Culture

Portrait : La raison d’être de Soumaya Abdelaziz

© D.R

“Née pour chanter’’. Cela ferait un bon titre pour un film. Sauf qu’il ne s’agit pas ici de fiction. Entre Soumaya Abdelaziz et le chant, il y a un rapport quasi-congénital. Née en 1957 à Salé, dans le quartier « Rimal », l’enfant a baigné dans la musique. Fille de mécène, en l’occurrence l’homme d’affaires M’Hamed Ben Moumen, elle a vu se succéder à la maison la fine fleur de la chanson marocaine des années soixante. «Maâti Belkacem, Abdelkader Rachdi, Salah Cherki et autres célébrités de la chanson venaient régulièrement chez nous », se rappelle l’artiste avec un brin de nostalgie.
Quand il arrive à ces chanteurs de s’absenter, c’est Soumaya Abdelaziz qui part à leur rencontre. Voisin mitoyen, Maâti Belkacem était le plus proche du cœur de l’artiste. « Je me souviens avoir vu souvent ce grand artiste assis sur un tapis, en train d’accorder son luth. Je m’assieds à mon tour près de lui pour l’entendre caresser son instrument fétiche et chanter », relate-t-elle. «Je retiens toujours sa manière d’interpréter l’un des succès des années soixante, sa mémorable chanson «Ayam Rabii Hilwa khodra», se réjouit-elle. «Je dois à ce grand monsieur de la chanson d’être le premier à m’avoir inoculé le virus de la chanson», reconnaît-elle. Marquée à son très bas âge par la musique, elle le sera encore à la Maternelle. «J’avais cinq ans à la Maternelle, mon institutrice avait découvert que je chantais mieux que les autres enfants. Elle m’invitait par conséquent à chanter à chaque occasion de fête», raconte-t-elle. Avant d’ajouter : «Les bonbons étaient mes premiers cachets ». «Le directeur de la Maternelle Bernadez, ajoute-t-elle, me gavait de sucreries en guise de reconnaissance».
Tout prédisposait donc Soumaya Abdelaziz à envisager une belle carrière dans le chant. Or, à la maison, cela n’était pas pour plaire à sa famille. Et puis, dans les années soixante-dix, «c’était mal vu de voir une fille chanter», regrette-t-elle. En 1980, S. Abdelaziz ira à Paris pour des études en psycho-clinique et ethnopsychiatrie. Ce cursus sera couronné d’un diplôme d’études approfondies (DEA). A l’âge de 26 ans, S. Abdelaziz amorce un heureux virage. L’artiste décide de consacrer le restant de sa vie à sa première passion : le chant. Après six ans d’études en France, elle entame juste après son retour au Maroc l’enregistrement d’une reprise de la célèbre chanson « Al Farha al-kobra » (La Grande joie).
Patriotique, cette chanson a réalisé un grand succès. Simplement, «j’avais moins de moyens financiers à l’époque que les autres », déplore-t-elle. Et puis, il fallait bien connaître comment fonctionnent les rouages de l’administration de la TVM alors sous l’autorité du «super-ministre » Basri.
Devant cette situation, S. Abdelaziz a dû compter sur ses propres moyens. « A part un seul CD produit par l’Irakien Karim Hakim, une reprise de Nadhem Al Ghazali, j’ai dû produire mes propres chansons : en égyptien, « Awlad Ossoul », « Ya mona qalbi », « Wa haqolloko ih », « Ana maâdirch », « Ghadan » ; en dialecte marocain: «Assakan», «Mali ya Rabbi mali», « Khatwa b’khatwa », «Kafani », « Domoue al Achwak », « R’matni l’mwaj», «Awah»…
Le parcours de S. Abdelaziz ne s’arrêtera pas là. En 1990, il connaîtra un beau virage. En cette année, l’artiste se verra proposer par les Nations Unies l’enregistrement d’un album à caractère humanitaire.
Cet album résonne comme un cri de détresse. On y trouve tour à tour des chansons sur l’exploitation des petites bonnes marocaines (Fatéma), sur la faim et le problème du dépôt des déchets nucléaires en Afrique (L’arbre africain), les enfants de la rue (Sale gosse)… Touchée par le calvaire des candidats à l’émigration, l’artiste prépare actuellement une chanson intitulée « Les trottoirs du paradis ». La chanson raconte l’histoire d’un jeune qui veut émigrer à l’étranger et qui fait la queue devant les services des visas…  
Interprète, S. Abdelaziz écrit et compose ses propres chansons. Que faut-il encore demander ? En 2002, S. Abdelaziz a remis le cap à Paris pour un stage de formation aux métiers de cinéma.
Ce cursus sera couronné d’un court-métrage intitulé « L’archi-dragueur ». En ce qui concerne sa formation en psychologie, l’artiste nous a dit avoir suivi cette formation pour « être proche des gens ». Et de leurs préoccupations… Bel exemple d’altérité…

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