Culture

Rachida M’Faddel : «Toute ma vie, je me suis sentie immigrée»

© D.R


ALM : De quoi est-il question dans «Canada, aller simple» ?
Rachida M’Faddel : «Canada aller simple» raconte l’histoire d’une famille composée du père, de la femme et de trois enfants qui décide d’immigrer au Canada. Ceci pour donner la chance aux enfants de vivre dans un pays où la qualité de vie est meilleure. Dans ce livre, je relate tout le processus de demande d’immigration, toutes les étapes de sélection. Et ce qui se passe, c’est qu’en fait Nabil, le père lorsqu’il a obtenu le visa, le fameux sésame, il a l’impression que tout est acquis. Mais il réalise quand il est au Canada que tout est à refaire. Parce qu’il y a beaucoup d’obstacles qui vont l’empêcher de trouver un travail, exemple : il lui faut la fameuse expérience québécoise, il ne maîtrise pas l’anglais alors qu’au Québec, il faut parler anglais. En plus, il y a les ordres professionnels qui sont hermétiques. Aussi concernant ses évaluations, on ne reconnaît pas ses diplômes. Il est aussi question de pertes de repères par les enfants, et puis également le rôle du mari et de la femme qui est inversé.

Quelle est la finalité de cet ouvrage et pourquoi avoir choisi une forme romanesque ?
Et je voulais donner un guide aux gens, pour ceux qui veulent aller au Canada. Leur dire que ce rêve, on peut le transformer en miracle, si on prépare notre projet d’immigré, si on le prépare avec un plan B. J’ai choisi une forme romanesque parce qu’ainsi on est plus proche des émotions des personnages, et je trouve que cela est plus accessible au lecteur qu’un ouvrage didactique. Il faut qu’on vive l’histoire de Nabil, de Samia et des enfants, qu’on partage leur quotidien.

Est-ce que cette histoire est autobiographique ?
Cette histoire n’est pas autobiographique. J’aurais pu vivre l’histoire de Nabil et de Samia, mais j’ai eu de la chance, j’ai rencontré des gens qui m’ont aidée. Par contre, Nabil lui n’a pas eu cette chance-là. Et c’est à partir de faits réels de gens que j’ai rencontrés, d’une enquête que j’ai faite que j’ai écrit ce roman. Et puis, moi aussi je vis au Canada depuis dix ans. Et à mon arrivée, il y a eu aussi des choses que je n’ai pas comprises et qui m’ont étonnée, c’est pour cela que j’ai aussi voulu les raconter dans ce livre.

C’est votre deuxième roman. L’immigration et l’exil sont des sujets qui reviennent chez vous.
C’est mon deuxième ouvrage, mon premier livre, c’est «Le destin d’Assia, l’étrange étrangère». C’est l’histoire d’une jeune fille qui est née en France et qui va se marier au Maroc. Elle va quitter la France pour fuir le racisme et la xénophobie. Et au Maroc, elle va se sentir étrangère , parce qu’elle ne sait ni lire ni écrire l’arabe, parce qu’elle a l’impression de part son statut d’enfant d’immigrés qu’elle est stigmatisée. J’avais voulu dans ce roman raconter la double identité, la déchirure de ne pas être reconnu dans son propre pays, ne pas être reconnu dans le pays où l’on grandit comme en France et ne pas être reconnu dans le pays de ses origines. Les sujets de l’immigration et l’exil reviennent dans mes ouvrages, parce que j’ai grandi en France, et toute ma vie, j’ai été immigrée, je me suis sentie immigrée en France , immigrée au Maroc, et voilà je suis quand même encore immigrée au Canada.

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