Culture

Prolifération de la criminalité dans les milieux urbains

© D.R

Petite ou grande, la criminalité en milieu urbain ne cesse de prendre des proportions inquiétantes. Les services de sécurité, à l’affût, multiplient leurs assauts et investigations pour contrecarrer un phénomène social aux multiples causes, alors que le citoyen se trouve dans certaines situations égaré et sans réel secours. Entre les inquiétudes des uns et les efforts des autres, sociologues, sécuritaires, parents, psychologues ou politiciens multiplient les approches pour décortiquer le pourquoi d’un phénomène aux multiples facettes. La sécurité est devenue ainsi un enjeu primordial qui interpelle tout le monde et appelle à la mobilisation de tous. Au fait, le comportement incivil et l’augmentation du taux de criminalité et de violence en milieux urbains ont relancé les débats sur le phénomène de l’insécurité dans les villes. Les statistiques publiées par la direction générale de la sûreté nationale sont sans équivoques. Elles précisent que le phénomène est en courbe ascendante : le nombre de crimes et délits a augmenté de 4,5 % en 2009. Il est passé de 321.077 actes d’agression en 2008 à 335.525 actes d’agression en 2009. Casablanca arrive en tête des villes qui connaissent un nombre croissant de délits et actes criminels avec 89 625 cas, suivie d’Oujda 26 682 cas, Marrakech 26.481 cas, Rabat 25.925 cas, Fès 20.495 cas, Meknès 20.024 cas et Tanger 18 241 cas. Au niveau de la ville d’Oujda, par exemple, les services de la police ont remis à la justice 7218 accusés de vols et d’agressions sous la menace des armes blanches en 2009 dont 514 femmes et 492 mineurs. Par ailleurs, certains espaces sont devenus des lieux à risques. «Je ne peux passer à côté du parc Lalla Aïcha pour rentrer chez moi sans avoir le pressentiment qu’à tout moment je risque d’être agressée soit pour me voler mon sac ou mon portable, me dérober mes bijoux ou m’injurier si ce n’est pas pour me draguer. Et si ce n’est pas un voleur c’est un drogué, un malade mental ou un mendiant», rapporte une enseignante universitaire qui habite un quartier huppé aux alentours de ce parc public. Dans les quartiers périphériques c’est pire encore car souvent les agents de sécurité n’interviennent pas à temps pour apaiser les passions et remettre à l’ordre les fauteurs de troubles. «Hier, il y avait une bagarre à armes blanches provoquée par un voleur qui a essayé de s’emparer de la mobylette d’un autre homme. Ce dernier s’est défendu mais la bagarre s’est achevée dans un «bain de sang». La police est arrivée après 30 minutes : une fois les passions calmées. Heureusement qu’elle a pu arrêter l’agresseur grâce à la prouesse d’un agent», rapporte un citoyen qui a assisté à la scène depuis son début. Répondant à une question pour savoir si les personnes qui étaient présentes ont essayé de neutraliser l’agresseur, il a expliqué que ce n’était pas possible vu que le voleur usait de son arme blanche et se comportait de manière hystérique. «Certes, il y a des quartiers dans certaines villes qui sont à risque et certes il n’est pas facile d’opérer dans certains endroits mais notre approche consiste à protéger le citoyen dans sa sécurité physique et ses biens tout en agissant avec sagesse et fermeté pour neutraliser perturbateurs d’ordre public ou autres bandits, malfaiteurs, gangs ou voleurs. D’autant plus qu’il y a des cas qu’il faut traiter de la manière qui convient», précise un agent de police spécialisé dans ce type d’intervention. Et de conclure : «il nous arrive d’intervenir aux risques et périls mais c’est un travail que nous assumons avec responsabilité et conviction». «Les principales causes de ce phénomène sont le chômage, les bouleversements qu’a connus la structure familiale, les carences urbanistiques, l’explosion démographique notamment en quartiers périphériques, l’exode rural, l’échec scolaire, la pauvreté, la précarité ou l’exclusion sociale, la drogue, la prostitution», développe le psychologue Hassan Kharouaa. Il précise aussi que tous les crimes en milieux urbains ne sont pas de la même nature. «Il y a ceux commis avec préméditation, ceux qui sont dus à des moments d’énervement ou d’emportement, sous l’effet de la drogue, un drame sentimental, un échec scolaire ou professionnel. Il y a aussi des personnes impulsives. Ces dernières sont plus prédisposées à commettre des délits ou crimes», ajoute M. Kharouaa tout en indiquant que les pressions de la société de consommation et l’exclusion sociale sont de nature à influencer négativement les réactions humaines. «Face à ce phénomène, les citoyens attendent des actions drastiques et des mesures rigoureuses pour atténuer les effets de la petite et de la grande criminalité. La sécurité est devenue un atout économique qui encourage l’investissement et attire les touristes», témoigne Hakim Benahmed, un hôtelier. La sécurité n’est pas uniquement une affaire de police. Elle dépend essentiellement d’une approche citoyenne qui implique tout un chacun. Elle commence par l’acte anodin de composer le numéro de police pour dénoncer ceux qui détruisent les équipements ou les infrastructures publics, qui vendent de la drogue aux alentours des établissements scolaires, qui agressent les passants, qui sèment le désarroi dans certaines rues. Il est temps de dénoncer tous ces comportements qui nuisent à la sécurité du citoyen et aux biens publics. Et surtout il faut être solidaire devant le danger. «Il est anormal qu’un voleur agresse une vieille femme, un homme âgé, un petit garçon ou une femme coquette devant des dizaines de passants sans que personne ne les secoure», rétorque Hassan Jabri, un commerçant. Et d’ajouter : «il y a une rue au souk où les voleurs et les bandits ne peuvent opérer car les commerçants de cette rue sont solidaires et se chargent de ces personnes en les corrigeant en cas de problème». Ceci dit les solutions peuvent trouver leur harmonisation dans une meilleure articulation entre prévention, répression et solidarité. Elles dépendent aussi d’un engagement solennel des responsables, des acteurs économiques et sociaux et par le rétablissement du rôle traditionnel de la famille et de l’école.

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