Culture

Patrimoine : La face cachée de Casablanca

© D.R

Pris dans un rythme rapide de vie qu’impose une métropole telle que Casablanca, les casablancais connaissent peu leur richesse patrimoniale. Pour la période du 20 ième siècle, Casablanca arrive en tête des villes marocaines en terme de monuments architecturaux. Au cours de ces deux dernières années, 42 bâtiments ont été inscrits sur la liste du patrimoine architectural. La procédure d’inscription d’autres constructions compte également étoffer cette liste en y introduisant d’autres bâtiments.
L’immeuble Bessoneau, plus connu sous l’appellation d’hôtel Lincoln, reste le monument le plus médiatisé dans la ville. En fait, le bâtiment est passé au-devant de la scène médiatique depuis ce bras de fer qui a opposé les propriétaires de l’hôtel Lincoln au ministère de la Culture. En inscrivant seulement sa façade à l’inventaire des monuments historiques en 2000, le ministère de la Culture a coupé l’herbe sous les pieds des propriétaires qui le vouaient à la démolition. Sur le boulevard Mohammed V, l’hôtel Lincoln a été construit, en 1916-17, par l’architecte Hubert Bride. De style mauresque, l’état critique et délabré de ce bâtiment a permis de relancer le débat sur la protection du patrimoine de Casablanca. La restauration de l’hôtel Lincoln est pour bientôt, ainsi que la procédure de l’expropriation en faveur de la ville. Mais, à Casablanca, il n’y a pas que l’hôtel Lincoln. Les autres bâtiments ne jouissent pas de la même aura parce que la plupart d’entre eux ne sont pas entretenus d’une manière régulière. L’inscription sur la liste de patrimoine architectural intervient donc pour sauver ce pan de l’Histoire et sauvegarder un précieux héritage. Œuvres d’architectes européens, en l’occurrence des Français, ces bâtiments ont été érigés dans différents styles.
Mariant architecture traditionnelle marocaine et éléments de décoration « Art Déco », ces édifices ont, à la fois, la touche du mouvement cubiste (toits, terrasses et volumes dépouillés ) et les bases de l’artisanat local ( zelliges, fers forgés). La Banque du Maroc édifiée, en 1937, par Edmond Brion en est l’exemple. Marbre, fer forgé, zellige, marqueterie… ces matériaux sont façonnés dans un style «Art Déco».
Idem pour l’immeuble «Suraqui», situé dans la rue Abderrahman Sahraoui, dont les façades sont entièrement décorées dans le style « Art Déco ». L’hôtel « Excelsior » représente par contre un style néo-mauresque, avec arcs brisés et tuiles vertes. Bâti en 1916, par Hyppolite Joseph Delaporte, l’un des grands architectes qui ont exercé à Casablanca de 1913 à 1995, « Excelsior » est le premier grand hôtel à l’extérieur du périmètre de l’ancienne Médina. En 1924, Hyppolite Joseph Delaporte a dessiné, à peu près dans le même style, une petite maison avec une touche néo-mauresque. Avec des éléments de décors traditionnels, cet hôtel est situé dans la rue du Parc à quelques mètres du parc de la Ligue arabe. Dans la même zone, l’église du Sacré-Coeur figure désormais sur la liste du patrimoine architectural. Conçue par Paul Tournon, architecte spécialisé dans les édifices religieux, l’église du Sacré-Coeur a été construite en plusieurs tranches.
L’édification de ce bâtiment a commencé en 1930 et ne s’est achevée qu’en 1953, avec la nef et le choeur. Inscrit sur la liste du patrimoine architectural casablancais, l’hôtel Volubilis est un joyau monumental noyé dans le quartier commerçant de Derb Omar. Dans la rue Diouri, l’architecte de cet immeuble n’est autre que Marius Boyer. Exerçant au Maroc de 1919 à 1947, Marius Boyer a été l’architecte le plus sollicité : immeuble Levy-Bendahan, la BCM (rue Idriss Lahrizi), immeuble de la Société Mutuelle Hypothécaire sud américaine (rue Ibn Batouta) et l’immeuble Assayag ce dernier bâtiment révèle clairement la touche avant-gardiste que cet architecte voulait donner à Casablanca. Pour ne pas jeter aux oubliettes ces monuments, « Casamémoire », une association regroupant des architectes soucieux de la préservation du patrimoine architectural de la ville de Casablanca, vient de dresser l’inventaire de ce genre de bâtiments. Une manière de dire qu’il est urgent de restaurer des constructions rappelant une partie de notre histoire.
« L’inscription est un pas positif dans la bonne direction. Cependant, une protection de l’ensemble du centre-ville en tant que zone serait plus garante de sa cohérence et de la mise en place d’une politique globale de sauvegarde du patrimoine de notre ville », déclare Chakib Mustapha, président de « Casamémoire ». Casablanca est, certes, une ville moderne évoluant à vitesse grand V, sur le plan architectural. Une tendance qui risque d’éclipser ses bijoux patrimoniaux et de tourner définitivement une page de notre Histoire. En matière de préservation, Casablanca a donc du pain sur la planche.

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