Culture

Patrimoine : Meknès, la ville aux 70 portes

© D.R

Vendredi 4 avril 2008,  9h30 du matin, Place Lehdim, devant la porte Bab Mansour Laâlej. Une belle matinée printanière qui dévoile la beauté de la cité impériale de Meknès. Un voyage à travers l’époque du XVIe siècle, au temps du règne du Roi Moulay Ismaïl.
Meknès, le chant de l’olivier et la beauté mythique.  «Meknassa Azzaytouna», la cité qui embaume par les parfums de l’olivier, du figuier, du prunier  et de la fleur d’oranger. Le lieu des mille et une portes, musiques et rythmes, la toile où se brodent en mille couleurs et tons, places, portes, portails, greniers, palais, musées, casbahs, jardins… La ville de l’eau sucrée. 
Comme dans un rêve, apparaissent les remparts qui cintrent  l’ancienne médina, constitués de trois enceintes: la première, basse, était destinée à arrêter les cavaliers, la seconde, plus haute, empêchait les fantassins de pénétrer dans la ville, la troisième, plus élevée  encore, arrêtait tous ceux qui étaient parvenus à passer les deux premiers obstacles. Cette imposante muraille édifiée sous le règne de Moulay Ismaïl pour défendre l’entrée de la cité, fut percée par à peu près 70 portes monumentales.
Bab Berdaïne s’ouvre sur le quartier nord de la médina. Elle est dotée de deux bastions carrés, décorés de faïences vertes.  Elle compense son allure massive par une ornementation de céramiques à dominante verte et une riche décoration de caractères coufiques en zelliges. Bab El Khmis, constituait l’entrée principale de la ville des jardins et de l’ancien mellah (le quartier juif). Elle est encadrée de deux bastions ornés d’écoinçons à cartouches verts, arbore une riche décoration où se mêlent ornements curvilignes très colorés et caractères coufiques. Une inscription gravée sur le fronton de la porte, traduit l’ambition du sultan qui la commanda : «Je suis la porte ouverte à tous les peuples, qu’ils soient d’Occident ou d’Orient». Un peu plus loin, se découvre une belle strophe : «Je suis la porte heureuse semblable, par ma gloire, à la pleine lune dans le ciel». Le début de la flânerie devait s’entamer à partir de Bab Mansour El Alj qui s’ouvre sur l’immense place El-Hédim, une belle toile peinte sur 200 m de long et 100 m de large. «Bab Mansour» est considérée comme la plus belle des portes du Maroc. «Sa symétrie est remarquable, et sa taille surprenante. Comme toutes les réalisations du sultan visionnaire, ce qui en émane est l’élégance, la robustesse et la puissance», déclare Abdelmoula Essahab, diplômé en Histoire-Géographie, jeune chercheur dans le domaine du patrimoine historique de Meknès, s’apprêtant à éditer un beau livre où textes descriptifs et narratifs, communiquent dans une harmonie parfaite, avec les photos des lieux mythiques de la cité impériale. «J’ai voulu rédiger cet ouvrage, d’abord parce que je suis fièrement natif de Meknès et surtout par amour pour l’histoire patrimoniale de cette ville», renchérit Abdelmoula.  Un peu plus loin, les immenses portails du Riad et Palais Jamaï, transformé en musée des Arts marocains, s’ouvrent. Et c’est l’enchantement face au jardin, au patio central, pièces de réception à l’étage, faïences, broderies de Meknès, tapis, sculptures sur bois… La promenade se prolonge jusqu’au souk Nejjarine (marché des menuisiers) embaumé par le parfum naturel de la «N’jara». Des rythmes hissaouwi de marteaux et scies, martellent. Pour atteindre Bab Berrima, il fallait passer par la rue Sekkakine qui se prolonge sur le Mellah jusqu’à Bab El Khmis. On  franchit  la  porte Bab Berdaïn, avant d’atteindre la koubba de Sidi Hadi Ben Aïssa, maître de  confrérie religieuse, les Aïssaoua. Notre fascination ultime, le bassin Sahrij Souani qui s’étend sur 4 ha d’eaux et qui fût creusé sur l’ordre de Moulay Ismaïl et était régulièrement alimenté par une canalisation d’environ 25 km de long aboutissant non loin d’El-Hajeb. «II servait à l’irrigation des jardins royaux et en temps de guerre, il constituait une réserve d’eau pour les habitants», affirme Abdelmoula. Non loin de cette merveille, une beauté paradisiaque s’offrait à nous, les Jardins des Sultanes et les greniers où un bonheur de fraîcheur vous fait survoler le ciel du XVIe siècle.
D’après Abdelmoula, ces greniers faisaient office de magasins où étaient entreposées les réserves alimentaires de la ville, mais aussi le foin et le grain prévu pour nourrir les douze mille chevaux du souverain.
Les murs de 7 m d’épaisseur ainsi qu’un réseau de canalisation maintenaient une température fraîche et constante à l’intérieur des réserves. Les écuries, immense bâtiment à ciel ouvert, sont composées de 23 nefs et piliers.  Savez-vous que l’eau de Meknès est la meilleure du Maroc et dont les sources jaillissent de l’Oued Bou Fekran. Plus d’une cinquantaine de Sékkayates  font la fierté des Meknasis. Les mots nous paraissent insuffisants pour décrire le charme et la richesse patrimoniale de cette ville. Et avant de jeter l’ancre, place au spectacle du coucher du soleil, jetant des reflets oranges et roses sur la surface à peine ridée par quelques souffles, à  partir de la dune «Belle vue» ou «le bois des amoureux» où, avec l’accueil de la nuit, se dénude toute une ville scintillante de plus de quarante minarets aux lumières chatoyantes.

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