Culture

Quand les chasseurs visent les braconniers

© D.R

Gai, gai, le gibier, la saison de chasse est terminée ! L’heure pour le Haut Commissariat aux Eaux et Forêts et à la Lutte contre la Désertification (HCEFLD) et pour la Fédération royale marocaine de chasse (FRMC) de faire le bilan de leurs actions conjointes. Notamment en matière de régulation des animaux prédateurs.
Dans le cadre de la politique de sauvegarde des systèmes écologiques et de la biodiversité, le HCEFLD a entrepris en effet de rétablir l’équilibre entre les prédateurs et leurs proies et ce dans plusieurs régions du Royaume. L’objectif est d’assurer la pérennité de certaines espèces de gibiers et de protéger les élevages. Les agents forestiers ont donc procédé à l’organisation de battues de régulation des animaux jugés responsables, dès lors qu’ils se trouvent en situation de surnombre ou quand les dégâts ou dommages sont signalés. Au cours de la saison de chasse 2005-2006, 783 prédateurs ont ainsi été éliminés : sale temps pour les chacals, les renards, les chiens errants, les pies et les corbeaux. Les sangliers également, dans la mesure où ils deviendraient à leur tour nuisibles du fait de leur pullulation.
Tous les chasseurs le confirment : à cause de la disparition de ces prédateurs, le sanglier connaît une prolifération spectaculaire dans plusieurs régions et commence à causer de sérieux dégâts, aux cultures notamment. C’est pourquoi le Haut Commissariat avait décidé, durant la saison de chasse, d’autoriser la chasse au sanglier tous les jours, à l’exception du vendredi. Et à présent que la chasse est fermée, l’élimination des sangliers en surnombre se fait dans le cadre de battues de régulation spéciales, dès que des irruptions ou des préjudices sont signalés. Bilan de cette traque aux sangliers : près de 4500 bêtes éliminées en plus de 1000 battues ; ces deux chiffres, en nette augmentation par rapport à l’année dernière, disent nettement la nécessité d’une gestion vigilante et constante de la chasse dans toutes ses dimensions.
Du côté de la FRMC, l’heure est également à la reprise en main du secteur. Une dynamique amorcée il y a cinq ans déjà, sous l’impulsion donnée par un tandem responsable et ambitieux : au côté de Meziane Belfqih, président de la Fédération, Chafiq Jilali, chargé de mission au Cabinet royal et président délégué, est là pour garantir l’effectivité de cette reprise en main.
Slimane Chahid, forestier détaché par le HCEFLD auprès de la FRMC, témoigne d’ailleurs à son niveau du bon déroulement de cette stratégie de remise à zéro pour agir avec efficacité. Une stratégie de collaboration tout d’abord, formalisée par la signature, en 2002, d’une convention avec le HCEFLD. «Notre objectif principal, explique-t-il, est de lutter très énergiquement contre le braconnage. Nous avons recruté, à cette fin, dès 2001, 230 gardes bénévoles sous contrat de trois ans, que nous avons également entrepris de former».
Mais il ne suffit pas de former des chasseurs bénévoles aux responsabilités de la surveillance des zones de chasse et de l’entretien du gibier. La reprise en main du secteur concernera, bientôt les chasseurs en tant que tels. Ces derniers seront soumis en effet à l’épreuve d’un examen qui conditionnera l’obtention du permis de chasse. Dans cette perspective, le Dahir de 1923, qui réglementait la chasse, a fait l’objet, en juillet 2006, d’une modification, dont le décret d’application est actuellement à l’étude auprès du secrétariat général du gouvernement.
A la FRMC, on planche déjà sur les questions qui seront posées aux candidats, qui devront faire la preuve de leur aptitude à assumer toutes les responsabilités inhérentes à la pratique de leur passion.
À l’étude également, la publication d’un guide, une sorte d’aide-mémoire destiné aux candidats. Et pour finir de rationaliser la formation des futurs chasseurs, un logiciel d’entraînement figure parmi les projets en chantier.
Dans un autre ordre d’idées, la fédération mène depuis deux ans une étude sur les oiseaux migrateurs. Il s’agit notamment d’en finir avec la controverse sur les dates de reproduction de la caille et de la tourterelle.
Dernier volet de l’action menée sur le terrain par la FRMC, la réhabilitation des stations d’élevage relevant du HCEFLD. Cela devenait urgent, tellement l’état de délabrement des installations existantes devenait préoccupant. En 2005, une convention passée avec le ministère de l’Intérieur a fait bénéficier la fédération d’une enveloppe annuelle d’un montant de 5 millions de dirhams. Les stations d’Oujda, de Benslimane et de Chaouen ont ainsi été remises en état d’assurer la pérennité du gibier dans leurs territoires respectifs.
Grâce à ce budget, grâce aussi aux cotisations des chasseurs récoltées par le biais des 365 associations affiliées à la fédération, 6000 oiseaux ont pu être lâchés l’année dernière dans différentes aires de chasse. Avec au préalable les opérations de « nettoyage du milieu », c’est-à-dire la régulation des animaux prédateurs, dans les conditions fixées par le HCEFLD.

Témoignage d’un armurier : le cas des carabines
Cet armurier, appelons-le Hamid, tient commerce depuis trente ans. Le 16 mai 2003 a marqué un tournant de son activité. En effet, dans le cadre des mesures de sécurité prises au lendemain des attentats, l’interdiction de vente libre des carabines 9 mm a été un coup dur : «Les carabines, c’était un peu notre pain quotidien : ces armes se vendaient toutes seules, sans compter les munitions. Aujourd’hui, il faut un permis de port d’armes pour acquérir ce type de fusil. Forcément, cela a conduit à une nette réduction de notre chiffre d’affaires ». À cela s’ajoute, précise Hamid, le fait qu’il est devenu très difficile d’obtenir un permis de port d’armes. Les heureux nouveaux détenteurs du sésame choisissent en toute logique de s’offrir un fusil plutôt qu’une carabine.
Confirmation dans une préfecture casablancaise, au service de délivrance de ces permis désormais délivrés au compte-gouttes : «Entre 2003 et 2005, nous nous sommes contentés de renouveler les permis. Il a fallu attendre deux ans après les attentats de Casablanca pour alléger la restriction …»
Pour Hamid, le sujet des carabines sert de biais pour aborder un autre aspect de la chasse : «Je comprends qu’il soit nécessaire de réglementer sévèrement la détention d’armes de chasse, qui peuvent facilement être utilisées comme armes de poing. Mais il ne suffit pas d’en restreindre la vente : il y en a déjà près d’un million en circulation. La solution serait d’opérer un recensement en invitant les détenteurs de ces armes à se faire connaître puis à leur imposer le paiement d’une redevance. Cela permettrait de collecter beaucoup d’argent qui pourrait être très utile au secteur de la chasse en général».

Le permis de port d’armes : comment l’obtenir ?
La demande est relative à l’obtention du permis de port d’armes et de chasse. La procédure prévoit la constitution d’un dossier comprenant une demande manuscrite sur papier timbré adressée au gouverneur, fiche anthropométrique, deux photocopies légalisées de la CIN, certificat de résidence, six photos d’identité, attestation de travail et de salaire, attestation d’achat d’arme et fiche technique de l’arme.

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