Culture

Pèlerinage américain de «Spirit of Fès»

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La caravane du festival itinérant « Spirit of Fès » prend le large. Inaugurée samedi soir à la bibliothèque du Congrès américain, cette manifestation entre dans le cadre d’une campagne de promotion aux Etats-unis du Festival de Fès des musiques Sacrées du Monde.
Accompagné de concerts de musique, de projections de films et de conférences, ce festival itinérant doit se poursuivre jusqu’au 6 avril et sillonner le territoire américain. Après Washington, « Spirit of Fès » fera un long voyage à travers une vingtaine de villes, localités et campus américains. Un voyage qui passera par la Virginie, l’Arizona, la Californie, Maine, New Hampshire, New Jersey, New York, l’Illinois, la Georgie et le Texas. Quelque 30.000 personnes vivront, 30 jours durant, à l’heure de cet évènement culturel venu de la capitale spirituelle du Maroc. Le but n’est autre que contribuer au rapprochement entre les peuples et les confessions, à travers la musique.
Le succès de cette manifestation est d’ores et déjà au rendez-vous. En témoigne la soirée d’inauguration, durant laquelle on a dû installer un écran géant dans une salle attenante à l’auditorium Collidge pour permettre à la nombreuse assistance de suivre cette soirée, marquée par un concert haut en couleurs. Un spectacle qui a réuni des artistes aussi divers que Françoise Atlan, celle qui chante avec autant de talent les répertoires du patrimoine musical judéo-arabe et andalou, le Palestinien Yacoub Houssein, l’héritier de la tradition soufi de son père Chaikh Abou Saleh Al Rifai et l’Israélien Gabriel Meyer, le fondateur en Israël du projet Solha (réconciliation) entre les Enfants d’Abraham. Des noms auxquels s’ajoutent bien d’autres, notamment le percussionniste américain d’origine libanaise, Jamey Haddad, le luthiste marocain Farid Foulahi, considéré comme l’un meilleurs joueurs de luth de sa génération, les Roudaniyate et les Anointed Jackson Sisters, dans une rencontre spirituelle harmonieuse de rythme et de musique entre les invocations religieuses musulmanes et juives, la Hadra et le Gospel.
Autre fait marquant lors de cette soirée, la tenue d’un débat sur la paix et les questions internationales de l’heure. Un débat lors duquel Mohamed Kabbaj, Conseiller de SM le Roi Mohammed VI et président de l’Association Fès-Saïss, a affirmé que sans culture, il ne peut y avoir de valeurs, soulignant les « liens intimes qui existent entre le credo culturel et la promotion de toute chose », qu’il s’agisse de paix, de développement économique et social, ou de bonne gouvernance.
Pour sa part, le directeur du festival, Faouzi Skalli, a indiqué que le festival de Fès célèbre la beauté interne des cultures du monde, en même temps qu’il propose une réflexion interpellant à la fois la raison et le coeur, capable de donner une âme à la mondialisation. Rappelant la vocation du festival en tant que forum de dialogue, il s’est réjoui de l’invitation à l’édition 2004 des promoteurs de l’initiative de Genève pour une résolution du conflit israélo-palestinien.
Intervenant a cette occasion, Katherine Marshall, conseillère du président de la Banque Mondiale en matière de valeurs et d’éthique du développement, a estimé que l’étape actuelle de l’histoire du monde était à la fois la pire et la meilleure des périodes.
« Elle est telle une image à deux faces : l’une marquée par les préoccupations de l’époque qui vont de l’appât insatiable du gain aux tensions diverses, en passant par la dégradation de l’environnement, alors que l’autre est caractérisée par l’espoir en une victoire sur la pauvreté, la misère et les maladies, la préservation de la planète et l’instauration de la paix à l’échelle universelle, a-t-elle fait remarquer. L’artiste Gabriel Meyer, a pour sa part mis en exergue les vertus du dialogue pour la conquête des méfiances.
Il s’est aussi félicité de la participation d’Israéliens à une manifestation de protestation palestinienne contre le « mur de sécurité » érigé par Israël.
Peter Eigen, président fondateur de Transparency International, a quant à lui souligné l’importance de la transparence dans les rapports entre pays du Nord et du Sud et le choix de projets économiques dans le souci d’un développement durable, axé sur la lutte contre la pauvreté, tout en tenant compte de la préservation de l’environnement. On l’aura compris, plus qu’un événement culturel, le festival itinérant est également une occasion privilégiée de débattre des grandes questions politiques et économiques du moment.

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