Culture

Randa Maroufi: «Je ne peux m’enfermer dans une seule forme d’expression»

© D.R

ALM : Pouvez-vous nous présenter en quelques lignes votre parcours ?

Randa Maroufi : J’ai intégré l’Institut national des beaux-arts de Tétouan en 2006, où j’ai poursuivi un cursus en design graphique pendant 4 années, des projets plutôt commande/clients à caractère commercial et publicitaire, rien à voir avec les problématiques que je traite actuellement. C’est là que j’ai appris aussi quelques notions et outils de traitement d’image, de mise en page et de modélisation 3D. J’ai ensuite intégré en 2010 l’École supérieure des beaux-arts d’Angers (France) en 3ème année avec une envie d’approfondir mes connaissances en graphisme mais je me suis retrouvée à expérimenter des outils qui ne me sont pas très familiers comme la vidéo, le son, la performance,… et j’y ai pris goût. J’ai ensuite enchaîné avec Le Fresnoy – Studio national des arts contemporains à Tourcoing (France) pour un post-diplôme en cinéma et art contemporain. J’ai fini la formation en juin 2015.

Vous avez reçu le prix Cervantès pour votre nouveau court métrage «Park» à la 21ème édition du festival du cinéma «Medfilm festival de Rome», quelle est votre impression et que représente pour vous ce prix ?

Cette présentation à Rome est la première italienne de mon film. Recevoir un prix Cervantès consacré pour le Best Creative Short me donne encore plus d’énergie pour continuer à oser expérimenter différents formes et univers plastiques-visuels dans mes pièces.

Racontez-nous la genèse de ce film. Quel est le message que vous voulez transmettre ?

Le film est né d’un ensemble d’images à caractère violent partagé sur les réseaux sociaux. Je collecte depuis un moment toute image qui m’interpelle, qu’elle soit absurde, banale, violente, une image qui fait le buzz, qui me fait rire ou qui me révolte, m’énerve,… dans le but de l’utiliser un jour peut-être (ou pas) dans un travail artistique. Le film «Le Park» confronte un espace de jeux public laissé à l’abandon à une sélection de ces images, il interroge la question du point de vue par la circulation libre d’une caméra dans une image fixe sans mouvement. Il n’y a pas de message particulier à transmettre mais simplement se poser la question suivante : Et si nous prenions le temps de penser au «hors champ» et à tout ce qu’on ne voit pas pendant qu’on consomme une image de presse par exemple ? Tout est question de temps me semble-t-il, le temps réel, l’instantanéité, la mise en ligne très vite… Comment la technologie aujourd’hui fige-t-elle l’instant pour le transformer en Histoire?

Vous êtes plasticienne, photographe et réalisatrice, comment réconciliez-vous entre les trois ?

Si j’ai à choisir je dirais plutôt plasticienne indisciplinée. Je ne peux m’enfermer dans une seule forme d’expression et le support film accepte cette position dans le sens où la réalisation d’un film peut faire appel à toutes les différentes formes qui m’intéressent, à savoir la performance, la photographie, le son, l’image en mouvement, la mise en scène, et aussi ce rapport assez particulier à l’espace, et au mode de diffusion.
 
Vous vous intéressez à la mise en scène des corps dans l’espace public et intime, d’après vous pourquoi ce choix ?

Pas que cela ! Ma recherche se situe entre le reportage, le cinéma et l’étude sociologique, que je poursuis en développant différents projets axés sur la question du genre et le statut de l’image. Je développe des problématiques liées à la transition, à la surveillance, au réveil et à l’affranchissement. Mais cela ne m’empêche pas de m’intéresser à l’automobile ou l’athlétisme dans quelques années.

Quels sont vos projets actuels ?

Je suis en résidence d’artiste Trankat à Tétouan, j’écris un nouveau projet de film qui se déroulera peut-être dans le nord. Je n’en dirai pas plus pour le moment.

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