Culture

Omar Metioui : «La musique Al âla devrait être enseignée dans les écoles »

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ALM : Tout d’abord, nous voudrions savoir d’où vous est venue l’idée de donner naissance à une œuvre musicale réunissant des artistes de trois confessions monothéistes ?
Omar Metioui : Cette œuvre reflète l’image de Tanger comme ville cosmopolite où les trois religions ont toujours coexisté avec harmonie. Elle a eu pour thème «L’unité dans la diversité et harmonie des cultures». Cette diversité est palpable d’ailleurs lorsqu’on constate les confessions des artistes qui y ont participé. Je parle ici des confessions chrétienne, juive et musulmane. La cohabitation de ces trois cultures a toujours existé. Alphonse Le Sage qui fut roi de Castille vers la fin du XIIIème siècle avait réussi à réunir dans sa cour des artistes des trois confessions monothéistes. D’ailleurs, son livre intitulé «Las cantigas» qui est une compilation de plusieurs thèmes musicaux un demeure grand témoin.
Je voulais vivre cette expérience avec des artistes amoureux de Tanger. Il s’agit du musicien juif- marocain Marcel Botbol ainsi que les deux artistes espagnols Pepe Vela et Begoña Oavide. Le public a été impressionné par cette mixture des trois cultures. Nous avons interprété des œuvres issues des répertoires musicaux des Juifs du Maroc, des cantigas d’Alphonse Le Sage, du patrimoine juif séfarade ainsi que la musique arabo-andalouse du Maroc «Al âla». 

Pourquoi, à votre avis, la musique andalouse demeure encore un art pratiquement méconnu pour un large public ?
Beaucoup de Marocains, plus particulièrement de la classe moyenne, se sont habitués à une musique proche-orientale et égyptienne. Ils ont été subjugués  par les grands  chanteurs classiques notamment Mohamed Abdelouahab, Farid Al Atrach et Abdelhalim Hafed. La raison en est que la musique andalouse n’a commencé à être diffusée par la radio et la télévision que vers les années 1950, après la formation de l’orchestre nationale de la RTM sous la direction de Moulay Ahmed Loukili.
Cette musique est un legs d’une grande civilisation marquée par de grands noms tels Ibn Sina et Ibn Rochd. Lesquels ont été connus à travers le monde grâce à leur savoir dans différents domaines : la science, la  poésie,  la médecine, la géométrie et la gastronomie… Nous devons préserver ce patrimoine musical en l’intégrant dans le programme scolaire des écoles marocaines.

A l’origine, vous êtes pharmacien. Comment avez-vous développé cette passion pour la musique andalouse ?
Mon parcours musical est un peu spécial. J’ai grandi dans une famille de purs mélomanes. Ma mère est issue de la famille R’Kiouak qui a gardé d’anciennes partitions du fameux musicien Al Hassan El Haïk, parues dans les années 1800.
J’assistais aux soirées organisées chaque vendredi par ma mère et mes tantes et auxquelles participaient de temps en temps les hommes de la famille. J’ai goûté ainsi aux délices de cette musique, et me suis imprégné de cet amour pour commencer à apprendre dès mon jeune âge les répertoires de la musique andalouse. Pour développer cette passion, je me suis inscrit au cours de solfège, de piano et de violon au Conservatoire de Tanger. En 1980, j’ai été obligé d’interrompre mes cours de musique pour aller en Belgique poursuivre mes études en pharmacie. De retour au Maroc, j’ai intégré l’ensemble Zaïtouni, avant de créer en 1994 le groupe hispano-marocain Ibn Baja, puis le groupe de musique Omar Metioui. 

Et concernant vos projets d’avenir ?
Je suis en train d’étudier un projet  qui s’articule autour de l’enseignement de la musique andalouse et l’initiation des jeunes amoureux de cet art à la confection des instruments traditionnels.
En parallèle, nous sommes en pleine préparation pour participer à un récital organisé par l’association Al Bayt à Fès où nous allons jouer le Kodam Hijaz Kabir.

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