d’émotion et nous serons au rendez-vous les 3 et 4 septembre à Bangui.

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