Culture

Où est Salima Ben Moumen ?

D’habitude un acteur qui joue bien est acteur qui monte. Qu’il soit acteur de théâtre ou de cinéma, le public le réclame, et les propositions de jeu pleuvent sur lui. Il y a des exceptions à cette règle, et Salima Ben Moumen en est une parmi les plus criantes. Tout le monde se souvient du personnage incarné par Salima Ben Moumen dans «Femmes et femmes», le film de Saâd Chraïbi. Le personnage de Keltoum avait acquis dans ce film une densité rare par la seule grâce du jeu d’une actrice. Tout le monde s’était accordé pour parler d’une révélation dans le cinéma marocain. Ce rôle a valu plusieurs prix à l’intéressée. On s’attendait à revoir encore et encore cette actrice sur les écran des cinéma. On pensait qu’une star était née, et que les réalisateurs allaient se disputer pour l’avoir dans leurs films, voire créer des rôles pour elle. Pourtant à l’exception de Jillali Ferhati, les réalisateurs n’ont pas frappé à la porte de Salima Ben Moumen. Le rôle de cette actrice dans le film de Ferhati, «Tresses», a été récompensé par une distinction rare et très prisée par ses pairs : le prix de la meilleure actrice aux Journées cinématographiques de Carthage (2000). Depuis, l’actrice Salima Ben Moumen s’est évanouie dans la nature. Un prix important qui récompense une actrice la met devant les feux des projecteurs et non pas derrière. D’ailleurs, nul besoin de citer des prix pour juger de la valeur de Salima Ben Moumen. Ceux qui la connaissent savent qu’elle est trés douée. Ceux qui aiment le théâtre la connaissent très bien. C’est dans le théâtre que cette actrice a exprimé l’étendue de ce qu’elle sait et peut faire. Ceux qui aiment le théâtre savent comme il est difficile de briller en direct sans le secours des répétitions et du montage cinématographique. Salima Ben Moumen a éprouvé son passage du théâtre au cinéma comme une «trahison». Elle n’a jamais ambitionné de devenir une actrice de cinéma. Le cinéma est venu la distraire de sa vocation théâtrale et lui a donné le goût d’une nouvelle forme d’expression. «J’ai vécu le tournage avec le sentiment de quelqu’un qui se bat contre lui-même» précise l’actrice. Et puis, elle a pris peu à peu goût à la caméra, a accepté l’aventure, a montré, à l’instar des grands acteurs, qu’elle peut passer du théâtre au cinéma et réciproquement, sans perdre son jeu. Aujourd’hui, on entend de moins en moins parler de Salima Ben Moumen. Pourquoi ignore-t-on une actrice comme Salima Ben Moumen ? Qui a intérêt à ce qu’on oublie Salima Ben Moumen ? Il ne s’agit pas de verser dans la paranoïa et de conclure à une conspiration du silence. Mais lorsqu’on voit tant de cabotines, rien que parce qu’elles sont capables de quelques déhanchements, enfoncer par leur mauvais jeu un cinéma pas toujours bien portant, il y a lieu de se poser des questions. Salima Ben Moumen ne joue plus. «Un acteur, c’est comme un joueur de foot, il faut qu’il pratique !» s’exclame l’intéressée. Jouons franc jeu pour montrer du doigt le double jeu de ceux qui mettent beaucoup de vigueur pour obstruer la voie à des gens tout en disant qu’ils ont beaucoup de talent. Salima Ben Moumen concentre toute son énergie pour ne pas s’effondrer. Quel dommage qu’une actrice de la trempe de Salima soit amenée à résister à la négativité ambiante! Quelle perte pour notre théâtre et notre cinéma, surtout !

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