Culture

Rachida Khalil : «Les hommes de mon coeur me comblent de joie, d’angoisse et de soucis»

© D.R


ALM : Parlez-nous de Rachida Khalil la petite Marocaine qui a quitté son village du Rif pour aller s’installer en France avec sa famille.
Rachida Khalil : La petite Marocaine est déjà bien loin puisqu’à mon tour je suis mère de deux garçons. Mais au travers de leurs jeux, de leurs joies et de leurs rires, il m’arrive de retrouver cette petite fille et son innocence. Par contre, quand je retourne au village, la magie fonctionne à nouveau et je vois défiler l’album de mon enfance et d’une partie de ma vie. Pour le reste, la réponse serait trop longue, elle est en partie expliquée dans mon livre, je ne garde pas d’aigreur malgré des moments très douloureux. Je m’estime d’ailleurs privilégiée, mais tout affranchissement est difficile et on laisse beaucoup de soi dans cette quête.

Comment est née en vous cette vocation de comédienne?
Au hasard des rencontres mais avec comme point de départ une femme qui a joué le rôle de grand-mère de substitution et de précepteur. Elle m’a transmis le goût de la lecture par la bande dessinée, puis celui des livres et enfin du théâtre via les grands auteurs classiques. Elle n’a pas contrarié cette passion naissante, mais l’a plutôt encouragée tout en me prodiguant tous les conseils de prudence que je n’ai pas trop suivis, évidemment. Suite à cela, j’ai eu la chance de pouvoir intégrer à 16 ans une troupe de joyeux «saltimbanques» et l’aventure a commencé réellement là.

Quelles sont les difficultés que vous avez rencontrées dans votre carrière?
Celles de toute femme dans ce métier mais décuplées par le fait d’être une femme arabe qui ne souhaitait pas être uniquement cantonnée à des rôles pré-formatés. A cette époque, qui n’est pourtant pas si lointaine, il n’y avait pas encore le fameux «Black, Blanc, Beur» et très peu de gens étaient disposés à miser sur une actrice ou un auteur d’origine maghrébine. Je ne suis pas sûre d’ailleurs, hormis pour quelques incontournables comme Jamel, que la situation aujourd’hui soit très différente.

Et le cinéma, quelle place occupe-t-il dans votre vie?
Pour les raisons en partie évoquées dans la question précédente, assez peu de place. En même temps, je suis si épanouie sur scène que je l’accepte sans trop d’aigreur. Un jour fatalement, j’y crois en tout cas, je rencontrerai le rôle ou le metteur en scène, mais il viendra peut-être de l’étranger sans le poids des stéréotypes. Nous n’en sommes pas là aujourd’hui mais demain, qui sait ?

Quel est le rôle que vous rêvez d’interpréter dans le cinéma?
Evidemment, un rôle qui serait totalement en opposition avec ce que je suis ou un contre-emploi. Je suis assez fascinée par la carrière et le talent de Jodie Foster et de John Malkovich qui ont su composer des personnages assez extraordinaires et hors normes. Ils sont d’ailleurs passés des deux côtés de la caméra, je le ferai un jour, peut-être, si ce rôle n’arrive pas.

Votre nouveau spectacle «L’odyssée de ta … race» sera au théâtre des Mathurins à partir du 16 juin. Parlez-nous de cette expérience.
Après une longue absence, due en grande partie à l’écriture de mon livre et à la naissance de mon petit dernier, je reviens avec beaucoup plus de sérénité, d’envie de partager, de faire bouger les choses. Ce nouveau spectacle est une sorte de continuité aboutie du précédent, avec près de trois années de plus. Il utilise des thèmes plus universels : la crise, la place de l’homme qui lui échappe petit à petit et la spirale de notre évolution qui est tellement forcenée qu’elle peut devenir rapidement une régression. En tout cas, j’ai pris énormément de plaisir à le monter et j’espère que le public le ressentira.

Vous venez de sortir un roman «Le sentier de l’ignorance». Vous êtes, donc, également écrivaine. Avez-vous d’autres talents cachés ?
Non, je ne crois pas ou ce sont effectivement des talents cachés ; écrivaine, c’est beaucoup dire, et je le dis sans fausse modestie, j’aime juste raconter des histoires comme on le fait au Maroc le soir, avant de s’endormir. Ce livre est un peu l’histoire de ma vie même s’il fait appel aussi à la fiction ; je l’ai écrit comme cela, comme un conte moderne. Si j’oubliais un talent, je fais très bien les gâteaux, peut-être parce que j’ai beaucoup rêvé devant les vitrines des pâtissiers, étant enfant.
Vous ne cessez d’embellir. Quel est votre secret ?
La chirurgie esthétique à l’extrême et le Botox à haute dose, non je plaisante mais votre question me flatte. Je pense en fait que le plus bel âge des femmes reste entre 30 et 40 ans, j’essaye juste d’avoir une bonne hygiène alimentaire et la glace de ma salle de bains comme juge suprême ou plutôt comme warning ! Peut-être aussi que la maternité embellit.

Et côté cœur, comment se porte Rachida Khalil ?
Les hommes de mon cœur me comblent de joies, d’angoisses et de soucis, la vie quoi ! Je suis donc une femme épanouie, mais qui lutte sauvagement pour son épanouissement! Cela n’a rien de très original et je ne suis ni marginale, ni starlette ; une femme comme vous et moi.

Quels sont vos projets pour 2009 ?
J’espère que «L’Odyssée de … ta race connaîtra le succès et qu’il me sera donné la possibilité de tourner en Province et à l’étranger avec ce spectacle (pourquoi pas au Maroc). Si tout va bien, cela devrait m’occuper quelques temps…
J’ai aussi un autre projet écrit qui relève plus du théâtre, mais c’est très prématuré d’en parler. Pour l’instant la priorité de mes priorités reste celui-ci.

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