Culture

«Regarts» : L’art décliné au féminin

© D.R

Cinquante ans d’art plastique au Maroc à travers le regard des femmes, c’est ce que propose la Société générale marocaine des banques (SGMB), qui présente près de trente-cinq artistes-peintres jusqu’au 16 mars 2007.
«Regarts de femmes» révèle la diversité des styles et des genres. L’exposition est, en effet, l’occasion pour les amateurs d’arts plastiques de découvrir toutes les facettes de la création féminine. Bien que, nous explique Rim Lâabi, une passionnée de tissages et de métissages, «il n’existe pas d’art féminin et d’art masculin. Si cette exposition ne regroupe que des tableaux et autres œuvres de femmes, ce n’est pas pour créer un clivage entre les artistes hommes et les artistes femmes, mais c’est une manière de donner la possibilité à celles-ci de s’imposer et de donner tout simplement un aperçu sur leur démarche artistique. Une démarche qui varie selon les sensibilités, la formation et le savoir faire de chacune ».
Cette exposition montre, en effet, que les artistes femmes sont actives et qu’elles ont du talent. C’est ce qu’ont vérifié les invités au vernissage de l’exposition, jeudi dernier au siège de la SGMB. Un avis partagé évidemment par Aziz Daki, commissaire de l’exposition. Dans son texte de présentation du catalogue de celle-ci, il prend acte de « l’amalgame qui est souvent fait entre la création des femmes et l’art féminin». Pour clarifier les choses, il précise  qu’il n’est pas question d’art féminin dans la mesure où «chaque artiste s’exprime selon son vécu, sa vision du monde, son tempérament et son expérience intérieure». Ce serait là la véritable différence entre la création artistique des femmes et celle des hommes. «Les femmes sont par nature plus sensibles que les hommes et cette même sensibilité apparaît nécessairement dans leurs créations  picturales», souligne Rim Lâabi. Aux côtés de cette doctorante en arts plastiques et sciences de l’art à l’université Paris I, d’autres artistes se sont imposés aux regarts. Peinture, sculpture, photographie, vidéo, toutes ces expressions artistiques ont été investies par les artistes femmes. Dans cette exposition installée au deuxième étage de la SGMB l’éclectisme est donc au rendez-vous. Au titre des adeptes de l’abstraction, Malika Agueznay demeure fidèle à ses algues marines et à ses couleurs pastel. Une fresque de 1985 représentant la Marche Verte illustre parfaitement le style de cette lauréate de l’Ecole des beaux-Arts de Casablanca qui fait partie des rares artistes à maîtriser l’art de la gravure. Elle possède un atelier à Casablanca où elle développe sans cesse sa technique.
Plus jeune, Asmaa Lahkim Bennani n’hésite pas à intégrer des éléments de la lithographie dans son oeuvre. Elle présente, en acrylique sur toile, des empreintes d’un paquet de cigarettes. Avec cette technique, elle annonce la couleur. Cette diplômée de l’Ecole supérieure des beaux-arts de Paris, s’est spécialisée dans la gravure, la lithographie et la sérigraphie. Sa passion pour la gravure la pousse à créer un atelier d’estampes traditionnelles où de nombreux peintres viennent réaliser des lithographies.
Pour leur part, les lauréats de l’Ecole des beaux-arts de Tétouan se sont plongés dans l’univers des œuvres in situ. Des œuvres à caractère éphémère, qui ne sont que le produit du regard instantané. Batoul S’himi, Safaa Erruas, Jamila Lamrani s’illustrent particulièrement dans ce genre. Toutes les trois appartiennent à une génération qui a fait de ce style une raison d’être.
Safaa n’abandonne pas ses aiguilles et ses pansements. Batoul, elle, explore l’univers du textile et donne à son travail une portée fortement symbolique voire philosophique. Ses pièces de la collection «Absences» prennent la forme de vêtements accrochés à l’aide de fils de  soie.
Jamila Lamrani aime également toutes les formes de tissus : la laine et la soie sont présentes dans toutes ses œuvres. L’univers du tissage traditionnel la hante et elle n’hésite pas à user de ses techniques.
Autre coup de cœur de cette exposition : l’œuvre intrigante, mais néanmoins  fortement esthétique de Khadija Kabbaj. Après son séjour en résidence d’artistes a la Cité internationale des arts de Paris en 2004, cette designer explore dans une démarche originale une installation composée de poupées. Celles-ci sont tantôt naturelles, tantôt momifiées. Elle intitule son œuvre «Parce que les fleurs sont périssables», un clin d’œil à Jacques Brel.
Les amateurs de sensations artistiques nouvelles et fortes sont donc les bienvenus à l’exposition «Regarts de femmes». Sexistes s’abstenir…

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