Culture

Portrait : Zerouali, l’aventurier du théâtre

© D.R

Le nom de Zerouali est resté associé à un genre théâtral particulier : le monodrame. Un choix qui n’est pas sans poser de difficultés, sachant que, au-delà du talent, ce genre exige beaucoup d’énergie, et de présence pour tenir en haleine son public. Zerouali a-t-il fait ce choix par défi? Deux facteurs pourraient le justifier, nous explique l’artiste.
Il y a d’abord un facteur objectif : la volonté de faire simple, en raison de l’absence de conditions potables pour la pratique du théâtre dans un cadre institutionnel. Et puis, il y a un facteur subjectif : une volonté d’apporter quelque chose d’original au théâtre marocain, au plan aussi bien intellectuel qu’esthétique. Sur ce dernier point, l’apport de l’artiste reste indéniable. Zerouali est cité comme l’un des noms incontournables de la scène théâtrale nationale. Une preuve, et pas des moindres : l’expérience de ce vieux routier de la scène a fait l’objet d’une trentaine de recherches universitaires. Mais d’où venait tout cet intérêt?
Né en 1952 à Fès, à « Makhfya », l’un des quartiers huppés de la capitale spirituelle, Zerouali a donc pu côtoyer la petite bourgeoisie fassie. Pourtant, ni le rang social de ses parents (fils d’un menuisier), ni leur situation matérielle ne le prédisposaient à habiter dans l’un des quartiers les plus cossus de Fès. « Le hasard des circonstances », tranche Zerouali. La pauvreté n’a pourtant pas constitué un handicap pour l’enfant, loin de là. « Elle m’a poussé à redoubler d’efforts pour atteindre le niveau des enfants issus de milieux favorisés», dit-il. Aussitôt admis à l’école des Qaraouiyine, l’enfant n’a pas tardé à se faire remarquer.
Ses professeurs ne tarissaient pas d’éloges sur sa maîtrise précoce de l’arabe, sa facilité d’élocution, son goût prononcé pour la littérature… En dehors de l’école, sa mimique, sa gestuelle et autres qualités d’interprétation n’ont pas laissé son entourage indifférent. C’est ainsi qu’un jour de 1961, le petit Zerouali recevra une première proposition de rôle. « C’est à Abdel Kamel Bennis que revient le mérite de m’avoir révélé, quand il m’a proposé de jouer dans sa pièce (Au nom de la patrie) », reconnaît-il. Dans cette pièce, le petit Zerouali campe le personnage du fils d’un bédouin perdu en plein désert, avant d’être intercepté par des éléments des forces de l’occupation. Le père ayant peur que son fils renseigne ces éléments sur les poches de la résistance nationale, il était prêt à le sacrifier. La cause sacrée de la patrie l’emportera sur le sentiment de paternité.
Avec ce rôle, le petit Zerouali franchit son premier pas vers une carrière qui s’annonçait prometteuse. Comme le montre la période allant de 1961 à 1975, ponctuée de plusieurs exploits avec la troupe du théâtre amateur de Fès : « Al khyana », « Kafa rtijalan ya sayidati », « Lohoum fi lmazad », « Hiziran, chahadat milad » (sur la question palestinienne), « Chams fi biladi addabab », « Al Ayn walkholkhal » (participation au Festival de la jeunesse arabe, 1975), etc. L’année 1976 marquera un tournant décisif dans le parcours de Zerouali.
En cette année, l’artiste amorce un virage en écrivant sa première pièce de théâtre intitulée « Al wajh wal mirât ». « Ce fut un succès total », se réjouit-il. Et comme un succès en appelle un autre, Zerouali enchaînera avec plusieurs autres œuvres : « Janayiziat al ârass », « Rihlat al atach », « Zekroum al adab », «Borj ennour », « Atkou errouh», « Arrik ennachef » (roman) et « Nachouat al bawh » (recueil de poésies).
En 1977, Zerouali réussit à réaliser son vieux rêve : création du 1er Festival national du monodrame. Cette première édition fut marquée par la participation de grands symboles du théâtre national tels que Mohamed Timoud, Abdelkbir Cheddati, Houri Houcine, etc. Résumons : Zerouali a le mérite d’avoir participé à l’enracinement et au développement du monodrame au Maroc. Qu’en est-il du contenu ? D’après ses créations, Zerouali se serait beaucoup inspiré du patrimoine.
En témoigne une prodigieuse production ayant puisé dans l’histoire : « Insiraf al ochaq » (l’histoire de Qaïss wa Leïla), «Borj ennour» (hymne à Moulay Driss, fondateur de Fès), « Kidto arah » (hommage à Mohamed Ibn Abdeljabbar Annifari), «Al Ostoura » (Avicennes), etc.
Comédien, metteur en scène, auteur dramatique, Zerouali a varié les vocations. Ce n’est ainsi pas un hasard s’il a relevé le défi de faire du monodrame.

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