Culture

Production théâtrale : Le parcours du combattant

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Depuis la mise en place du Fonds d’aide à la production théâtrale par le ministère de la Culture à la fin des années 90, la scène théâtrale semble avoir bougé. Chaque année, plusieurs spectacles bénéficient des subventions octroyées par le ministère de la Culture. Des subventions dont le montant est revu à la hausse d’année en année. Pourtant, les professionnels du théâtre, particulièrement les troupes, sont mécontents. Le public aussi déplore la qualité des productions théâtrales. «La subvention octroyée aux troupes est dérisoire. Mais personne n’ose l’avouer. Elle ne couvre même pas les frais d’écritures de la pièce. C’est souvent le directeur de la troupe qui assume la totalité des dépenses nécessaires aux répétitions, au décor, au déplacement et autres…», déclare à ALM Mohamed Lhor directeur de «Akoun», une jeune troupe de théâtre qui a bénéficié à deux reprises des subventions octroyées par le ministère de tutelle. Ainsi, le problème persiste malgré l’augmentation du montant global des subventions. Celui-ci a atteint lors de la dernière saison théâtrale 3.483.000 DH, en hausse par rapport au montant de l’année 2006-2007 qui était de 3.000.000 DH. Sauf que le nombre de troupes bénéficiaires a lui aussi augmenté, soit 27 troupes cette année par rapport à 15 l’année précédente. Dans l’absolu, rien n’a été fait. Et la trentaine de troupes se retrouve avec des sommes minimes pour préparer des spectacles sans envergure et sans grande valeur artistique comme dirait un simple observateur. Chacun devrait recevoir en final quelque 11000 DH et cela en trois tranches. En théorie, la première tranche qui est de 40% est délivrée à l’annonce des résultats, la seconde après la première présentation de la pièce et, enfin, la troisième tranche ne sera attribuée qu’une fois la troupe aura justifié ses dix représentations. En contrepartie, les troupes sont appelées à effectuer un total de dix représentations par an. Elles doivent s’y astreindre pour bénéficier de la troisième et dernière tranches de l’aide financière. La loi réglementant le fonds de soutien stipule que les troupes subventionnées doivent fournir des justificatifs par écrit à la commission pour prouver qu’elles ont effectivement donné les dix représentations programmées pour la saison. Sauf qu’en réalité, les choses se passent autrement : il arrive que des troupes même après leur dixième représentation ne perçoivent leurs dus que peu de temps avant la fin de la saison théâtrale couronnée par le Festival national de théâtre devenu un rendez-vous annuel incontournable. «On ne reçoit même pas la première tranche des subventions à temps et ce parfois même après plus de dix représentations. Sans parler d’un grand nombre de spectacles qui s’interrompe par manque de moyens ou de ténacité, à la deuxième ou troisième représentation», déplore un membre d’une troupe de théâtre. Concernant ces problèmes de retard d’aides aux troupes, le ministère de la Culture renvoie tout simplement cela au département du ministère des Finances.
«Il faut dire que la mise en place du Fonds d’aide à la production théâtrale est par soi une avancée pour les professionnels du théâtre et un acquis qu’il faut développer. Malgré ces lacunes, cette politique de subventions crée un effet d’émulation entre les troupes et les incite à faire preuve d’innovation et de plus de créativité. Sauf qu’on ne retrouve cette créativité que dans les dossiers de candidature des troupes», indique à ALM un ex-membre de la commission du Fonds d’aide à la production théâtrale. Sélectionnés d’abord sur dossier, les spectacles doivent par la suite être visionnés par la commission nationale du Fonds d’aide au théâtre en vue de leur validation. Ladite commission établit une feuille de route avant de faire le déplacement dans les différentes villes où ces spectacles seront représentés. Les heureux élus (re)commencent alors un parcours pas facile.

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