Culture

Quand l’Arabe rencontre le Latino

© D.R

Dimanche dernier, 20h30, au théâtre Mohammed V à Rabat. Toutes les places sont d’ores et déjà occupées. Et tant pis pour retardataires. L’agitation est de mise. L’assistance attend, non sans une certaine impatience, celle dont elle n’a que trop entendu parler, Hanine. Celle dont la simple évocation du nom renvoie à cette éternelle nostalgie qui marque la chanson traditionnelle libanaise, et par extension, arabe. Une impatience qui n’a pas trop duré. Huit artistes cubains n’ont pas tardé à faire leur entrée. Leur habit est d’une classe presque caractéristique de l’esprit salsa dont ils sont quelques-uns des porte-drapeaux. Ils mettent le feu dans une salle qui a d’emblée été invitée, ou poussée, à se lever, à danser. Leur musique n’est simplement pas à écouter assis, mais debout et en mouvement.
Une véritable séance d’échauffement avant que la star tant attendue n’investit la scène, après un court suspense. De nouveau, le silence, la lumière est tamisée. De quelque part dans le back-stage, une voix surgit : « Je m’appelle Hanine (de son vrai nom) et je vous arrive du village d’Amaatour», s’est-elle présentée, avant de commencer à chanter un mawal, sans accompagnement musical. Une douce entrée en la matière suivie, quelques instants après, par des rythmes salsa, gagnant en vitesse. La lumière était de retour, révélant au public la Hanine et son groupe cubain, Son Cubano.
L’occasion de découvrir un mélange d’une rare et toute aussi exquise qualité de musique arabe classique avec un accompagnement cubain. Deux rythmes appartenant à deux cultures diamétralement opposées s’alternaient. Les classiques arabes d’Asmahan, comme « Ya habibi Taala », de Abdelhalim Hafed et son éternel « Ahwak », de Feirouz et son « Zourouni Kouli Sana Marra » et bien d’autres artistes arabes s’en sont trouvés plus que ressuscités, mais mis dans un autre air de temps et d’espace. D’autres Cubains comme le révolutionnaire « Hasta Siempre Comandante », célébrant la vie et la lutte du mythique Che Guevara ont retrouvé un goût arabe, tant par la traduction en arabe de certains passages de la chanson, que par la légère et délicieuse alternance de leur rythme.
A ce propos, force est de souligner le grand étonnement des artistes cubains qui, en interprétant cette même chanson, se sont rendus compte qu’ils n’était pas les seuls à la chanter. Le public était là également et les accompagnait. Il s’agit là d’un des moments forts qui ont ponctué une soirée haute en sensations. Autre moment fort, celui où Hanine a dû céder le micro au public juste après avoir entamé le célèbre Ahwak du Rossignol Brun, s’étant rendue compte qu’elle avait affaire une assistance faite de connaisseurs polyglottes. La musique de « Hanine y Son Cubano » est un constant dialogue entre l’arabe et l’espagnol dans sa version cubaine, un admirable échange tant de paroles que de mélodies, avec une double cadence qui s’accélère quand un chanteur cubain prend les devants de la scène et qui ralentit quand Hanine revient à la charge. Tarab oblige. Un changement de tempo qui a fonctionné à merveille sur scène. Un véritable travail d’équipe se produit devant les regards admiratifs du public.
Chacun des artistes et musiciens est important. Et chacun a suffisamment de temps pour démonter son talent. Le tout donne lieu à une performance équilibrée et dont le mérité revient à un grand effort, tant de Hanine que de ses compagnons cubains.
Le succès est considérable. Un succès derrière lequel se trouve un homme, Michel Elefteriades, le producteur à qui d’autres artistes comme José Fernandez et Démis Roussos doivent en partie leur succès. Et à l’image des deux artistes précités, Hanine y Son Cubano sont bien partis pour un succès encore plus grand.

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