Culture

Rencontre : Karima Skalli, une voix qui a la cote

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Karima Skalli a la cote auprès du public, mais aussi auprès  des artisans de l’événementiel. Dernière preuve en date de cette popularité, sa participation distinguée au 41ème Festival de Carthage. Pas plus tard que le 5 du mois courant, une soirée spéciale lui a été consacrée au Palais « El Abdellia », situé à proximité du célèbre site romain. Ce brillant passage du côté de Carthage n’est pas passé inaperçu, Karima Skalli est invitée à donner un concert le 16 octobre prochain au Festival « L’mdina » en Tunisie, aux côtés de Lotfi Bouchnaq avec lequel elle a récemment enregistré un album intitulé « Al wasla ».
Ce concert sera l’occasion de présenter en avant-première cet album, compilation de plusieurs saveurs : al-mawal, addawr, al-mouachah, al-taqtouka, toutes enregistrées sur la gamme dite «rast». Bien avant, en 2004, elle a eu  le privilège d’interpréter sept chansons à l’Opéra du Caire, lors d’un spécial « Rencontres musicales » : Oum Keltoum, Leyla Mourad et Smahan y ont été divinement interprétées.
Ce passage à la prestigieuse Opéra du Caire n’était pas le premier en son genre, Karima Skalli y était invitée lors de plusieurs rencontres organisées en hommage à Smahan, respectivement en 1999 et 2003. Et ce n’est pas tout… Précédée de sa réputation, l’artiste a réussi à imprimer le 20 juillet 2002 une profonde marque en Finlande, lors du Festival de la musique de chambre de Kumho. Acquise à la cause humanitaire, l’artiste a fait en 2005 un détour du côté de Sarayevo, pour donner un concert en marge d’une con-férence internationale placée sous le thème « Education à la paix». La liste, bien entendu, n’est pas exhaustive, mais abrégeons. Question : d’où Karima Skalli a tiré sa célébrité ?
Née à Casablanca, dans le quartier Bourgogne, K. Skalli a été élevée dans une famille mélomane. Son père, enseignant de son état, lui inculque l’amour du verbe (poésie) et du tarab (al-ala). « Le chant est né avec moi, à chaque matin, j’étais réveillée sur le son de la musique andalouse », se souvient-elle avec affection. Très jeune, elle flirta également avec les sommités de la chanson arabe : Oum Keltoum, Smahan, Souad Mohamed, Sayed Darwich, Mohamed Abdelouhab, Farid Al Atrach… En ce qui concerne la chanson marocaine, l’artiste dit avoir toujours eu un faible pour les chansons d’Abdelouhab Doukkali (Ya l’ghadi f’tomobil, Abdelhadi Belkhayat (Sennara, Al-qamar al-ahmar), Samira Bensaïd (Fayt li cheftek)… Cerise sur le gâteau, Karima Skalli dit avoir été subjuguée par la musique Aïta. « J’adore ce mode musical traditionnel, j’apprécie en lui ce défoulement de voix, cette liberté de chant, son rythme et son mouvement », se réjouit-elle.
Sur le point de savoir s’il lui est jamais arrivé de chanter l’aïta, elle répond qu’elle l’a fait, sauf que c’était à huis clos. Parmi les grandes dames de l’aïta qu’elle apprécie, Karima Skalli porte son dévolu sur la doyenne de ce genre musical, en l’occurrence la regrettée Fatna Bent L’houcine.
A la question de savoir si elle a appris aussi la musique, elle répond qu’elle a fait le conservatoire où elle aurait appris ses premières notions de piano.
Ce cursus, si bref soit-il, lui a appris à caresser le clavier plutôt qu’à le frapper. Pour elle, la formation à la musique était d’autant plus nécessaire qu’elle lui a permis de mieux communiquer avec les instrumentistes de son orchestre.
C’est à partir de là d’ailleurs que l’artiste a envisagé de passer au registre professionnel.
En effectuant un passage sur les deux chaînes de télévision nationale (TVM et 2M), en 1998, K. Skalli aura franchi son premier pas vers… la gloire. Lors de ce passage, elle a interprété une reprise de Smahan, « Rijiâti lak », mais aussi et surtout sa première propre chanson « Dilal» (Ombres), écrite par Abderrafia Jawahiri et composée par le luthiste Saïd Chraïbi. Après avoir réussi à installer une tête à la télé, K. Skalli parviendra à conquérir les scènes.
En 1999, elle mettra le cap sur la Tunisie, elle était invitée à faire l’ouverture du Festival « La Goulette » avec le maestro irakien du luth, Nasser Chamma. Par la suite, elle multipliera les enregistrements. Au total, six chansons : « Dilal », « Khabii shems » (Il faut cacher le soleil), «Tofolat al-hajar » (Les enfants de la pierre), « Aghar » (je suis jalouse), « Nidaô assir » (L’appel d’un homme en état de siège, enregistrée en hommage au  regretté président palestinien Yasser Arafat), sans oublier tout un répertoire de chants soufis, écrits par de grands maîtres mystiques tels que Mohamed Al Haraq, Dhinoun Al-masri, Ibn Arabi, Aïcha Al-Baounia… Ces chants ont été composés par le virtuose Saïd Chraïbi.
Ce parcours, jalonné de plusieurs exploits, aurait pu porter K. Skalli à dormir sur ses lauriers. Mais, preuve de son humilité, l’artiste souligne que beaucoup reste à faire pour hisser la chanson marocaine au plus haut rang.

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