Culture

Polémique autour d’une momie

© D.R

Nerftiti, cette belle créature, épouse du pharaon monothéiste Akhenaton, fait beaucoup parler d’elle… momifiée bien sûr. Une expédition britannique menée par l’égyptologue Joann Fletcher estime avoir localisé la momie de la reine égyptienne dans une tombe de la Vallée des Rois, près de Louxor (sud). L’annonce a été faite lundi, et aussitôt, les réactions ont fusé. Zahi Hawas, secrétaire général du Conseil supérieur des antiquités égyptiennes (CSAE), exclut totalement que Néfertiti, politiquement marginalisée après la mort de son mari, ait pu être inhumée dans cet endroit évoqué par l’égyptologue britannique. «Ce n’est pas Néfertiti du tout !». Le ton du responsable égyptien est ferme. Et pour cause, c’est de l’histoire de son pays qu’il s’agit. «Le CSAE ne permettra à aucune mission archéologique étrangère de faire de telles annonces non étayées par des preuves solides», a-t-il précisé, sans omettre de faire une allusion au « manque d’expérience » de Joann Fletcher. Cette dernière évoque la ressemblance physique entre la tête de la momie et les sculptures connues de Néfertiti. «Mais ce n’est pas significatif», estime le responsable égyptien car toutes les statues de l’époque amarnienne (XVIIIème dynastie : milieu du XIVème siècle avant J-C) présentent les mêmes caractéristiques. Zahi Hawas ne reste pas là. Il n’hésite pas à retracer la vie de la reine égyptienne pour défendre son opinion. Ainsi, les conflits que Nefertiti a eu à affronter tout au long de sa vie ne pouvaient pas lui permettre d’être enterrée à la Vallée des Rois, lieu sacré réservé uniquement aux grands pharaons d’Egypte. Le responsable des antiquités égyptienne a rappelé à ce sujet que Néfertiti avait été impliquée dans l’assassinat du premier successeur de son époux, Semenkhkarê (1354 avant J.C), et avait par la suite été en conflit avec le roi Horemheb (1340-1314 avant J.C) qui a combattu le culte d’Aton et en a effacé toutes les traces. «Horemheb n’aurait donc jamais permis qu’elle soit enterrée dans la Vallée des Rois», soutient M. Hawas. L’avis d’un autre spécialiste des momies égyptiennes rejoint la prise de position de ce dernier. Marc Gabolde, maître de conférences en égyptologie à l’Université Paul Valéry de Montpellier III estime que «l’hypothèse qu’il s’agit de (la momie de) Néfertiti repose sur le fait que la momie portait un collier et une perruque de style nubien, mais ce sont des arguments assez faibles, car ce ne sont pas là des caractéristiques propres à Néfertiti». Et d’ajouter: «Au Musée du Caire, il y a cinq ou six autres momies qui ont les mêmes caractéristiques». L’expert français a en outre rappelé que c’est la deuxième fois qu’on prétend avoir découvert Néfertiti dans le même ensemble de momies. La belle reine, sujet de cette polémique a connu une vie très mouvementée. Son mari, le roi Akhenaton (1372-1354 av. J-C), avait rejeté l’ancien culte d’Amon pour adorer le dieu unique Aton. En plus, sa beauté est devenue légendaire. Son buste polychrome exposé au Musée égyptien de Berlin le dévoile d’ailleurs fort bien. Une antiquité qui a également fait l’objet d’une grande polémique. L’Egypte envisage en effet de réclamer sa restitution, après une âpre dispute cette semaine avec ce musée qui l’a réuni à une sculpture moderne de corps dénudé.

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